28 avril 2019 - 2ème dimanche de Pâques – C Vigile pascale — Diocèse de Tulle

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28 avril 2019 - 2ème dimanche de Pâques – C Vigile pascale

Cathédrale de Tulle

 

         Frères et sœurs, au cœur du Triduum pascal, il y a la journée du samedi saint qui s’achève avec le commencement de la Vigile pascale. Cette journée passe souvent inaperçue, surtout pour ceux qui travaillent, ceux qui voyagent et qui sont pris dans les encombrements des routes, des gares ou des aéroports. Entre le vendredi saint où l’Eglise célèbre la Passion et la mort de Jésus et la Vigile pascale où elle célèbre déjà sa résurrection, le samedi saint pourrait n’être qu’une parenthèse. Ce jour-là, il n’y a pas de célébration eucharistique, aucune célébration liturgique, pas même la communion eucharistique, sauf en viatique pour les mourants. C’est une journée de silence. Le grand silence pour passer des Lamentations du Vendredi saint aux alléluias de Pâque ! Jésus vraiment mort est au tombeau. Avec la Vierge Marie, la Femme du Samedi saint, l’Eglise attend, dans la tristesse, mais en même temps illuminée déjà d’une joie mystérieuse, car le tombeau ne reçoit pas le Christ pour le garder.

         Dans le credo, nous disons de Jésus mort, qu’ « il est descendu aux enfers ». Les enfers, dans la mentalité hébraïque ou grecque de l’époque, c’est le lieu du séjour des morts. Dire que Jésus y est descendu, c’est une manière de dire qu’il est allé au plus profond de la misère humaine, qu’il y a apporté sa présence et donc celle du Père et de l’Esprit-Saint, qu’il a apporté la Bonne Nouvelle du salut aux prisonniers de la mort, à commencer par Adam et Eve. Il a porté la vie au cœur de la mort, d’où il va ressusciter à la vie nouvelle de Dieu. La vie de la Résurrection va éclater du sein même de la mort. L’amour du Père, l’amour du Fils fait jaillir la vie nouvelle, la vie qui ne connaît plus la mort. La résurrection est la mort transfigurée en vie par la puissance de l’amour miséricordieux du Père.

         Nous voilà maintenant, au terme de ce samedi saint, dans la Vigile pascale, la mère de toutes les saintes veillées, parce que c’est au cours de cette nuit que Jésus a été relevé du tombeau, qu’il est ressuscité d’entre les morts ! Dans une autre nuit, celle de Bethléem, le Verbe de Dieu était sorti du sein de la Vierge, était né parmi les hommes. Dans la nuit de Jérusalem, la nuit pascale, le Fils de Dieu sort vivant du tombeau.

         Frères et sœurs, croyons-nous que le Christ est vraiment ressuscité ? Fêter Pâques, c’est refaire nôtre la foi des apôtres, des premières communautés chrétiennes, des martyrs et de tous les saints, de la Tradition ininterrompue de l’Eglise. C’est faire nôtre cette foi en ravivant notre baptême où nous sommes morts et ressuscités avec le Christ, en communiant à l’Eucharistie où se rend présent le Christ ressuscité jusqu’à ce qu’il vienne dans la gloire, en nous laissant convertir par l’Esprit du Christ Ressuscité dans notre vie la plus simple comme la plus engagée. Les cinq catéchumènes adultes qui vont dans quelques instants recevoir le baptême et la confirmation et qui ensuite communieront au Corps et au Sang du Christ, sont le témoignage vivant que l’Esprit du ressuscité ne cesse jamais d’agir dans le monde et qu’il suscite la foi en la résurrection du Christ, l’Espérance en la vie éternelle. Ces catéchumènes sont un peu comme les saintes femmes ou les apôtres du matin de Pâques qui ont cru et ont annoncé la Bonne Nouvelle, même s’il y a eu l’expérience du doute, de l’étonnement devant le tombeau vide.

         Célébrer Pâques, c’est célébrer le Père qui, en ressuscitant Jésus, a montré tout son amour pour son Fils unique. C’est donc célébrer Dieu qui aime d’une manière unique tout être humain créé avant la création du monde en Jésus, le Verbe éternel et appelé à devenir en lui son fils. Parce que Dieu prend au sérieux chaque être humain avec sa liberté et sa responsabilité, une unique vie lui est donnée pour répondre à sa vocation qui est unique. Chaque homme est appelé à entrer, au moment de sa mort, dans la vie éternelle ; chaque homme est appelé, dans le Christ ressuscité, à ressusciter avec tout son être, spirituel et corporel.

         En un temps où le corps humain est à la fois idolâtré et méprisé, où l’on fait tout pour le soigner, l’entretenir, l’empêcher de vieillir et où, en même temps, on le tue si facilement avant même la naissance, où certains le gavent tandis que d’autres meurent de faim, où les pratiques eugéniques et euthanasiques se répandent dans plusieurs pays, où des savants fous rêvent d’un transhumanisme, dans ce temps qui est le nôtre, la résurrection de Jésus manifeste envers et contre tout que l’homme tout entier est un être unique dont on n’a pas le droit de faire ce qu’on veut. La résurrection dit le sens ultime de la vie humaine. Elle empêche notre société de devenir une société sans âme et sans espérance. En célébrant la fête de Pâques, nous témoignons, aux yeux du monde, que chaque personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, dans la totalité de son être, corps, âme et esprit, a une dignité inviolable, parce que créée à l’image de Dieu et appelée à ressusciter avec le Christ.

         Notre vie humaine, y compris celle de l’esprit, va, au moins dans ce qui apparaît d’elle, en se dégradant et en s’affaiblissant, à mesure que nous vieillissons. Cependant, notre foi nous permet d’accueillir au sein de cette vie fragile et vouée à la mort, la Vie du ressuscité, qui, elle, peut aller en se développant, en se fortifiant, en s’embellissant. Grâce à elle, des hommes et des femmes n’ayant apparemment plus d’efficacité et de productivité peuvent être d’une fécondité spirituelle dépassant celle des plus brillants acteurs de la société. Qui peut dire la beauté spirituelle et le témoignage évangélique d’un bébé baptisé, d’une personne handicapée, d’un malade, d’un vieillard ? La résurrection du Christ introduit dans l’humanité une sorte d’énergie spirituelle rendant certains capables de semer de la vie, de la lumière, de l’amour, de la beauté au sein des pires situations humaines. Certes la plénitude de puissance de la Résurrection de Jésus n’est pas encore manifestée tant que nous sommes ici-bas, mais elle fait réellement de nous des fils et des filles de Dieu dans le Fils de Dieu ressuscité, des fils et des filles habitées par la vie du Ressuscité.

         Les catéchumènes, cette nuit, manifestent que Jésus ressuscité est avec nous par ces simples choses que sont l’eau du baptême, l’huile parfumée de la confirmation, un petit morceau de pain et quelques gouttes de vin de l’Eucharistie. Plus largement, dans les autres sacrements, nous réalisons que Jésus ressuscité est avec nous, dans les paroles de pardon du prêtre, dans l’onction d’huile du sacrement des malades, dans le « oui » que se disent dans la foi les époux, dans le ministère des évêques, des prêtres et des diacres, et, ne l’oublions pas, dans le visage de nos frères et sœurs, et surtout de ceux qui sont défigurés.

         Seigneur Jésus, ressuscité, je crois en toi, mais augmente ma foi ! Oui, tu es vraiment ressuscité ! Nous te louons et te glorifions avec toute l’Eglise de la terre et du ciel ! Avec Marie que tu nous as donnée pour Mère ! En toi sont notre joie et notre espérance !

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