9 juin 2019 - Solennité de la Pentecôte — Diocèse de Tulle

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9 juin 2019 - Solennité de la Pentecôte

Confirmation d’adultes - Cathédrale de Tulle

         Frères et sœurs,

         Le récit du livre des Actes des Apôtres nous dit qu’entre la Résurrection de Jésus et la Pentecôte 50 jours se sont écoulés. Pour vous, chers confirmands de ce jour, le temps qui s’est écoulé entre le jour où vous avez été plongés dans la mort et la résurrection du Christ par votre baptême et le jour où vous allez recevoir la plénitude de l’Esprit-Saint par le sacrement de la Confirmation, ce temps ne se compte pas en dizaines de jours, mais en dizaines d’années. Que s’est-il passé pour vous pendant ces années ? Chacun d’entre vous m’en a parlé dans la lettre qu’il m’a envoyée pour demander à recevoir la Confirmation. D’une certaine manière, je peux dire que chacune et chacun d’entre vous a connu quelque chose de ce que les disciples ont pu vivre entre la Résurrection et la Pentecôte. Le Ressuscité de Pâques n’était pas absent de vos vies, mais vous étiez la plupart du temps incapables de discerner et de reconnaître sa présence dans vos vies. Dans votre enfance, vous aviez suivi le catéchisme, vous aviez fait la première communion, mais faute d’un soutien familial ou pour d’autres raisons, vous vous étiez éloignés de la Communauté chrétienne, passant par diverses formes d’isolement, d’inquiétude, par des épreuves morales, pour certains dans des errances, par des chemins qu’on emprunte au fur et à mesure des circonstances de la vie et dont on s’aperçoit un jour qu’ils sont des impasses. Bref, comme les premiers disciples de Jésus, entre Pâques et Pentecôte, vous avez cherché votre chemin, mais vous n’avez pas toujours trouvé…

         Mais voilà aussi qu’au long de ces années, depuis votre enfance jusqu’à aujourd’hui, des évènements se sont produits, des rencontres ont eu lieu, inattendues le plus souvent, qui ont permis que Dieu se révèle à vous, que vous reconnaissiez la présence du Ressuscité marchant avec vous, comme pour les disciples d’Emmaüs, se manifestant dans sa Parole et dans l’Eucharistie. Vous avez fait l’expérience fondamentale que Dieu n’est pas présent à nos vies parce qu’on croirait en lui ou parce qu’on chercherait à s’en persuader à tout prix, mais que c’est plutôt l’inverse : c’est parce qu’il est présent à nos vies, qu’on peut vraiment avoir foi en lui, espérer en lui, aimer avec lui et comme lui.

         Comme vous, chers confirmands, nous tous qui sommes ici, nous découvrons de manière très concrète, empirique et souvent imprévisible, que dans ce qui fait notre existence quotidienne, dans ce qui nous occupe ou nous préoccupe, dans ce qui nous réjouit ou nous inquiète, dans nos bonheurs ou nos malheurs, dans les souffrances comme dans les joies, il y a quelqu’un qui est là, qui marche avec nous, qui nous accompagne et veille sur nous. Cette présence du Seigneur n’est pas vraiment perceptible de manière sensible et encore moins visible ; mais d’une manière bien mystérieuse et inattendue, il se dévoile à nous, il ouvre les yeux de notre âme lorsque nous voulons bien nous rendre attentifs à ce qui fait l’essentiel de notre vie humaine. Le Christ ressuscité vient toucher nos cœurs là où ils sont blessés, là où le doute s’est introduit, là où la culpabilité nous paralyse. Dieu manifeste aussi sa présence à travers différents évènements de l’existence, comme, par exemple, celui d’une préparation au mariage ou de la préparation du baptême d’un enfant ou encore d’une maladie, d’un deuil, etc.

         Frères et sœurs, la fête de Pentecôte vient réaliser pour nous ce que Jésus avait annoncé comme étant le but de sa mission sur la terre. En montant à Jérusalem pour la Pâques, il avait déclaré à ses disciples : « je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (Lc 12, 9). Ces paroles ont trouvé leur réalisation la plus claire cinquante jours après la Résurrection, lors de la fête juive de Pentecôte. Dans l’Eglise, cette fête est devenue par excellence la fête de l’Esprit-Saint. Le feu véritable, l’Esprit-Saint, a été apporté sur la terre par le Fils de Dieu. Le don de l’Esprit Saint est la conséquence du plus grand acte d’amour de l’histoire humaine, celui du don de sa vie sur la croix.

