16 juin 20019 - Ordination sacerdotale de l’abbé David WOSYNSKI — Diocèse de Tulle

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16 juin 20019 - Ordination sacerdotale de l’abbé David WOSYNSKI

Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs,

         Nous célébrons l’ordination sacerdotale de notre frère David le jour où l’Eglise fête le Dieu-Trinité, le Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Et c’est en son nom que nous sommes ici, réunis pour le louer et le bénir, Lui le Dieu trois fois Saint. Jésus Christ, le Fils bien-aimé venu dans notre monde nous conduit vers le Père avec qui il ne fait qu’un, et l’Esprit-Saint, leur commun Esprit, nous est donné ; il habite nos cœurs. Nous croyons au Père, le Créateur de l’univers, nous contemplons le Fils qui nous a aimés jusqu’au bout et qui nous sauve par sa mort et sa résurrection. Nous accueillons l’Esprit-Saint qui nous donne de prier en vérité, qui est notre Avocat, notre Défenseur, notre Consolateur, qui nous éclaire et nous fortifie. Frères et sœurs, nous ne sommes pas des orphelins ! Dieu est avec nous. Il est le Dieu d’amour qui répand son amour dans nos cœurs grâce à l’Esprit Saint qui nous a été donné, comme le rappelle saint Paul dans l’épître aux romains. Par le Christ, l’Esprit nous rejoint comme la source et le principe d’une vie nouvelle, une vie sainte. Aujourd’hui, nous ne louons pas Dieu pour un mystère particulier (comme à Noël, à Pâques, à l’Ascension, à la Pentecôte), mais pour Lui-même, « pour son immense gloire ». Nous le louons, nous lui rendons grâce, nous le remercions parce qu’il est Amour et parce qu’il nous appelle à entrer dans l’étreinte de sa communion qui est la vie éternelle. Et l’Eglise, Corps du Christ, Temple de l’Esprit, avance en ce monde pour témoigner de la puissance infinie d’amour de Dieu et pour témoigner aussi, inséparablement, de la grandeur de l’homme, créé à son image et à sa ressemblance, l’homme racheté de son péché et rendu à sa dignité première de fils de Dieu.

         En ce jour, frères et sœurs, un prêtre va être donné à notre Eglise diocésaine et, à travers elle, à l’Eglise universelle. Dans quelques instants, nous tous ici présents, nous invoquerons l’Esprit-Saint, nous demanderons l’intercession de nos frères et sœurs, les saints et saintes du Ciel, pour notre frère David, tandis qu’il se tiendra allongé à terre dans un signe d’abandon total à la miséricorde divine. L’Evêque et les prêtres lui imposeront ensuite les mains et l’Evêque prononcera la longue prière consécratoire. Par ce geste de l’imposition des mains et du don de l’Esprit-Saint, notre frère deviendra prêtre ; il entrera dans l’Ordre des prêtres. Il participera du ministère apostolique voulu par le Christ. En effet, Jésus-Christ, envoyé par le Père, a lui-même envoyé les Apôtres dans le monde afin de continuer à exercer, par eux et par les évêques, leurs successeurs, sa charge de Docteur, de Prêtre et de Pasteur. Et les prêtres sont institués coopérateurs de l’Ordre des évêques ; associés à eux dans la fonction sacerdotale, ils sont appelés à servir le Peuple de Dieu. Le don qu’ils reçoivent au jour de leur ordination, ils ne le reçoivent pas pour eux, mais pour les autres.

         Cher David, depuis votre naissance, depuis votre baptême ensuite, vous avez partagé la condition de tout homme en ce monde et la condition d’enfant de la grâce comme tout baptisé. Cependant, vous avez avancé dans la vie, comme chacun et chacune d’entre nous, d’une manière absolument singulière et unique, avec ce qui vous est propre d’un héritage familial, d’une éducation humaine et chrétienne qui vous ont façonné, de diverses expériences, d’évènements qui vous ont marqués, de rencontres innombrables dont certaines restent forcément marquées à jamais dans votre mémoire, et aussi de l’expérience de devoir gagner votre vie en travaillant.          Dans cet itinéraire, vous savez aujourd’hui, en relisant votre vie, que Dieu n’a jamais cessé d’être présent et agissant, même si pendant plusieurs années, vous étiez incapable de le reconnaître, jusqu’au jour il s’est révélé à vous d’une manière inattendue et qui a changé profondément le cours de votre existence. Dans la rencontre éminemment personnelle et unique de Jésus Christ, visage de la miséricorde divine, dans la conversion qui s’en est suivie, dans l’appel reçu de Lui à le suivre dans la vocation de prêtre, dans votre entrée au Séminaire et, aujourd’hui, dans votre ordination, vous avez fait et vous faites l’expérience de la gratuité absolue du don de la grâce, du don de la miséricorde, de la consécration sacerdotale, pour la participation au ministère apostolique. C’est ainsi que ce que vous n’oseriez probablement pas dire de vous-même, car c’est quelque chose de trop grand et qui vous dépasse, qui nous dépasse tous ici, laïcs, diacres, prêtres, évêque et consacrés, je le dis moi-même, en rendant grâce au Seigneur : vous êtes un don du Seigneur pour son Eglise, un don gratuit – vous n’y êtes pour rien, même si votre volonté libre l’a accueilli – un don miséricordieux, pour qu’à travers lui, Dieu, par son Fils et dans l’Esprit Saint, poursuivre son œuvre de rassembler et de guider les hommes, de les faire vivre de sa Parole et de les nourrir de sa grâce dans les sacrements.

