9 décembre 2019 - Solennité de l’Immaculée Conception — Diocèse de Tulle

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9 décembre 2019 - Solennité de l’Immaculée Conception

Collégiale Saint-Martin de Brive

« Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus le Christ ! (…) Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour ».

Frères et sœurs, ce mystère de la prédestination, sorte de premier Avent éternel, que saint Paul évoque dans l’épître aux Ephésiens, ne cessera jamais de nous étonner ! Il y est question d’un avant de la création, où Dieu seul existe, mais où le débordement de son Amour infini ne demande qu’à jaillir en création ! Mais avant cet acte de création qui consiste à poser le monde dans l’être, nous étions déjà dans la pensée de Dieu - que dis-je ? – nous étions, dans son Verbe éternel, au cœur de l’amour intra-trinitaire ! Le début de l’Avent en Dieu, c’est ce projet éternel d’amour de création du monde et de l’homme, de création du monde visible en vue de l’Homme.

Si la liturgie nous fait lire ce passage extraordinaire de l’épître aux Ephésiens, pour cette solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, c’est bien sûr parce que Marie est présente dans ce premier Avent éternel. Parmi tous les hommes prédestinés à devenir des enfants de Dieu, saints et immaculés, Marie l’a été de manière toute particulière, exceptionnelle et pour ainsi dire unique, puisqu’elle a été élue, dans le Verbe éternel, pour être la Mère du Fils éternel, la Mère du Christ. Et à cette grâce sublime est venue s’ajouter celle de sa Conception immaculée, car celle qui devait mettre au monde l’auteur même de la vie ne pouvait pas être marquée de quelque souillure que ce soit. Ainsi, Marie est comme insérée dans ce premier Avent de la Parole, prédisposé par l’Amour infini du Père, dans le Fils, pour la création du monde et la création de l’Homme. Tout cela, notre pauvre intelligence ne peut le saisir, mais elle l’accueille dans la foi comme le grand cadeau de la Révélation divine en Jésus-Christ.

A cet Avent éternel a succédé un Avent historique qui s’est accompli entre la création du premier homme et de la première femme et de leur chute dans le péché et la venue du Rédempteur lorsque les temps furent accomplis. Quand s’est manifesté le premier péché, alors, également, Dieu a révélé mystérieusement le Rédempteur du monde, et ce faisant, il a annoncé aussi la Mère de ce Rédempteur. Il l’a fait à travers les mots de l’écrivain sacré dans le livre de la Genèse ; nous les avons entendus dans la 2ème lecture. La tradition a donné à ces paroles le nom de « proto-Evangile », c’est-à-dire de pré-annonce de l’Evangile lui-même, de la Bonne Nouvelle du Salut. Voici ces paroles : « j’établirai une inimitié entre toi et la femme, dit Dieu au serpent, entre ta race et sa race : celle-ci t’écrasera la tête, et, toi, tu la viseras au talon ». Ce sont certes des paroles bien mystérieuses ; mais tout archaïques qu’elle soient, elle révèlent le futur de l’humanité et de l’Eglise. Dans ce premier livre de la Bible, comme dans le dernier, celui de l’Apocalypse, ce futur est lu dans la perspective d’une lutte, d’un grand combat entre l’esprit des ténèbres, celui qui est « menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44) et le Fils de la femme qui doit venir au monde, comme « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).

Ici aussi, dans ce deuxième Avent historique, la Vierge immaculée est présente ; elle a été promise, en même temps que son Fils rédempteur du monde. Le Messie Emmanuel (Dieu avec nous) sera attendu comme Fils de la Femme, Fils de l’Immaculée.

Enfin, frères et sœurs, Marie est le commencement du 3ème Avent, parce qu’elle a mis au monde celui qui réalisera, qui accomplira ce choix éternel de Dieu dont parle saint Paul dans la lettre aux Ephésiens. Et cela constituera le point culminant de l’histoire de l’humanité. Par le oui de Marie, le choix éternel de Dieu prendra forme ; il se fera pour nous Evangile, Eucharistie, Eglise, sacrements. Grâce au Fiat de Marie, le choix éternel de Dieu peut prendre forme dans nos cœurs, dans nos âmes et dans la vie de cette Communauté unique qui s’appelle l’Eglise. Et cela jusqu’à la fin du monde, jusqu’à la fin des temps et pour l’éternité.

Et n’allons pas croire que ce troisième Avent, qui nous a rendu proche notre Sauveur par sa naissance, nous a éloigné par le fait même de la Vierge Marie, une fois accomplie sa maternité divine. Bien au contraire, Jésus, sur la croix, nous l’a donnée pour Mère. En demeurant sans cesse en présence de Jésus – Lui qui nous a promis d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps – nous sommes aussi tout proches de sa mère. Elle est la mère du Christ, et à cause de cela, elle est aussi la Mère de l’Eglise. Mère de Dieu et des hommes, elle est Marie de notre Avent !

En cette solennité de l’Immaculée conception, laissons particulièrement résonner dans notre esprit et en nos âmes deux paroles de l’Evangile : « Je te salue Comblée de grâce » et « que tout m’advienne selon ta parole ». La première parole vient de Dieu, par l’intermédiaire de son ange ; la deuxième vient du cœur immaculé de Marie. Les deux constituent la clef du mystère de l’Incarnation et donc du salut en Jésus-Christ. Sans la primauté de la grâce en Marie – la comblée de grâce – pas de salut possible pour l’humanité ! Sans le Fiat de Marie, son oui libre, son abandon joyeux à la volonté divine, pas de salut possible.

Toute proportion gardée, il en va de même pour nous. Sans la grâce de Dieu, nous ne pouvons pas être sauvés ; cette grâce est première ; nous sommes des enfants de la grâce et, par Marie, la comblée de grâce, la salutation de l’Ange nous atteint en quelque sorte parce qu’elle a permis que naisse pour nous l’auteur de la grâce. Inséparablement, sans notre liberté, sans le consentement de notre liberté à cette grâce du salut, par la foi, nous ne pourrions pas être sauvés. Le « oui » de la liberté de Marie, le « oui » de sa foi, inaugure notre « oui » à l’œuvre de Dieu en nous. Elle est notre mère et notre modèle dans la foi, dans le « oui » à l’œuvre de l’Esprit en nos cœurs.

Avec la Vierge immaculée, frères et sœurs, bénissons Dieu d’avoir tout mis en œuvre, en son Fils, pour que nous puissions surmonter l’œuvre de mort par une œuvre de vie ! O, Marie, conçue sans péché, apprends-nous à redire chaque jour : « oui, Seigneur, que ta volonté soit faite en moi » pour qu’avec mes frères et sœurs de l’Eglise, nous puissions goûter pleinement à la joie de l’Amour infini du Père. Amen.

 

 

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