25 août 2019 - 21ème dimanche du Temps ordinaire - Année C — Diocèse de Tulle

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25 août 2019 - 21ème dimanche du Temps ordinaire - Année C

Cathédrale de Tulle

       

         Frères et sœurs,

         Elle est belle cette Parole du Seigneur dans le livre du prophète Isaïe : « Je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue ». Elle exprime le désir du Dieu Créateur et Sauveur de voir tous ses enfants réunis dans la Jérusalem céleste, dont la Jérusalem terrestre était le signe et dont l’Eglise est aujourd’hui le signe et le moyen.

         Dieu veut que tous ses enfants soient rassemblés comme « une seule offrande à la louange de sa gloire » !

        

         Comment, en écho à cette page d’Isaïe, ne pas nous souvenir d’une autre page, dans l’Evangile selon saint Matthieu ou celui selon saint Luc, où l’on voit Jésus pleurer sur Jérusalem, juste avant sa Passion : « Jérusalem, Jérusalem, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes… et vous n’avez pas voulu ».

         Et aujourd’hui, jour du Seigneur, nous sommes venus ici, convoqués par Lui, rassemblés par Lui, et cette eucharistie est bien la préfiguration de la grande offrande, de la grande eucharistie dans la Jérusalem céleste, dans l’Eglise du Ciel.

        

         Alors, frères et sœurs, ce grand désir de Dieu de rassembler tous ses enfants, comment le concilier avec les paroles de Jésus dans l’évangile de ce jour ? Il nous parle de « porte étroite », de « porte fermée », de « gens jetés dehors », - autant d’expressions qui semblent clairement indiquer que si beaucoup sont appelés, peu seront élus. Cette dernière expression, d’ailleurs, se trouve dans une autre page de l’Evangile (après la parabole des invités de la Noce).

         Ces paroles de Jésus veulent répondre à la question d’un anonyme : « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »  Jésus ne répond pas par « oui » ou par « non ». Il dit : « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Quelle est donc cette porte, où est-elle ? La réponse est donnée au chap. 10 de l’évangile selon saint Jean : « Je suis la porte » et c’est Jésus qui le dit de lui-même. « Qui entre par moi sera sauvé ». Et ailleurs, il dit aussi à Thomas : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ».

         Voilà donc que tout s’éclaire. Dieu veut rassembler ses enfants, il veut que tous soient sauvés, et pour cela il a envoyé son Fils. C’est bien lui, le Fils, qui par l’offrande de lui-même sur la Croix, par son sang versé pour la multitude, peut seul rendre possible et effectif le salut pour tous les hommes. « On viendra de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu ».

        

         La porte est étroite, mais l’invitation ne se limite pas à quelques privilégiés ; tous sont invités. Le Christ est mort pour tous. Sur la Croix, ses bras sont grands ouverts et il est mort en pardonnant à ses propres bourreaux.

         Pourquoi donc alors la porte est-elle étroite ? Parce que les hommes peuvent ressembler à la grenouille de la fable de La Fontaine ; elle voulait se faire plus grosse que le bœuf… Ce qui menace l’homme c’est de penser qu’il n’a pas besoin d’être sauvé ou bien d’être indifférent à cette question du salut, ou encore de croire qu’il peut faire son salut par lui-même. Dans chacune de ces hypothèses, il manque en effet la porte. Il pense qu’il n’y a pas de porte ou bien il passe à côté de la porte, ou bien il veut défoncer la porte, passer en force.

         La liberté de l’homme est profondément engagée dans l’accueil ou le refus du salut. C’est d’ailleurs ce qui fait l’incomparable grandeur de l’homme et en même temps son irréductible fragilité. L’homme n’est pas une marionnette entre les mains d’un dieu cynique ou manipulateur. Créé libre, il peut choisir entre le bien ou le mal, la vie ou la mort. La vraie liberté, c’est de choisir le bien ; c’est la liberté des origines, celle que nos premiers parents ont refusé en voulant devenir les égaux de Dieu. Le péché originel nous a ôté cette liberté, mais en devenant enfants de Dieu par le baptême, nous avons recouvré la grâce divine et nous disposons du libre arbitre qui nous donne la possibilité de choisir le bien ou le mal, la vie ou la mort.

         La porte étroite ne signifie donc pas que Dieu serait chiche pour accueillir dans son Royaume ; elle signifie que le don gratuit du salut exige de nous un engagement de tout notre être, de toute notre liberté pour y répondre et pour l’accueillir. C’est bien Dieu qui sauve, mais la part qui nous revient c’est d’accueillir ce salut et cela engage notre existence concrète, au quotidien, dans nos actes, nos paroles, nos comportements. Il nous faut accepter de revêtir la robe nuptiale comme le dit saint Matthieu dans la parabole des invités au festin des noces. Il faut revêtir la robe nuptiale et accepter qu’elle soit lavée dans le Sang de l’Agneau, selon l’image du livre de l’Apocalypse où le voyant d’Ephèse contemple la foule immense des élus, vêtus de blanc et qui ont lavé leur robe dans le Sang de l’Agneau, qui seul nous purifie de tout péché.

         En célébrant l’Eucharistie, mémorial de la Pâque, et donc Sacrement du Salut, laissons-nous porter par le Christ qui est à la fois le Prêtre, l’autel et la victime de ce sacrifice qui nous sauve. Devenons nous-mêmes, avec Lui, une offrande agréable pour qu’il nous porte jusqu’à l’autel céleste, jusqu’à la table du banquet des Noces de l’Agneau !

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

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