20 octobre 2019 - Journée missionnaire mondiale FÊTE DES PEUPLES — Diocèse de Tulle

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20 octobre 2019 - Journée missionnaire mondiale FÊTE DES PEUPLES

29ème dimanche du temps ordinaire – année C - Cathédrale de Tulle

 

 

Frères et sœurs,

C’est une belle coïncidence que pour cette journée missionnaire mondiale, pour cette fête des peuples, nous écoutions la Parole de Dieu nous parler de la prière, parce que sans la prière, il n’y a pas de mission possible, il n’y a pas d’évangélisation possible. L’Eglise est née dans la prière de la Vierge Marie et des Apôtres réunis au Cénacle après l’Ascension du Christ et avant la venue de l’Esprit-Saint à la Pentecôte. La mission apostolique est née dans la prière, a été soutenue par la prière, et ainsi, l’Evangile du salut s’est répandu jusqu’aux confins de la terre, pour tous les Peuples de la terre. Notre saint Corrézien, Pierre Dumoulin Borie, en est la magnifique illustration. Croyez-vous que sans la force de la prière, et donc de la foi, il aurait pu tout quitter, quitter son petit village natal pour consacrer sa vie à Dieu et être enflammé du désir profond de faire connaître Jésus aux peuples de la lointaine Asie ? Croyez-vous que sans la prière, et donc sans la foi, il aurait eu le courage, la force d’âme de résister jusqu’au martyre pour ne pas renier le Christ, pour lui rester fidèle jusqu’au bout, jusque dans l’offrande de sa vie ?

Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous enseigne la nécessité de « prier sans cesse ». On pourrait résumer les choses ainsi : la force qui, en silence et sans bruit change le monde et lui permet d’accueillir le Règne de Dieu, c’est la foi ! Et l’expression de la foi, c’est la prière ! Lorsque la foi se remplit d’Amour pour Dieu – Dieu reconnu comme notre Père tendre et miséricordieux – alors la prière devient persévérante, insistante même ; elle peut devenir un véritable cri de l’âme qui parvient à pénétrer le cœur de Dieu. Le cri de la prière, dont il est si souvent question dans la Bible, dans les psaumes en particulier, signifie l’intensité de la prière de l’homme qui veut rejoindre et toucher le cœur de Dieu. De cette façon, on peut dire que la prière devient la plus grande force de transformation du monde. Certains pensent que les moines et les moniales, dans leurs monastères ne servent à rien, qu’ils n’ont aucun pouvoir de transformer le monde. En fait, en priant nuit et jour, ils sont sans doute les plus grands transformateurs du monde ; ils sont comme les Moïse sur la montagne ! S’ils cessaient de lever leur bras vers le ciel dans la prière, que se passerait-il ?

Chers amis, les deux figures que la Parole de Dieu place devant nos yeux aujourd’hui, celle de Moïse, dans le livre de l’Exode, et celle de la veuve, dans l’évangile, sont des modèles pour soutenir notre foi et avec elle notre espérance, dans les difficultés que nous traversons, les épreuves de la vie, la dureté du monde, mais aussi notre propre condition de pécheurs. Ces deux figures nous disent que la prière garde allumée la flamme de la foi et qu’elle renforce l’espérance qui se fonde elle-même sur la foi et s’exprime dans une prière inlassable.

La veuve de l’Evangile fait penser aux « petits », aux derniers, et aussi à tant de personnes simples et droites, qui souffrent des violences, qui se sentent démunies et impuissantes et qui sont tentées de se décourager. C’est comme si Jésus leur disait : regardez la ténacité de cette veuve qui finit par obtenir qu’un juge inique lui rende enfin justice ! Alors comment pourriez-vous penser que votre Père céleste, bon et fidèle, puissant, qui ne veut que le bien de ses enfants, ne vous rende pas justice le moment venu ? La foi nous assure que Dieu écoute notre prière et nous exauce au moment opportun, même si l’expérience quotidienne semble démentir cette certitude. Devant les nombreuses difficultés quotidiennes de la vie, nous sommes tentés comme le prophète de la Bible de gémir et même de crier : « jusques à quand, Seigneur, vas-tu me laisser dans l’épreuve, jusques à quand devrais-je crier pour que tu m’écoutes ? ». En fait, l’évangile nous montre que Dieu ne peut rien changer de nos vies sans notre conversion, et la véritable conversion commence avec le « cri » de l’âme, le cri de la prière, qui implore le pardon et le salut. La prière chrétienne n’est pas l’expression du fatalisme, de l’inertie ! Non, elle est même le contraire d’une fuite ou d’une évasion de la réalité ! Elle est la force de l’espérance, la plus haute expression de la foi dans la puissance de Dieu – Dieu qui est Amour et qui n’abandonne pas ses enfants. C’est la prière de Jésus qui nous enseigne cela, lorsqu’à Gethsémani, alors qu’approche la Passion, il se tient en prière pour vaincre le mal par le bien. La prière est l’arme des petits, des humbles, des persécutés qui refusent la violence.

