19 mai 2019 - 5ème dimanche de Pâques – année C — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

19 mai 2019 - 5ème dimanche de Pâques – année C

Célébration de la Confirmation à Seilhac et Argentat

         Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu dans les trois lectures que nous venons d'entendre, nous fait contempler trois grands dons de Dieu, les plus grands même : la foi, l'Espérance et la charité.

         - La foi

         Dans le livre des Actes des Apôtres, nous voyons un échantillon des voyages de saint Paul, accompagné de son fidèle compagnon Barnabé. Ils reviennent dans des villes où ils sont déjà passés, où ils ont proclamé l'Evangile du Salut, et ils exhortent la petite communauté chrétienne toute jeune. Il est dit exactement qu'ils exhortent les fidèles du Christ "à persévérer dans la foi", à ne pas craindre les épreuves. Dans cette visite pastorale, ils passent par Lystes, Iconium, Antioche de Pisidie, Pergé, Attalia, pour aboutir à Antioche de Syrie, là d'où ils étaient partis en mission, où "ils avaient été remis à la grâce de Dieu" – selon la belle expression de l'auteur du livre des Actes. Ils réunissent l'Eglise et ils racontent "tout ce que Dieu a fait avec eux". Non pas d'abord ce qu'ils ont fait eux-mêmes, mais ce que Dieu a fait pour eux, ce qu'il a fait pour les païens. Et cela se résume en une phrase : Dieu a ouvert aux païens la porte de la foi.

         Nous comprenons ainsi que la foi, avant d'être un choix, une posture spirituelle du croyant, une réponse de l'homme à Dieu, est de manière primordiale un DON  de Dieu. Ce don, nous l'avons reçu absolument de manière gratuite, sans aucun effort de notre part, le jour de notre baptême. Et depuis lors, au moyen des autres sacrements, de la prière, de la lecture de la Parole de Dieu, nous l'entretenons en nos âmes. Nous lui faisons porter du fruit, mais, là encore, pas sans Dieu, mais toujours au moyen de sa grâce. C'est très important de comprendre cela, surtout pour vous, chers confirmands de ce jour. La plupart d’entre vous ont été baptisés alors qu’ils étaient bébés. Et, en un sens, le baptême des petits enfants nous fait mieux percevoir que la foi est un don de Dieu, puisqu'ils n'y sont pour rien et qu'ils n'ont rien demandé. Le baptême des petits enfants nous fait admirer le don gratuit, totalement gratuit, de la foi. Voilà pourquoi la foi est un trésor, un trésor divin, que nous portons en nos cœurs et qu'on ne peut conserver qu'en le mettant en œuvre, en vivant de cette foi, en cherchant à l'entretenir, à la faire sans cesse grandir, par une ouverture à la grâce. La foi est la première grâce pour être capable de recevoir d'autres grâces.

         - L'espérance

         C'est dans la deuxième lecture que nous voyons ou entrevoyons ce que signifie ce don de Dieu qu'est l'espérance. Le visionnaire du livre de l'Apocalypse a devant les yeux un ciel nouveau et une terre nouvelle ; il voit la Jérusalem céleste descendre du Ciel, d'auprès de Dieu. Et il entend une voix qui dit : "Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. Voici que je fais toutes choses nouvelles". Eh bien, frères et sœurs, la réalité de cette vision, c'est ce que nous appelons l'Espérance, c'est-à-dire ce que nous ne possédons pas encore, mais que nous espérons dans la foi. Nous ne le voyons pas, mais nous l'espérons, nous l'attendons. Et ce quelque chose que nous espérons, cela s'appelle la vie éternelle. Mais, nous serions incapables de cette Espérance, si Dieu ne l'avait déjà mise en nous au baptême et s'il ne nous accordait pas sa grâce pour l'entretenir. Nous portons en nous le désir d'un au-delà de la vie terrestre, d'un ciel nouveau et d'une terre nouvelle, d'une Jérusalem céleste, d'une demeure qui n'est pas faite de mains d'hommes, d'un état nouveau en dehors de l'espace et du temps, lesquels limitent notre vie présente. Comme la foi, l'Espérance est donc un don de Dieu et, en même temps, une réponse du croyant qui, dès ici bas, lève les yeux vers le Ciel et essaye de faire de sa vie un pèlerinage vers l'éternité promise.