         Depuis cette première Pentecôte où les Apôtres furent remplis de l’Esprit-Saint, Dieu continue de donner ce « feu » ; il le donne comme il veut, où il veut et quand il veut. Mais, de manière ordinaire, il le donne dans le nouveau Cénacle de l’Eglise, son Corps mystique, née de son côté ouvert sur la Croix, née de la première effusion de l’Esprit sur les Apôtres le jour de Pentecôte. Il ne vous a pas échappé que l’Esprit-Saint est venu sur les disciples, alors que tous, au Cénacle, « étaient d’un même cœur assidus à la prière » (Ac 1, 14). Cela vaut pour nous, aujourd’hui, qui sommes ici réunis. Si nous voulons que la Pentecôte ne soit pas pour nous un simple rite commémoratif, mais qu’elle soit un événement actuel de salut, nous devons nous tenir en prière, par l’écoute humble et silencieuse de la Parole de Dieu. Le pape Benoît XVI avait dit ceci, dans une homélie de Pentecôte : « pour que Pentecôte se renouvelle à notre  époque, il faut peut-être – sans rien ôter de la liberté de Dieu – que l’Eglise soit moins ‘essoufflée’ par les activités et davantage consacrée à la prière ». N’est-ce pas ce que nous enseigne, la Mère de l’Eglise, la Sainte Vierge Marie, elle qui, à l’Annonciation, accueillit en son sein le don de l’Esprit, le Verbe de Dieu ; elle qui, le jour de Pentecôte, se tenait en prière au Cénacle avec les Apôtres ?

         Je voudrais encore souligner un autre aspect tiré du récit des Actes des Apôtres : l’Esprit-Saint rend capable de vaincre toute peur. Après la mort de Jésus, les disciples s’étaient enfermés au Cénacle par peur de subir le même sort que leur Maître. A Pentecôte, voilà que l’Esprit-Saint vient reposer sur eux, et ils sortent sans peur et commencent à annoncer la Bonne Nouvelle du Christ crucifié et ressuscité. Ils n’avaient plus peur, parce qu’ils se sentaient entre les mains d’un plus fort ! Aujourd’hui encore l’Esprit de Dieu, frères et sœurs, chasse nos peurs, il nous fait sentir que, quoi qu’il arrive, nous sommes entre les mains de la Toute Puissance d’amour de Dieu. C’est ce que montre le témoignage des martyrs, le courage des confesseurs de la foi, l’élan intrépide des missionnaires, la franchise des prédicateurs, l’exemple de tous les saints, à travers les siècles. En fin de compte, c’est aussi ce que révèle l’existence même de l’Eglise, l’Epouse du Christ, qui, malgré les limites, les fautes et les péchés de ses membres, va, comme une barque, son chemin à travers les flots agités de l’histoire, poussée par le souffle de Dieu et animée par son feu purificateur.

         Chers confirmands, je m’adresse encore à vous, pour vous dire que nous comptons sur vous alors que vous abordez une nouvelle étape de votre vie chrétienne : par le don de l’Esprit Saint, vous devenez vous-mêmes, aujourd’hui, des signes vivants de Dieu pour d’autres personnes. Tout près de vous, dans votre famille, votre entourage, se trouvent des personnes qui cherchent, qui doutent, qui s’interrogent et qui, mystérieusement, attendent de vous une sorte de signe que Dieu agit, surtout dans une société qui se passe de Dieu, qui l’ignore et se résigne à ne plus avoir de cap et d’horizon.

         En marquant vos fronts du saint-chrême, signe de l’onction de l’Esprit, je vous charge d’une mission : laissez désormais transparaître en vous la Source qui anime votre vie, la Source de l’Esprit Saint qui fait de vous des disciples-missionnaires ! La Confirmation est le sacrement des témoins. L’Esprit-Saint fait de vous les témoins du Crucifié-Ressuscité pour dire au monde l’Evangile du Salut, l’Evangile de la Joie pascale ! Amen.

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