8 décembre 2019 - Inauguration du presbytère restauré — Diocèse de Tulle

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8 décembre 2019 - Inauguration du presbytère restauré

2ème dimanche de l’Avent – Année A - Beaulieu-sur-Dordogne

Frères et sœurs,

 

Les paroles du prophète Isaïe que nous avons entendu dans la première lecture ne peuvent pas nous laisser indifférents. Comment ne pas être touché par la promesse de l’Avènement d’un Messie, « Rameau sorti de la souche de Jessé », qui doit établir parmi les hommes les signes d’un monde nouveau : « le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble (…) le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage (…) le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ». C’est la promesse d’un monde nouveau duquel la violence aura été supprimée au profit d’un monde de justice et de paix, dont ce Messie sera le Prince.

Alors que, jour après jour, nous sommes inondés de nouvelles du monde où il n’est question que de violence, de guerre, de persécutions, ces paroles du prophètes Isaïe peuvent nous paraître bien utopiques, irréelles, relevant davantage de l’imagination que d’une pensée rationnelle… Comment comprendre que Jean-Baptiste ait proclamé que « le Royaume des Cieux est tout proche », en annonçant le Messie ? Comment nous-mêmes allons-nous célébrer dans la nuit du 24 au 25 décembre la Nativité de Jésus comme l’avènement du Messie ? Comment est-il possible que ni son incarnation, ni sa vie, ni sa mort, ni sa résurrection n’aient suffi à changer le monde selon les prophéties du livre d’Isaïe ? Dieu aurait-il manqué à sa promesse ? Faudrait-il conclure que la venue du Christ n’était pas l’avènement du Royaume des Cieux en ce monde ? Notre foi est confrontée à cette question, de générations en générations. La paix n’est pas encore arrivée, les hommes n’ont pas cessé de se dresser les uns contre les autres et l’esprit de domination continue d’habiter les cœurs. Comment entrevoir un chemin ? Aujourd’hui, 2ème dimanche de l’Avent, la liturgie nous invite à écouter l’appel de Jean-Baptiste à la conversion.

Bien sûr que le Christ est venu sur la terre, le Fils de Dieu s’est incarné en ce monde ; bien sûr qu’il a fait des signes et des miracles qui nous sont rapportés dans les évangiles ; bien sûr qu’il a enseigné avec sagesse et autorité ; bien sûr qu’il est mort et ressuscité pour notre salut ! Mais cela ne suffisait pas ; cela ne suffit pas, dans le sens qu’il n’y a rien de magique dans ces évènements, rien qui ne puisse transformer le monde sans que les hommes eux-mêmes soient appelés à changer. Jésus ne va pas établir son Royaume contre l’humanité, mais avec elle. Et, c’est pour cela qu’avant même qu’il ne prenne naissance, qu’il débute sa mission publique, Jean le Baptiste a prêché la conversion. Le désir de justice et de paix, le désir d’un monde nouveau habitent vraiment le cœur des hommes. C’est cela qui pousse « les foules de Jérusalem, de la Judée, de toute la région du Jourdain » à venir écouter le message de Jean-Baptiste et à recevoir son baptême de pénitence. Mais l’Evangile nous met en garde : il ne suffit pas de poser les gestes d’une vie nouvelle, de prendre les postures de la conversion ; encore faut-il que les cœurs, les âmes se convertissent, changent vraiment de vie. Voilà pourquoi Jean interpelle fortement les pharisiens et les sadducéens, parce qu’il perçoit chez eux un double langage : ils viennent pour recevoir le pardon des péchés, mais ils ne changent rien à leur vie. Ils ne produisent pas un fruit qui exprime leur conversion.

Frères et sœurs, c’est ce fruit de la conversion que les disciples de Jésus sont invités à produire, de génération en génération. Il ne suffit pas d’être chrétien de tradition. Et cela, nous le voyons vraiment, car aujourd’hui il y a une véritable rupture dans la transmission. On ne naît pas chrétien, on le devient. C’est ce fruit de la conversion qui donne les premiers signes de l’avènement du Royaume des Cieux en notre monde. Quels peuvent être ces signes de la conversion ? Ils nous sont suggérés par saint Paul, dans son épître aux romains, lorsqu’il les exhorte ainsi : « accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu » ; et encore, « d’un même cœur, d’une même voix vous rendrez gloire à Dieu ». En effet, c’est bien le Dieu de la persévérance et du courage qui nous donne d’être d’accord entre nous selon l’Esprit de Dieu. Voilà deux préceptes de comportement très simples qui doivent constituer la norme habituelle des relations dans une communauté chrétienne. Comment serions-nous capables de nous tourner vers Dieu d’un cœur unanime si nous ne pouvons pas être d’accord entre nous ? Comment pourrions-nous espérer que Dieu nous accueille en sa miséricorde si nous ne sommes pas capables de nous accueillir les uns les autres dans nos différences, les situations d’antagonisme et dans nos faiblesses ?

 

Frères et sœurs, le premier fruit de la conversion du cœur, c’est bel et bien ce changement dans la manière de nous comporter envers nos frères, c’est cette capacité de nous rendre fragiles devant la fragilité des autres, de nous ouvrir à eux et de nous rendre capables d’entrer dans une véritable communion. Si l’amour de Dieu anime nos âmes, si nous sommes fortifiés par sa Parole qui nous instruit « pour que nous possédions l’espérance », comme dit saint Paul, alors la communion que nous créerons entre nous, sera un signe pour la société qui nous entoure, pour ceux qui nous voient. Et cette communion pourra aussi devenir une espérance, l’espérance que les relations humaines peuvent ne pas être dominées par la recherche narcissique de ce qui me fait plaisir, par le désir permanent d’exercer un pouvoir sur les autres, par la convoitise de posséder le bien des autres. Bref, l’espérance que la force de l’amour ne soit pas dominée par toutes sortes de désirs égoïstes.

Frères et sœurs, dans ces quelques jours qui nous préparent à accueillir le Christ dans la célébration de sa Nativité, travaillons à produire un fruit de conversion dans notre manière de vivre entre nous et avec tous les autres, afin de donner au monde le signe que le Royaume des Cieux s’est fait proche de nous.

 

+ Francis BESTION

 

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