Vendredi 14 juin 2019 - Messe des Prêtres jubilaires — Diocèse de Tulle

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Vendredi 14 juin 2019 - Messe des Prêtres jubilaires

Maison St Joseph – Brive - (1ère lecture Th 2, 2b-8 ; Psaume 26 ; Evangile Jn 15, 9-17)

 

         Chers frères,

         La célébration des jubilés d’ordination est l’occasion d’une rencontre fraternelle entre nous, d’une temps gratuit que nous consacrons les uns avec les autres et les uns pour les autres, que nous soyons retirés ou en activité (vicaires, curés ou prêtres auxiliaires). Le jubilé rappelle notre état de vie commun :  nous sommes prêtres et nous voulons rendre grâce au Seigneur, spécialement avec et pour ceux qui célèbrent leur jubilé, mais aussi pour nous tous et le presbyterium que nous formons.

         Célébrer le jubilé d’ordination ne nous tourne pas d’abord vers nous-mêmes. Ce n’est pas une auto-célébration. Comme pour toute célébration liturgique, c’est vers le Seigneur que nous sommes tournés, dans l’action de grâces, la louange, la bénédiction, parce que nous reconnaissons que notre ordination sacerdotale a été un signe éclatant de la miséricorde de Dieu envers nous, chacun d’entre nous, et pour notre Eglise diocésaine, pour tout le Peuple de Dieu.

         L’Appel que le Seigneur nous a un jour adressé n’a pas été d’abord une offre d’embauche pour des fonctions nécessaires à l’Eglise… Il a été un signe de miséricorde envers nous. Et, au fur et à mesure que nous avançons en âge, j’ose espérer que nous en avons de plus en plus une vive conscience et que cela nous invite à nous convertir tant qu’il est encore temps pour essayer de mieux correspondre à ce don miséricordieux. Il peut être salutaire que de temps à autre, dans notre prière, en préparant nos confessions, avant de célébrer la messe et dans bien d’autres circonstances de notre ministère, nous éprouvions cette sorte d’effroi qui saisit l’Apôtre Pierre, lorsque dans la barque, il se jeta aux pieds de Jésus et lui dit : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Comme si l’expérience spirituelle que nous faisons d’être né, comme prêtre, de la miséricorde divine ne pouvait finalement que nous rendre « confus » devant tant d’amour de la part de Dieu et tant d’indignité de notre part. Cependant, pas plus que la confusion de Pierre, la notre ne nous plonge dans le découragement ou la paralysie. Au contraire, elle doit renforcer notre attachement à Celui qui ne cesse de nous tendre la main et de nous relever. Nous sommes comme saisis quand nous mesurons l’écart entre ce que nous sommes appelés à vivre et notre faiblesse, voire notre péché. Mais, je le répète, cet écart, nous devons l’éprouver comme un rappel permanent de la réalité que nous vivons dans les sacrements, lorsque nous les donnons à nos frères : nous ne sommes que les instruments de l’action miséricordieuse de Dieu. Notre faiblesse est comme une sorte de garantie que nous ne sommes pas des acteurs indépendants, ni des chefs, jaloux de leurs pouvoirs, qui mettraient en avant leurs fonctions et leurs titres, mais que nous sommes des serviteurs, uniquement des serviteurs qui, selon la belle expression du Livre des Actes des Apôtres, « ont été remis à la grâce de Dieu ». Et c’est bien là la raison pour laquelle nous sommes appelés nécessairement à un chemin incessant de conversion pour vivre cette grâce du service, car c’est notre raison d’être comme prêtre.

         Ce n’est pas nous qui avons choisi le Christ, c’est Lui qui nous a choisis et qui nous a ainsi manifesté sa miséricorde. Tel est le cœur de notre sacerdoce. C’est un appel à devenir plus humble et pauvre afin de pouvoir exercer, à notre tour, le ministère de la miséricorde. Le surcroît d’amour dont nous avons bénéficié ne nous a pas été remis pour le confort de notre équilibre personnel ou pour la réalisation de nos capacités. En fait, nous l’avons reçu pour le partager à tous les hommes. Nous n’avons pas été appelés et envoyés pour juger nos frères et encore moins pour les accabler, mais pour leur annoncer un chemin de vie et de salut. Et le premier témoignage de cela, c’est notre propre existence. De notre pauvreté, de notre humble ministère, Dieu fait un signe accessible à tout homme. Nous sommes appelés à tout donner, dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance – ce sont les conseils évangéliques – afin qu’à travers notre vie, tout homme puisse voir que c’est un chemin de bonheur pour tous, même pour les plus faibles.

         Dans notre société où l’on fait des lois à profusion, où beaucoup s’érigent en juge et en procureur, où le soupçon est devenu une manière de regarder autrui, nous avons, comme serviteurs du Christ, à témoigner de sa miséricorde, par l’offrande que nous faisons de notre vie, par le don gratuit de nous-mêmes. C’est aussi sur cela que repose la qualité de vie fraternelle entre nous, particulièrement dans les fraternités presbytérales. Le seul moyen de ne pas céder à la pente naturelle de la recherche de soi et du pouvoir, de l’auto-réalisation, c’est d’offrir sa vie en se laissant configurer, jour après jour, au Christ serviteur, Lui qui a pris la dernière place, celle des esclaves et qui, lors de la sainte Cène, la veille de sa mort,  nous a demandé de l’imiter, en nous lavant les pieds les uns aux autres.

         Seigneur, nous te louons et nous te bénissons pour nos frères jubilaires ! Donne-nous de voir en eux tes propres dons de miséricorde et de fidélité. Amen.

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