13 octobre 2019 - Pèlerinage des Communautés de Brive à Rocamadour — Diocèse de Tulle

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13 octobre 2019 - Pèlerinage des Communautés de Brive à Rocamadour

28ème dimanche temps ordinaire - C

Frères et sœurs, les lectures que nous venons d'écouter nous font prendre conscience qu’il peut arriver que ceux qui sont moins formés que d’autres dans leur foi puissent être capables de mieux reconnaître l’action de Dieu dans leur vie et de vouloir en rendre grâce. C'est ainsi que le Syrien Naaman, un païen, qui n’est pas instruit de la foi au Dieu de l’Alliance, vient exprimer sa reconnaissance au prophète Elisée parce qu’il a été guéri de sa lèpre et qu’il reconnaît qu’au-delà de l’intermédiaire que représente le prophète, il y a un Dieu tout-puissant qui s’est penché sur lui. De même, des dix lépreux guéris par Jésus, un seul, un Samaritain, un étranger donc, qui ignore lui aussi la foi du peuple juif, est capable de revenir vers Jésus pour rendre grâce.

A partir de ces deux épisodes bibliques, Dieu nous parle aujourd’hui et nous enseigne. Que nous dit-il ?

- D’abord, que la foi ne consiste pas simplement à adhérer à des doctrines, à un système religieux. Mais que la foi, c’est primordialement reconnaître que Dieu agit dans le monde, qu’il agit dans la vie des hommes, qu’il agit dans ma vie. Les hommes ont une propension – et c’est aussi notre cas – à considérer dans leur vie tout ce qui les contrarie, tout ce qui ne marche pas, tout ce qui les empêche d’arriver à leur fin. Et facilement, ils cherchent quelque puissance cachée, inconnue, pour expliquer ces évènements ; ils sont prompts aussi à rechercher des coupables… C’est bien rare que spontanément, ils se passionnent pour considérer le bien qui leur arrive !

Chers amis, comment regardons-nous la vie du monde, la vie de l’Eglise, notre propre vie pour chercher à y découvrir l’action de Dieu, sa présence, sa bienveillance toute-puissante, sa providence ? Comment nous entrainons-nous à scruter l’histoire humaine pour discerner, pour reconnaître que dans des évènements, des décisions, des rencontres, c’est bien la volonté de Dieu qui peut être à l’œuvre ?

- Un second enseignement, lié au précédent, nous invite à considérer le cœur de la foi : ce cœur c’est la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus-Christ. Aujourd’hui, la tentation existe de réduire le christianisme à une sorte de sagesse humaine parmi d’autres, à un art de vivre pour ainsi dire. Dans une société de plus en plus sécularisée, ce qu’il y a de plus précieux pour nous, le mystère du salut – même cela court le risque d’une sécularisation progressive ! De sorte qu’on peut se battre pour la sauvegarde de la planète, pour préserver les espèces animales, et même pour sauver l’humanité, mais en ramenant l’Homme à sa seule dimension horizontale. Alors que la foi nous enseigne que « Jésus Sauveur est venu apporter le salut intégral qui saisit l’homme et tous les hommes, en les ouvrant à la perspective merveilleuse de la filiation divine », selon les paroles du saint Pape Jean-Paul II. Au lépreux samaritain guéri de sa lèpre qui revient, en rendant gloire à Dieu, se prosterner à ses pieds, Jésus adresse cette parole : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ! » La puissance de salut du mystère pascal du Christ est ici anticipée, de la même façon qu’elle se déploie aujourd’hui dans nos vies, dans l’histoire humaine jusqu’à la plénitude des temps. C’est ce qui fait dire à saint Paul, s’adressant à son disciple Timothée : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts : voilà mon Evangile ! ».

 

- Enfin, la Parole de Dieu écoutée ce dimanche nous enseigne l’action de grâce qui naît de la foi. C’était le thème du pèlerinage des mères de famille : la gratitude. Ainsi, rendre grâce, ce n’est pas simplement dire merci parce que l’on est content ; ce n’est pas simplement remercier d’avoir de quoi se nourrir, d’avoir un toit sur la tête, d’être en bonne santé et de tous les biens que nous espérons pouvoir conserver. Rendre grâce, c’est reconnaître que ces biens dont nous bénéficions, nous les devons à quelqu’un, nous les recevons de quelqu’un, nous bénéficions de la bienveillance et de l’assistance permanente que Dieu donne à l’humanité. C’est pourquoi rendre grâce est un acte de foi. Cela veut dire : ce qui arrive n’est pas simplement le hasard, ce n’est pas simplement la chance d’avoir rencontré des gens gentils et bienveillants. Rendre grâce, c’est reconnaître que Dieu agit maintenant pour moi, qu’en son Fils Dieu me fait vivre aujourd’hui, Dieu me relève et me sauve : « relève toi, ta foi t’a sauvé ».