         David, vous avez reçu gratuitement et vous êtes appelé à donner gratuitement. De même que le sacerdoce du Christ a consisté en un don gratuit et inconditionnel de sa vie pour sauver les hommes qui ne l’avaient pas mérité, les prêtres sont appelés à donner gratuitement leur vie en signe du sacrifice par lequel le Christ sauve gratuitement le monde. Vous êtes pris du milieu de vos frères, mis a part, consacré, non pas pour être séparé d’eux, mais pour être envoyé à eux, comme un frère et un père, dans une société qui a tant besoin de fraternité, mais aussi de paternité. Certains aspects de la vie du prêtre, qui ne sont pas des à côtés, mais font partie de son être sacerdotal – comme le célibat, la simplicité de vie, le détachement du désir de plaire et d’être aimé – n’ont pas pour but de vous isoler de vos frères mais de rendre témoignage au mystère pascal du Christ, comme on peut le voir dans sa prière sacerdotale à son Père, la veille de sa passion : « pour eux, je me consacre moi-même ; consacre-les dans ta vérité ». Le Christ s’est consacré, c’est-à-dire offert, et il vous consacre, en vue d’un plus grand amour. La vie donnée d’un prêtre, par amour, est appelée à constituer un témoignage salutaire, au sens premier du terme, pour l’humanité. C’est encore plus vrai dans une société où tout s’achète et tout se vend.

         Cette gratuité, qui ne va pas de soi humainement parlant, elle s’exprimera dans votre ministère, par le respect profond de la liberté des personnes que vous rencontrerez. Cette même gratuité du Christ, vous en témoignerez non pas en devenant le prêtre de quelques-uns, mais en vous faisant tout à tous, selon l’expression de l’Apôtre Paul. Cette gratuité du Christ, vous en témoignerez encore en évitant d’abuser de l’autorité pastorale que vous confère votre ministère. Et, par dessus tout, vous témoignerez de cette gratuité du Christ en préservant chaque jour dans votre agenda des temps suffisamment longs pour la prière, pour le cœur à cœur avec le Seigneur, sans quoi votre ministère risquerait de devenir bien vite infécond.

         Aujourd’hui, frère, vous êtes consacré pour le service de la communion ecclésiale. La diversité des opinions, parfois même des idéologies, les « sensibilités » diverses à l’intérieur de l’Eglise, peuvent être légitimes,  à condition qu’en elles se confirme l’accord de la foi. Le prêtre doit être un homme de communion dans la Communauté qui lui est confiée ; cela vous demandera parfois beaucoup d’énergie, de temps et de patience. Vous vous souviendrez alors que Jésus lui-même, au commencement de son ministère, dans le désert, et à la fin, au jardin de Gethsémani, a dû affronter le Tentateur qui voulait briser la communion entre le Père et le Fils. Vous vous rappellerez sa prière, la veille de sa Passion : « Père, que tous soient un, comme toi et moi, nous sommes un ».

         Cette communion, vous aurez aussi à la rechercher et à la vivre avec vos frères prêtres, dans la fraternité presbytérale où vous serez envoyé et avec l’ensemble des prêtres autour de l’évêque. C’est ainsi que votre ministère de communion pourra être crédible. Les prêtres, comme les autres baptisés, sont divers, mais la diversité vécue dans le respect et l’estime mutuelle, dans la collaboration pastorale, n’est pas un obstacle à une réelle vie fraternelle. Je dirai même que d’une certaine façon, elle peut être bénéfique pour nos contemporains, comme une variété de portes d’entrée dans l’unique mystère du Christ.

         Cher David, que votre sacerdoce ministériel soit une source de joie pour vous, pour les familles, pour tous ceux que vous croiserez et pour le monde ! J’invite les jeunes qui sont ici à s’interroger eux-mêmes : et si moi aussi j’étais appelé à cette joie d’être prêtre ? Il y a bien sûr d’autres vocations qui sont aussi chemins de vie et sources de joie. Mais aujourd’hui je souhaite faire entendre cet appel : notre Eglise diocésaine a besoin de prêtres pour que l’Evangile soit annoncé, les sacrements célébrés et les communautés guidées, en vue du salut et de la vie éternelle. Gloire soit au Père, au Fils et à l’Esprit-Saint, maintenant et à jamais. Amen.

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