10 mars 2019 - Appel décisif des catéchumènes — Diocèse de Tulle

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10 mars 2019 - Appel décisif des catéchumènes

Cathédrale Notre-Dame de Tulle

         Frères et sœurs,

         Mercredi dernier nos fronts ont été marqués par les Cendres et nous sommes entrés dans ce temps de pénitence, c’est-a-dire de conversion, qu’est le Carême. Temps de conversion pour toute l’Eglise. Temps de conversion pour ceux et celles qui vont recevoir les sacrements de l’initiation au cours de la Vigile pascale et qui sont là, aujourd’hui, dans cette cathédrale, l’Eglise-Mère du diocèse, pour l’appel décisif par l’Evêque. Chers catéchumènes, c’est la dernière étape de votre chemin commencé il y a deux ans ; dernière étape pour mieux conformer encore votre vie à l’Evangile de Jésus Christ. Temps de conversion pour toute l’Eglise, temps de conversion pour les catéchumènes, et aussi temps de conversion pour chacun et chacune d’entre nous qui serons invités à renouveler les promesses de notre baptême pendant la nuit de Pâques.

         Ce temps de conversion, ce n’est certes pas le premier pour la plupart d’entre nous, puisqu’il nous est proposé chaque année. Ce n’est pas notre premier carême. Et ce n’est pas parce que nous n’avons pas encore réussi vraiment à devenir des saints que nous devons aborder ces quarante jours de façon désabusée, comme s’il valait mieux renoncer à avancer, à monter, en acceptant de finir notre vie dans la médiocrité.

         La liturgie de ce premier dimanche de Carême nous invite à nous ouvrir à la lumière du Christ par une vie de plus en plus fidèle (Prière d’ouverture de la messe). Les lectures que nous venons d’écouter nous encouragent à persévérer. Dieu n’a pas laissé tomber son peuple qui souffrait de l’esclavage en Egypte : « Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression ; il nous a fait sortir d’Egypte à main forte et à bras étendu ». Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous exhorte : « si, de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé ». Il nous invite à nous appuyer avec force sur la Parole de Dieu : « Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ». La Parole de Dieu, si nous nous convertissons pour vraiment l’entendre et si nous l’entendons pour nous convertir, est vraiment la lumière de nos pas et la lampe pour la route. Ceci est particulièrement visible dans le récit des tentations de Jésus au désert.

         Frères et sœurs, il se peut que nous ayons quelque répugnance à imaginer que Jésus, le Fils de Dieu, ait pu être réellement tenté. La tentation, on s’imagine à tort que l’on sait ce que c’est parce que de temps en temps, on a envie de faire quelque chose qui n’est pas bien moralement et que cela nous coûte parfois beaucoup de ne pas le faire ! En fait, ce genre de « tentation » qui traverse chacune de nos vies est une tentation morale qui ne touche pas vraiment encore au cœur du drame dont le Christ est le principal acteur. Les tentations du Christ ne sont pas de cet ordre-là et nous avons bien raison de penser que ce n’est pas sous cette forme morale que Jésus est tenté. Comme l’atteste les évangiles, les tentations qu’il éprouve se présentent sous la forme d’un affrontement avec le Diable, c’est-à-dire l’esprit du mal, le menteur et le diviseur. Ce choc est l’enjeu, non seulement de la mission du Christ pour laquelle il a reçu l’Esprit Saint – lequel l’a envoyé dans cette épreuve au désert – mais, encore un enjeu pour l’humanité tout entière, car de cette confrontation dépend le sort de l’humanité.

         L’épreuve porte sur l’identité même de Jésus qui a été révélée au baptême : « Tu es mon fils bien-aimé ». La tentation consiste à lui dire : si tu es le Fils de Dieu, alors tu peux ordonner à cette pierre de devenir du pain ; si tu acceptes de te prosterner devant moi, je te donne la possession du monde ; si tu es le Fils de Dieu, jette-toi du haut du Temple.

         Ces tentations du Christ nous renvoie à un élément constitutif de notre vie chrétienne : nous aussi, baptisés dans l’Esprit-Saint, nous sommes devenus enfants de Dieu. Vous, les catéchumènes, vous allez le devenir. Et c’est sur cette qualité d’enfant de Dieu que porte l’épreuve, la grande épreuve à laquelle nous ne pouvons pas non plus échapper et qui, pour nous, est l’épreuve de la foi. L’épreuve de la foi, c’est de nous donner l’impression que nous pouvons vivre en faisant l’impasse sur la présence de Dieu, sur sa parole, sur l’appel qu’il nous adresse. Vivre comme si Dieu n’existait pas. En ce commencement du Carême, une question essentielle nous est posée : de qui est-ce que j’attends le salut ? Est-ce que je suis convaincu, vraiment convaincu que c’est Dieu lui-même, en son Fils, qui sauve l’humanité, qui me sauve ? Est-ce que je suis convaincu que je ne peux pas me substituer ou substituer d’autres choses à la puissance de Dieu pour parvenir au bonheur et à la vie éternelle ?

         Croyons-nous vraiment que Dieu est la source de toute vie, qu’il est le terme de toute existence, qu’il est l’accomplissement de toute vie ? Ou bien mettons-nous nos espoirs dans d’autres choses, qui nous servent de paravents et d’alibis ? « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » ; « jette-toi en bas » pour éprouver la fidélité de Dieu ; « prosterne-toi pour m’adorer ». Trois tentations : profiter de la création, de l’univers pour ma satisfaction, profiter de l’amour de Dieu pour prendre tous les risques de l’existence en comptant sur Dieu pour retenir la mort, et enfin nous prosterner devant les pouvoirs de ce monde pour essayer de nous passer de Dieu.

         En fait, frères et sœurs, l’épreuve de la foi, pour nous, c’est de mener le combat, tout au long de notre vie, que Jésus lui-même a mené. La différence, c’est qu’il l’a mené avant nous et même pour nous et qu’il en est sorti vainqueur pour nous permettre de ne pas succomber. Aux tentations du démon, Jésus a opposé la force de la Parole de Dieu. Il nous montre que le chemin pour parvenir à la liberté passe par ce combat quotidien où nous essayons à identifier ce qui nous détourne de Dieu, et il nous apprend à nous confier en la Parole de Dieu pour garder le cap ou redresser notre existence.

         Prions donc le Seigneur pour que pendant ce Carême, avec la prière, le jeûne et le partage, nous soyons avant tout à l’écoute de la Parole de Dieu pour surmonter l’épreuve de la foi et renouveler notre espérance. Que cette Parole soit comme le fer de lance de notre combat pour la conversion qui nous conduira jusqu’à la nuit de Pâque où nous renouvellerons les promesses de notre baptême et où les catéchumènes seront illuminés dans le Christ, fortifiés par la puissance de l’Esprit et recevront le Corps du Christ pour la vie éternelle. Accompagnons de notre prière et de notre communion fraternelle ceux que, dans quelques instants, je vais appeler de manière décisive à recevoir ces sacrements de la Vie. Amen.

        

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