24 février 2019 - 7ème dimanche du Temps ordinaire – B — Diocèse de Tulle

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24 février 2019 - 7ème dimanche du Temps ordinaire – B

Paroisse du Lorrain - Martinique

 

         Frères et soeurs, nous aurions beau scruter attentivement tous les livres qui ont été écrits à travers les siècles, en remontant jusqu’aux écrits des plus grands sages de l’Antiquité, avant le christianisme, jamais nous ne trouverions une parole comme celle que l’évangile de ce jour nous fait entendre : « aimez vos ennemis ». Tout au plus pourrait-on écouter des sages philosophes grecs ou latins, recommander la douceur, la bonté, la patience envers tous les hommes, y compris les ennemis, mais sûrement pas au point de commander ou même seulement de recommander de les aimer.

         S’il y a une radicalité de l’Evangile, ce n’est pas dans le sens d’une quelconque forme de violence, mais, au contraire, dans l’amour ; non pas un amour sentimental, un amour de sélection, mais un amour de charité envers tout frère humain, qu’il soit ami ou ennemi.

         Chers amis, Jésus nous aurait-il donné un commandement impraticable ? Aurait-il surestimé les capacités de ses disciples ? Non, sûrement pas. Nous pouvons même constater à la lecture de cette page d’évangile que Jésus est très réaliste – pas du tout dans les nuages ! – puisque s’il nous demande d’aimer nos ennemis c’est qu’il suppose que nous pouvons en avoir ! L’Evangile est tout sauf un roman à l’eau de rose ! Alors, comment est-ce possible d’aimer ses ennemis ? En observant d’abord un commandement plus large que Jésus nous a laissé la veille de sa Passion : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Jésus a-t-il aimé ses disciples parce qu’ils étaient gentils, aimables, dignes d’être aimés ? Nous savons bien que non. Tous ou presque vont l’abandonner lorsqu’il sera arrêté, et le premier d’entre eux, Pierre, va le renier. Ne parlons pas de Judas qui le trahit pour trente pièces d’argent.

         Jésus ne nous aime pas, il n’aime pas l’humanité parce que nous serions aimables. Qui d’entre nous pourrait dire : Dieu m’aime parce que je suis vraiment aimable ? Si Dieu nous aime, si Jésus nous aime, au point de donner sa vie pour nous, c’est parce que nous avons vraiment du prix à ses yeux, alors que nous sommes tous de pauvres pécheurs. L’amour de Dieu est un amour miséricordieux. C’est un amour qui pardonne. Nous ne méritons pas d’être aimés, d’être sauvés par le Christ. Les hommes sont souvent ingrats, et même les disciples de Jésus sont prêts à le renier.

         Si Jésus demande aux disciples que nous sommes d’aimer comme lui nous aime, cela signifie que nous ne devons pas attendre que les autres soient aimables pour les aimer. Il faut les aimer comme ils sont, sans attendre de retour. Si nous aimons les autres parce qu’ils sont nos amis, parce qu’ils nous aiment, alors que faisons-nous de plus que ce que font déjà les païens ?

         Aimer comme Dieu, aimer comme Jésus, c’est être miséricordieux. Dieu ne me demande pas d’éprouver un sentiment d’amitié envers un ennemi, il me demande d’être miséricordieux envers lui, comme Dieu est miséricordieux envers moi. Dieu n’attend pas que je sois aimable pour être miséricordieux avec moi, pour me pardonner mes péchés. Sa miséricorde est gratuite. Comme dit Jésus : « mon père fait tomber la pluie sur les bons et sur les méchants ».

         Bien sûr, il faut reconnaître que c’est difficile d’aimer comme Dieu ! C’est même impossible par nos propres forces. Mais avec sa grâce, avec son Esprit, tout est possible ! C’est possible d’aimer les autres, y compris ceux qui ne nous aiment pas.

         En vérité tout l’enjeu de l’histoire de chacun et chacune d’entre nous, et de l’humanité, c’est de se laisser transformer par l’Esprit de Dieu, pour accomplir notre vocation d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu. Celui qui ne se laisse pas transformer par l’Esprit Saint court le risque de tomber sous l’emprise du mal, du diable, et donc de succomber à la violence. Pensons à Caïn. Dieu l’avait mis en garde : « le mal est tapi à ta porte ! ». En hébreu, le mot « tapi » caractérise les animaux. La violence fait retomber les hommes dans l’animalité. L’histoire, hélas, nous en donne le triste spectacle, l’affligeant spectacle et même l’horrible spectacle !

         L’important, chers amis, c’est d’être en chemin, en route. Si mon coeur est ouvert à l’action de l’Esprit Saint, cet Esprit fera avec moi des merveilles que je ne pouvais même pas soupçonner ! C’est le chemin de la sainteté. Regardez Pierre, regarder Paul ! De grands pécheurs ! Et pourtant Dieu en a fait, par miséricorde, les colonnes de l’Eglise !

         Nous sommes faits d’argiles, comme Adam, mais nous sommes appelés à être du Ciel, grâce au Christ qui est venu du Ciel. Alors, avançons avec courage et persévérance sur le chemin de la miséricorde, du pardon, pour ressembler à Dieu qui nous aime. Amen.

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