24 mars 2019 — Diocèse de Tulle

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24 mars 2019

3ème dimanche de Carême – Année C Chapelle des Oblates de l’Assomption

 

         En ce temps de Carême, la liturgie, dimanche après dimanche, rythme notre montée vers Pâques, en éclairant tel ou tel aspect de notre vie chrétienne. Le premier dimanche, en regardant Jésus au désert, tenté par le diable, nous avons été invités à comprendre qu’il n’y a pas de conversion possible sans entrer dans un combat spirituel. Le deuxième dimanche, en regardant Jésus transfiguré, nous avons été invités à tenir nos yeux levés vers l’horizon, vers la Pâques du Christ, vers sa résurrection, dont la Transfiguration était une annonce, une préfiguration, et ceci afin de ne pas perdre courage, de ne pas abandonner le chemin de la conversion.

         Aujourd’hui, 3ème dimanche, le projecteur est braqué sur des évènements survenus à Jérusalem, qui sont rapportés à Jésus et que Jésus commente. Et c’est toujours en vue de notre conversion. Ces évènements, on les appellerait aujourd’hui des « faits divers » ; ils ressemblent à ceux que les medias relatent chaque jour. Ils sont dramatiques, mais ils deviennent banals, tant qu’ils ne nous concernent pas directement. De quoi s’agit-il ? D’une descente de police, ordonnée par le gouverneur Pilate, pour réprimer probablement une insurrection d’un groupe de Galiléens. Un certain nombre d’entre eux ont été massacrés. L’autre événement concerne un accident urbain : l’effondrement d’une tour, à Jérusalem, qui a causé la mort de 18 personnes. Tant que le monde existera, de tels évènements, hélas, se produiront. Chaque jour des hommes et des femmes périssent, victimes de la violence ou bien d’accidents imprévisibles ou encore de catastrophes naturelles – comme celle de ces jours derniers, au Mozambique.

         Au sujet des deux évènements rapportés à Jésus, l’Evangile propose la lecture qui pourrait en être faite par beaucoup de gens. C’est Jésus lui-même qui la met en exergue par les questions qu’il pose et les réponses qu’il donne. « Croyez-vous que les Galiléens étaient des gens plus pécheurs que les autres ? » ; « Pensez-vous que les morts à cause de l’effondrement de la tour de Siloé étaient plus coupables que les autres habitants ? ». Jésus ne fait que révéler ce qu’il y a toujours dans la tête des gens dans de telles circonstances : est-ce que ces victimes étaient si innocentes qu’elles en avaient l’air ? Est-ce qu’il n’y a pas une justice immanente qui punit les coupables ? Les problèmes que j’ai, est-ce que je ne les ai pas cherchés ? Je n’ai pas besoin d’illustrer par des exemples actuels ce genre de pensée affreuse… Vous pouvez faire vous-mêmes le lien avec tels ou tels propos entendus ces jours derniers…

         La réponse de Jésus est sans ambiguïté ! Il n’y a aucun lien de cause à effet entre la souffrance, la mort des victimes et une quelconque conduite mauvaise supposée. Ces Galiléens ou les morts dus à l’effondrement de la tour de Siloé n’étaient pas plus pécheurs que d’autres !

         Mais alors, quelle interprétation peut-on donner de ces évènements ? Ou plutôt, en quoi nous concernent-ils ? On pourrait se contenter de prendre acte de cette sorte de fatalité qui s’abat au quotidien sur des hommes et des femmes de notre monde. On n’y peut rien ! Et c’est vrai qu’on n’y peut rien, la plus part du temps. Cette lecture n’est pas celle que fait Jésus. Il veut faire comprendre à ses auditeurs que les événement qu’ils lui ont rapportés les concernent, non pas pour chercher je ne sais quelle causalité, mais dans le sens d’un avertissement.

         Personne n’est à l’abri des accidents ou des catastrophes, même si certaines populations y sont plus exposées que d’autres. Nous pouvons être choqués, scandalisés même par la mort qui frappe aveuglément. Mais, au-delà de l’émotion, Jésus nous invite à méditer sur ces évènements fortuits non pas parce qu’ils ont quelque chose à nous dire en tant que tels, mais parce que nous pouvons les regarder comme un appel à nous convertir avant qu’il ne soit trop tard. La parabole du figuier va justement dans ce sens ; elle nous interroge pour savoir où nous en sommes dans notre chemin de conversion : depuis tant d’années que je puise la sève dans le terreau de la vie chrétienne, quel fruit est-ce que je porte ? Depuis tant d’années que je suis nourri par la Parole de Dieu et par l’Eucharistie, ainsi que par les autres sacrements, quel fruit est-ce que je porte ?

         Frères et sœurs, nous bénéficions d’une année de plus, d’un Carême de plus, pour mesurer les fruits que nous avons pu porter grâce à Dieu, mais aussi pour nous repentir de ceux que nous n’avons pas portés à cause de nos négligences ; et ceci afin de nous convertir pour ne pas subir le sort du figuier stérile, dont le massacre des galiléens et l’accident de la tour n’étaient qu’une illustration dans le registre des faits divers. A travers les faits divers dont nous avons connaissance, il y a comme autant d’occasions de se sentir concernés pour vivre autrement, pour changer de vie, si nous ne voulons pas passer à côté du temps qui nous ait donné. C’est, en fin de compte, une invitation, à entrer dans le dessein de salut que Dieu veut pour chacun et chacune d’entre nous, pour que nous entrions davantage dans le mystère de l’Amour miséricordieux en ne rendant pas vain le sacrifice du Christ et sa résurrection. Amen.

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