Quand à l’autre figure, celle de Moïse qui se tient en prière sur la montagne, tandis que Josué et ses soldats combattent les Amalécites dans la plaine, elle nous enseigne encore la force de la prière. Moïse est sur la montagne avec les bras levés, les mains tournées vers le Ciel, parce qu’il sait que seul Dieu peut vaincre le mal et que sans son intervention le Peuple sera vaincu. Cela semble incroyable, et pourtant c’est vrai : Dieu a besoin des mains levées de son serviteur Moïse ! Et ces bras levés vers le Ciel font penser à d’autre bras, ceux de Jésus sur la Croix : les bras grands ouverts et cloués avec lesquels le Rédempteur du monde mène la bataille décisive contre l’ennemi infernal. Sa lutte, ses mains levées vers le Père et ouvertes sur le monde, demandent d’autres bras, d’autres mains, d’autres cœurs qui, aujourd’hui, continuent de s’offrir avec son même amour, jusqu’à la fin du monde. Elles demandent mes bras, mes mains, mon cœur. Elles me demandent, à moi, disciple de Jésus, de persévérer fidèlement dans la prière, pour affronter chaque jour le bon combat de l’Evangile, le bon combat de la foi.

Frères et sœurs, à la veuve accablée qu’est l’humanité, Dieu a rendu justice parce que Jésus a crié son amour en notre nom à tous jusqu’au fond des enfers. Et maintenant, quand nous crions dans nos nuits de la terre, nous ne crions jamais seuls ! Nous crions, si nous le voulons, avec Jésus ! Et si nous crions avec lui, avec lui nous sommes exaucés ! Nous serons un jour étonnés, au Ciel, de voir que les prières que nous pensions avoir été vaines et sans effet, ont eu un fruit de grâce qui dure pour l’éternité. Quand tu as gravi, comme Moïse, la montagne et que tu as étendu tes bras, longuement, que tu as prié pour que le mal soit vaincu, le Seigneur t’a exaucé, même si c’est d’une manière que tu ne perçois pas encore.

Chers amis, ne craignons pas de frapper à la porte du Cœur eucharistique de Jésus, car c’est le cœur de tout Amour. L’espérance véritable ne peut naître que du Sang du Christ et de celui qui est versé pour lui. Il y a le sang qui est signe de mort ; il y a le sang qui exprime l’amour et la vie ; le sang de Jésus et le sang des martyrs, comme celui de notre bien-aimé Pierre Dumoulin Borie qui a sanctifié la terre du Vietnam, avec beaucoup d’autres comme lui qui ont offert leur vie. Et aujourd’hui, de nombreux témoins du Christ se sont levés sur cette terre lointaine ; il y en a même une dans notre Assemblée ! « La semence de l’Espérance est peut-être la plus petite, mais elle peut donner vie à un arbre florissant et porter de nombreux fruits » ! Prions le Seigneur qu’il fasse naître et croître dans nos Communautés une foi authentique et une solide espérance. Notre diocèse a besoin de disciples-missionnaires qui placent leur pleine confiance en Dieu et qui s’engagent, dans la force de la prière, à diffuser autour d’eux la Bonne Nouvelle du Salut. Nous demandons pour cela l’aide de notre Mère du Ciel et celle de Saint Pierre Dumoulin Borie. Amen.

+ Francis BESTION

 

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