3 mai 2019 - Fête des saints Apôtres Philippe et Jacques — Diocèse de Tulle

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3 mai 2019 - Fête des saints Apôtres Philippe et Jacques

Pèlerinage des Pères de Famille - L’Hôpital Saint-Jean

 

         Frères,

 

         L’Evangile de ce jour a été choisi parce qu’il y est question de l’Apôtre Philippe et que c’est aujourd’hui sa fête. Cependant cette page d’évangile commence par une parole de Jésus adressée à un autre apôtre, Thomas. En fait, Jésus répond à une question de Thomas qui figure juste avant dans l’évangile selon saint Jean. Jésus a promis aux disciples qu’ils le rejoindront un jour, là où il doit s’en aller, et que pour cela, ils connaissent le chemin… Mais Thomas s’étonne de cette parole du Maître : « Voyons, Jésus, nous ne savons même pas où tu vas… et tu voudrais que nous connaissions le chemin pour y aller… ! ». Reconnaissons que Thomas fait preuve d’esprit logique. On l’admire car il pose les questions que nous aussi nous aurions sûrement posées à Jésus. Mais on l’admire surtout parce que sa remarque nous a permis d’obtenir une réponse sublime de Jésus, celle qui ouvre la page d’évangile de ce jour : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi ».

         Non seulement nous apprenons notre destinée future – nous allons vers le Père – mais nous savons aussi quel chemin il faut prendre pour y aller. Ce chemin, c’est Jésus lui-même.

         Thomas voulait savoir où allait Jésus pour s’enquérir ensuite du chemin. C’est logique. Mais Jésus inverse la perspective : il faut d’abord emprunter le chemin et ensuite se révèlera clairement le lieu où il nous attend et nous accueillera. Le chemin, c’est Lui ! Le chemin du chrétien, ce n’est pas une sagesse, ce ne sont pas des idées ou des principes, ni même des méthodes… Le chemin, c’est Jésus-Christ ! Si Jésus est notre ami, s’il est notre compagnon de route, si nous ne lui lâchons pas la main, alors nous sommes sûrs d’être sur le chemin qui mène à la vie éternelle, qui mène au Père ;  nous sommes sûrs d’être dans la vérité.

         Il y a des adultes qui veulent enseigner aux enfants et aux jeunes des « valeurs ». C’est très louable ; qui le leur reprocherait ? Mais les valeurs ne répondent pas au désir ultime de l’homme. Je vous pose la question : avez-vous déjà vu une valeur qui a sauvé quelqu’un ? Moi, je n’en ai jamais vu. Jésus, lui, a donné sa vie pour nous sauver. Encore aujourd’hui, il y a des personnes qui donnent leur vie pour ‘sauver’ d’autres personnes. C’est rare, mais ça arrive. Cependant, nous savons bien qu’il s’agit davantage d’un sauvetage que du salut, car ces personnes finiront quand même pas mourir un jour. Jésus, lui, a donné sa vie et, parce qu’il est le Fils de Dieu, son sacrifice a été d’un prix sans égal ; et c’est pour cela qu’il a été ressuscité par Dieu son Père et que sa mort et sa résurrection nous ont ouvert à nous aussi les portes de la vie éternelle ; il est le premier-né d’entre les morts pour que l’humanité entière puisse espérer vivre de sa Vie.

         Mes amis, peut-être certains d’entre vous sont comme Thomas : ils aimeraient bien voir déjà le but de la route. Un peu comme l’autre Apôtre, Philippe, qui demande : « Montre-nous le Père ». Mais Jésus nous dit qu’il est « le chemin ». C’est tout de même mieux ! Imaginez que je vous montre un lieu merveilleux à l’autre bout du monde, mais que vous n’ayez absolument aucun chemin, aucune route pour vous y rendre… Ca ne servirait à rien que je vous montre ce lieu. Eh bien avec Jésus, nous avons, à la fois, le moyen et le but : « Je suis le chemin » et « celui qui me voit, celui-là voit le Père ». Autrement dit : « qui a Jésus a tout » ! Si nous adhérons vraiment à Jésus, si nous croyons en lui, si nous espérons en Lui, s’il est notre ami, alors, nous pouvons goûter déjà aux joies de la Maison du Père, puisque le Père et Lui ne font qu’un.

         Chers amis, ne nous étonnons pas, comme Thomas, de ne pas connaître le bout du chemin. Avançons simplement, un pas devant l’autre, jour après jour. Comme le disait le cardinal Newman : « je ne demande pas à voir l’horizon lointain ; un seul pas me suffit ». Avançons sans peur, avec la force de l’Evangile du Crucifié-Ressuscité, cet Evangile, dont saint Paul nous dit que nous l’avons reçu et que, par lui, nous tenons bon, parce que, par lui, nous serons sauvés.

         Ne craignons pas de nous adresser à notre Père du ciel, en formulant des prières, au nom de Jésus, car tout ce que nous demanderons, en son nom, il le fera : « Quand vous demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai ». C’est sa promesse. Il a même dit à ses Apôtres : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais ». Ces paroles peuvent nous paraître assez mystérieuses. Et pourtant, ce ne sont pas des paroles en l’air ! Les œuvres de Jésus ne sont rien d’autres que l’œuvre de Dieu. Si nous croyons en Jésus, nous faisons l’œuvre de Dieu, c’est-à-dire que, comme Jésus et avec Jésus, par Jésus, nous sommes associés à l’œuvre divine du salut, nous devenons des coopérateurs de Dieu, en Jésus, pour notre propre salut et pour le salut du monde. Nous sommes associés au mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus pour parvenir à la contemplation de sa gloire. Et s’il y a un lieu, où se mystère se réalise déjà, sans aucun mérite de notre part, c’est bien celui de l’eucharistie. La messe, c’est déjà le ciel sur la terre. La messe, c’est le viatique pour la route et c’est déjà, en espérance, le but de la route. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Amen.

 

                                               + Francis Bestion

                                                  Evêque de Tulle

        

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