Frères et sœurs, la Parole de Dieu qui nous est adressée aujourd'hui nous invite donc à regarder, avec des yeux nouveaux, un cœur nouveau, Celui qui fait toutes choses nouvelles pour nous et qui fait que la foi arrive jusqu'à nous, qu’elle est un don de Dieu. Célébrer l’eucharistie – eucharistie signifie action de grâces – c’est reconnaître cela !

Nous sommes dépositaires d'un trésor, le trésor de la foi. Nous n'avons pas grand mérite, car ce trésor nous l'avons reçu ; mais, il nous incombe toutefois d'en vivre et de le transmettre à notre tour. Pour cela, encore faut-il que nous ne soyons pas aveugles devant ces biens que nous avons reçus. Au troisième siècle, lorsque l'Evêque de Rome envoya quelques missionnaires à travers la Gaule, dans ce monde païen – doublement païen, à la manière romaine et à la manière barbare – il était bien peu probable que l'Evangile trouve des auditeurs, qu'il s'implante et se développe. Et pourtant, c'est ce qui est arrivé, par la grâce de Dieu. Cette richesse de la foi, nous l'avons reçue et nous en sommes les dépositaires. Nous sommes des chaînons de cette longue transmission de la richesse de l'Evangile pour témoigner de l'Espérance dans le salut.

Mesurer à quel point nous sommes favorisés, se rendre compte à quel point nous sommes dépositaires d'une telle richesse, c'est une invitation à l'action de grâce, à la gratitude, mais c'est aussi un appel, un appel incessant à partager cette richesse du trésor de la foi, avec les hommes et les femmes que nous côtoyons, avec nos contemporains. Pouvons-nous, frères et sœurs, envisager un seul instant que nous avons reçu tout cela uniquement pour nous, et nous contenter de penser qu'il suffit que cela dure aussi longtemps que nous, sans nous inquiéter de savoir ce qui adviendra de la suite ?

Alors que nous vivons en diocèse une année de l’Appel, souvenons-nous que cet appel, c'est primordialement, en raison de notre baptême, de devenir les témoins, les porteurs, les ostensoirs de cette bonne nouvelle : Dieu est venu parmi nous pour que les hommes puissent guérir de leurs lèpres, pour qu'ils puissent être sauvés, pour qu'ils aient la vie éternelle, et pour cela il n'a pas hésité à donner sa vie, par amour ! Ce qu'il nous demande c'est de reconnaître cette source du salut, de l'accueillir et d'en être les témoins, à notre tour, pour qu'elle devienne le bien de tous.

A une époque où certains voudraient que la foi soit une affaire privée, qu'elle ne sorte pas des consciences individuelles, il est capital que nous comprenions que cette foi ne serait jamais arrivée jusqu'à nous si nos devanciers n'en avaient pas publiquement témoigné, de génération en génération et parfois au prix de leur sang. Le témoignage de la foi – qui ne se confond pas avec le prosélytisme – n'est pas une option de la vie chrétienne, mais fait partie de sa nature, puisqu'elle répond au commandement de Jésus : "Allez, de toutes les nations faites des disciples".

Nous prions pour que, parmi les jeunes, se lèvent aussi des vocations sacerdotales et religieuses, c’est-à-dire des personnes qui répondent à l’Appel de Dieu pour consacrer toute leur vie, se consacrer entièrement à Dieu, pour que son règne arrive, pour que l’Evangile soit annoncé, que la grâce du Salut se répande dans le cœur de tout Homme. Ici, dans ce sanctuaire béni, où tant d’hommes et de femmes de chez nous sont venus supplier Dieu par l’intercession de Notre-Dame de Rocamadour, confions nos familles à la Mère de Dieu, la Mère de l’Eglise, notre Mère. Qu’elle vous protège et qu’elle vous garde tous dans la foi et l’action de grâce ! Amen.

+ Francis BESTION

 

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