Dimanche 18 août 2019 - Pèlerinage à Saint Roch — Diocèse de Tulle

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Dimanche 18 août 2019 - Pèlerinage à Saint Roch

Chapelle St Roch du Rat – Peyrelevade

 

 

Lectures : Jér 38, 4-6.8-10 /   Hb 12, 1-4 / Mt 11, 25-30

    

 

         « Frères, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi ». Ce sont les paroles de la lettre aux hébreux que nous avons écoutés dans la 2ème lecture. Peut-on trouver meilleur résumé de la vie de saint Roch ? Pour une bonne part, sa vie a été marquée par des épreuves, notamment celle de la terrible peste qui ravageait l’Europe à cette époque là, mais Roch, ce jeune homme à la foi solide, à la charité pleine de compassion pour les malades, à l’Espérance inébranlable, a toujours gardé les yeux fixés sur Jésus, son ami, son frère, son Seigneur et son Sauveur. On peut dire de saint Roch qu’il a été, à sa manière, et toute proportion gardée, une sorte de nouveau François d’Assise, au XIVème siècle. Né dans une famille de la noblesse montpelliéraine, il avait tout pour mener une vie tranquille et accomplir une brillante carrière dans la chevalerie, ou bien encore dans l’Université de Montpellier, l’une des plus réputée de l’Europe, surtout pour la médecine. Et voilà que comme le saint d’Assise, il décide de vendre tous ses biens, pour se faire pèlerin,  pour aller jusqu’à Rome et pour soigner les malades. En route, il séjourne plusieurs années en Toscane et en Romagne, dans des villes ravagées par la peste et là, il secourt les nombreux malades, comme saint François qui, lui, avait pris soin des lépreux. Il arrive finalement à Rome où il séjourne trois ans. Puis il prend le chemin du retour, continuant de prendre soin des malades dans plusieurs villes. Il contracte lui-même la peste et se retire dans une forêt où il est secouru par un mécréant et son chien. Guéri miraculeusement, il reprend la route, mais il est fait prisonnier en Lombardie parce qu’on le prend pour un espion ; il est jeté en prison, il y reste cinq ans, continuant de se mettre au service des condamnés, des mourants ; il vit dans sa chair la Passion du Christ ; et c’est là qu’il meurt, vers l’âge de 30 ans. Sa réputation s’étendra dans toute l’Europe et il deviendra même un des saints les plus populaires de l’Eglise. Les sanctuaires édifiés en son honneur ne se comptent pas ; celui où nous sommes en est un parmi tant d’autres, surtout en France et en Italie, mais aussi dans bien d’autres pays.

         Saint Roch n’était pas pape, il n’était pas évêque, il n’était pas prêtre ; c’est un jeune laïc qui a consacré sa vie à Dieu en devenant pèlerin, comme nombre de ses contemporains qui accomplissaient des pèlerinages pénitentiels, mais surtout pour imiter le Christ qui durant les trois années de son ministère public allait de village en village, de ville en ville, dans toute la Palestine, annonçant la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu et guérissant les malades. Saint Roch n’a pas prêché, car il était laïc, mais il a mis son charisme de compassion et de guérison au service des pestiférés, allant lui-même de ville en ville. C’est une magnifique figure de sainteté.

         A saint Roch s’applique merveilleusement la louange que Jésus fait monter vers son Père : « je te loue, Père du ciel et de la terre, parce que ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits ». St Roch fut l’un de ces petits pour lequel Jésus louait son Père, comme il continue de le louer pour tous les petits du monde qui, comme St Roch, ne font pas de bruit, ne font pas la une des media, ne se mettent pas en vedette, mais, humblement, se mettent au service de leurs frères, et soignent leurs blessures de toutes sortes, physiques ou morales, tels de bons samaritains. Loué sois-tu, Père, de susciter de tels serviteurs pour venir en aide aux malheureux de notre monde !

         Aujourd’hui, frères et sœurs, en venant ici en pèlerinage, nous voulons bien sûr nous placer sous la protection de saint Roch, et implorer son intercession. Comme le dit la Préface des saints : leur exemple nous stimule, leur enseignement nous éclaire et à leur prière Dieu veille sur nous. Nous n’avons pas d’enseignement de saint Roch, mais nous avons son exemple et son intercession. Pour imiter sa sainteté, quel meilleur chemin que celui que nous propose l’auteur de la lettre aux hébreux, dont je disais en commençant qu’il résumait si bien la vie de saint Roch : « courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi ». Que de gens dans notre société sont tentés (et y succombent) de courir après toutes sortes de réalités (dont certaines sont mêmes virtuelles), mais qui s’avèrent des miroirs aux alouettes, des mirages qui ne conduisent à rien de solide, d’où d’ailleurs le phénomène de zapping qui caractérise notre siècle, mais qui ne conduit qu’à l’insatisfaction et au mécontentement. La Parole de Dieu nous invite à courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée et d’y parvenir en gardant les yeux fixés sur Jésus. Pour les chrétiens que nous sommes, cette épreuve n’est rien d’autre, en fin de compte, qu’un pèlerinage ; non pas celui que fit saint Roch, avec les autres romieux du Moyen âge, mais un pèlerinage plus fondamental, qui n’est rien d’autre que celui de la vie ici-bas. C’est un pèlerinage de la foi et voilà pourquoi il faut tenir les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Ce pèlerinage est une épreuve, en effet, que saint Paul dans ses lettres compare aux épreuves des athlètes dans le stade, qui courent pour une couronne de lauriers qui se fanera, alors que nous, nous devons courir pour une couronne qui ne se flétrit pas ! Il y faut de l’endurance, car c’est une course de fond et pas un sprint. Et que les obstacles sont nombreux ! Nous en faisons tous les jours l’expérience. Ce n’est pas plus difficile, mais ce n’est pas plus facile d’être disciple du Christ aujourd’hui que dans la primitive Eglise, au temps de saint Roch ou au temps de nos grands-parents ou arrières grands-parents ! La vie est sans doute plus facile en raison de beaucoup de commodités et de confort qui n’existaient pas, il y a seulement cinquante ans. Mais il n’en va pas de même pour ce qui est de la foi. Elle est mise à dure épreuve partout dans le monde, où il n’y a jamais eu autant de chrétiens persécutés qu’aujourd’hui. Et quand ce n’est pas la persécution sanglante, c’est parfois une sorte de persécution en gants blancs…, comme dit le Pape François. C’est pour cela que l’auteur de la lettre aux hébreux parle d’ « épreuve ». Mais nous aurions tort de penser que l’épreuve n’est qu’extérieure à nous-mêmes. Elle réside aussi et même surtout dans le combat qui se livre à l’intérieur de notre cœur. C’est celui-là qui demande le plus d’endurance, parce qu’il n’est jamais fini.

         Nous ne livrons pas seul ce combat, car Jésus l’a livré pour nous et en est sorti vainqueur. Il nous donne son Esprit de force, son Esprit de vérité, de lumière, sans lequel nous serions incapables d’avancer. Voilà pourquoi Jésus peut dire à ses disciples : « venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ».

         En acceptant de prendre sur nous ce fardeau léger parce que Jésus s’en est déjà chargé sur la croix, nous pouvons avancer dans la confiance et dans l’espérance. Que notre ami saint Roch nous soutienne de sa prière ! Amen.

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