         - La charité

         C'est dans le troisième texte, tiré de l'Evangile selon saint Jean, qu'il est question du troisième don de Dieu : le don de l'Amour, de la charité. A vrai dire, ce texte, à lui seul, ne suffit pas pour nous faire comprendre qu'il s'agit d'un don. En effet, il est question du commandement que Jésus donne à ses disciples la veille de sa mort : "Aimez-vous, comme je vous ai aimés". Cela pourrait laisser penser que nous sommes les auteurs de l'amour. Mais il n'en est rien. L'amour est, lui aussi, comme la foi et l'espérance, un don de Dieu. Dans un autre écrit, le même auteur, saint Jean, dira : "ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés le premier". La création est la première manifestation de ce don. Dieu ne crée pas par nécessité, ni par obligation ; il crée librement par amour ; et comme les hommes se sont détournés de lui en péchant, c'est encore par amour qu'il les sauve en envoyant son Fils, lequel consent à donner sa vie – ce qui est la marque du plus grand amour : "il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis" – ce sont ses propres paroles. Comme la foi et l'espérance, l'amour est donc un don de Dieu, mais un don qui attend lui aussi une réponse de l'homme. Et Jésus en fait même un commandement : "aimez-vous, comme je vous ai aimés",  parce qu'il sait que c'est la condition pour que le monde le reconnaisse : "tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres". Il y a une chose merveilleuse dont nous n'avons pas suffisamment conscience : c'est qu'en aimant, nous ressemblons à Dieu. Nous ne lui ressemblons pas en croyant ou en espérant, car Dieu n'a besoin ni de croire ni d'espérer. Nous ne pouvons lui ressembler qu'en aimant comme lui. Et voilà pourquoi saint Paul pourra dire que la foi et l'espérance passeront, mais que la charité ne passera jamais. Elle ne passera jamais parce qu'elle est ce que Dieu est en lui-même. Dieu est amour. Et Dieu ne passe pas. Il est l'Eternel. Et la vie éternelle – qui est notre espérance – consiste à participer à son amour éternel.

 

         Chers confirmands, dans quelques instants, je vais marquer vos fronts avec l'huile parfumée, le saint-chrême, pour que vous soyez configurés au Christ, consacrés comme lui par l'action du Saint-Esprit. N'allez pas croire cependant que jusque là l'Esprit était étranger à vos existences. En effet, vous n'avez pas été baptisés au nom du Père et du Fils, mais au nom du père, du Fils et de l'Esprit-Saint. Dieu n'est pas divisible. Depuis le jour de notre baptême, nous sommes devenus comme les tabernacles de la Sainte-Trinité. Mais, aujourd'hui, par ce sacrement qui parachève votre initiation chrétienne, l'Esprit-Saint met en vous l'énergie divine qui fait d'un disciple un apôtre du Christ. Vous recevez la force d'En-Haut pour être rendus capables de devenir les témoins du Ressuscité. Vous ne "confirmez pas votre baptême", comme on l'entend dire parfois, mais vous êtes confirmés – c'est un don ! – confirmés dans la foi, l'espérance et la charité pour en témoigner dans le monde, auprès des autres. Volontiers, je reprendrais l'expression du Livre des Actes des Apôtres que j'ai déjà citée : "vous êtes remis à la grâce de Dieu, pour l'œuvre que vous allez accomplir" ou plutôt pour l'œuvre que son Esprit Saint va accomplir par vous.

         Il y a plusieurs manières d'être remis à la grâce de Dieu pour une œuvre à accomplir : la première est celle du baptême et de la confirmation pour être prêtre, prophète et roi. C'est la condition de tout chrétien : prêtre pour faire de sa vie une offrande, prophète pour annoncer l'Evangile, roi pour servir ses frères. Il y a ensuite des états de vie : le mariage pour que l'amour naturel entre un homme et une femme soit sanctifié et devienne le signe de l'Alliance entre le Christ et son épouse, l'Eglise. Les ministères de diacre, de prêtre et d'évêque qui sont des dons de Dieu pour le service de la communauté chrétienne : annoncer l'Evangile, sanctifier par les sacrements et conduire le peuple de Dieu. Aujourd'hui, si je suis en capacité de vous donner le sacrement de la Confirmation, c'est parce que j'ai été remis à la grâce de Dieu par l'imposition des mains des évêques qui m'ont consacré. C'est moi qui vais vous confirmer, mais tout le monde comprend bien qu'en fait c'est Dieu lui-même, par le ministère qu'il m'a confié, qui vous donne son Esprit. Dans l'Eglise, tout est don et tout est grâce. Si ce n'était pas le cas, l'Eglise n'aurait jamais commencé et elle n'aurait jamais traversé les siècles. Tout est don et tout est grâce pour que chacun, selon son charisme, selon sa fonction, puisse accomplir l'oeuvre de Dieu. Rappelez-vous la parole du livre des Actes : Paul et Barnabé, revenus à Antioche, où ils avaient été remis à la grâce de Dieu, rapportent "tout ce que Dieu a fait avec eux". Pas ce qu'ils ont fait, pas ce que Dieu a fait, mais ce que "Dieu a fait AVEC eux". Chers amis, je vais vous donner le sacrement de la Confirmation pour que Dieu fasse quelque chose AVEC vous. Amen.

Navigation