3 novembre 2019 - Installation de l’abbé David Wosynski comme curé solidum — Diocèse de Tulle

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3 novembre 2019 - Installation de l’abbé David Wosynski comme curé solidum

31ème dimanche du Temps ordinaire – Année C - Eglise d’Ussel

Frères et sœurs, dimanche dernier, la parabole du pharisien et du publicain nous enseignait que ce qui plaît à Dieu, c'est un cœur humble qui attend tout de la miséricorde de Dieu, qui se reconnaît pécheur et ouvre son cœur à la grâce du pardon. Aujourd'hui, ce n'est plus par une parabole que le Seigneur nous parle, même s'il s'agit encore d'un publicain, mais par un événement réel : celui de sa rencontre avec Zachée.

L'histoire du publicain Zachée nous parle parce que, comme pour les autres figures des évangiles, nous pouvons nous identifier à lui. En effet, l'évangéliste nous dit qu'il "cherchait à voir Jésus". Ils sont nombreux dans les évangiles les gens qui cherchent à voir Jésus : dès sa naissance, ce sont les bergers et les mages, tout au long de son ministère public, on ne compte pas le nombre de personnes qui, pour des motifs très divers, veulent s'approcher de Jésus, le voir, le toucher, souvent pour être guéris ; même le roi Hérode cherchait à le voir, comme le dit le même saint Luc dans le récit de la Passion. Aujourd'hui, encore, ils sont nombreux ceux et celles qui cherchent à rencontrer Jésus ; ils sont plus nombreux que nous le pensons. Mais, comme Zachée, leur dessein est contrarié par bien des obstacles qui se mettent en travers de leur route. Zachée était de petite taille et il comprenait que la foule qui allait s'attrouper dans les rues de Jéricho serait un obstacle pour lui. Dans les évangiles, on constate que c'est tantôt la foule, tantôt un groupe particulier – comme les scribes et les pharisiens ou même les disciples de Jésus – qui constitue une barrière empêchant à quelqu'un de s'approcher de Jésus. Pensons à ce paralytique qu'on fait descendre par le toit ; pensons à la Cananéenne que les apôtres veulent tenir à l'écart de Jésus, pensons aux lépreux que la société tient à l'écart des villages, pensons à l'aveugle qui crie au bord de la route pour se faire remarquer de Jésus. Je vous laisse imaginer tous les obstacles, dans le monde d'aujourd'hui, qui empêchent à des personnes de s'approcher de Jésus. Je pense à des jeunes qui, dans les lettres qu'ils m'écrivent pour demander à recevoir la Confirmation, me disent qu'ils ne vont pas à la messe le dimanche parce que leurs parents n'y vont pas et qu'ils n'ont personne pour les conduire jusqu'à l'église où l'eucharistie est célébrée. Je pense aussi à ceux qui ne veulent pas entrer dans une église parce qu'ils se sentent rejetés ou exclus de la communauté pour toutes sortes de raisons.

Je reviens à Zachée. Ce qui est remarquable, c'est que son désir de voir Jésus va lui permettre de dépasser l'obstacle objectif de sa petite taille, de son handicap face à la barrière de la foule. Il a l'audace de monter sur un sycomore, malgré le ridicule que peut entraîner cette position pour un homme en vue comme lui – n'oublions pas qu'il était le chef des percepteurs d'impôts pour la ville de Jéricho. Imaginez, aujourd'hui, le préfet ou le Trésorier payeur général ou le chef du centre des impôts sur un arbre ! Zachée veut voir Jésus, mais s'il y a bien une chose à laquelle il ne s'attend pas, c'est que Jésus le voit. Ce qui n'était peut-être qu'une curiosité va se transformer en une rencontrer inoubliable : Jésus lève les yeux vers lui et l'appelle par son nom ; mieux que cela, il s'invite chez lui : "Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison". Remarquons le verbe qu'utilise Jésus : "demeurer". Jésus ne veut pas que passer dans la maison de Zachée, mais il veut y demeurer. C'est cela le grand désir de Dieu : demeurer chez nous, habiter nos maisons, vivre dans nos cœurs. Et le résultat ne se fait pas attendre : si nous accueillons Jésus chez nous, comme Zachée, si nous le laissons demeurer chez nous, alors notre cœur en est changé. Il se produit une conversion à 180 degrés ! Zachée, le collecteur qui ramassait l'argent des autres et à qui il arrivait de faire du tort à certains, voilà qu'il se transforme en donateur : il fait don de la moitié de ses biens aux pauvres, et il va rendre 4 fois plus à ceux qu'il a spoliés. Zachée était riche d'argent, voilà qu'il devient riche en miséricorde, parce qu'il a expérimenté la miséricorde de Jésus à son égard. C'est Jésus qui donne l'explication ultime, le sens de la rencontre : "Aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison". Lorsque nous accueillons Jésus, lorsque nous le laissons entrer dans notre cœur, c'est le Salut que nous accueillons.

Frères et sœurs, aujourd’hui, c’est l’installation officielle de l’abbé David Wosynski qui a rejoint la fraternité des prêtres depuis le début du mois de septembre, comme curé in solidum. Je profite de cette occasion pour reprendre avec vous les Orientations pastorales diocésaines, en ce qui concerne les fraternités presbytérales et les Communautés Locales.

Lorsqu’avec le Conseil presbytéral, qui est un conseil de gouvernement pour l’évêque, nous avons travaillé en vue des Orientations pastorales, il est apparu très clairement que nous ne pouvions plus, avec le nombre de prêtres disponibles maintenant et dans les années qui viennent, tenir le modèle jusque-là en vigueur où on répartissait les prêtres, tant bien que mal, sur l’ensemble du territoire diocésain. On n’y arrivait plus. A cela s’ajoutait le fait que laisser un prêtre seul – et parfois un prêtre venant de l’étranger – n’était plus possible dans la situation actuelle, n’était pas souhaitable pour des raisons d’équilibre humain et spirituel. Et c’est ainsi que nous avons mis en place les fraternités de prêtres, à Ussel, Tulle, Objat et Brive. Sans habiter nécessairement sous le même toit, 4 ou 5 prêtres se rassemblent pour un repas journalier, pour un temps de prière, pour une réunion hebdomadaire et, selon la charte qu’ils élaborent eux-mêmes, pour d’autres activités ou temps fraternels. C’est moins qu’une vie communautaire (religieux), mais c’est plus qu’une vie d’équipe ! C’est une vie fraternelle où les uns et les autres se soutiennent humainement, spirituellement et pastoralement.

Ces fraternités sont constituées de prêtres en activité qui sont nommés curés in solidum, c’est-à-dire qui portent collégialement, solidairement, la charge pastorale des paroisses des diverses Communautés locales. L’un d’entre eux est modérateur de cette charge pastorale. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’il coordonne l’activité pastorale des curés in solidum, qu’il veille à l’unité, à la communion de la fraternité presbytérale. Ce n’est pas un super curé ! Il est curé au même titre que les autres, mais il assure le service de la communion, de la coordination, de la répartition des charges. Et en dernier ressort, c’est lui qui arbitre quand il faut prendre des décisions collégiales. Ici, c’est le Père Bertrand qui assure cette fonction et je le remercie car c’est quelque chose qui s’ajoute à tout le reste et qui demande beaucoup de sagesse et de patience. Dans cette fraternité presbytérale les curés in solidum se répartissent les charges. Elles sont de deux ordres. Le premier c’est l’accompagnement des Communautés locales ; chacun a en charge le suivi d’une, deux ou même trois Communautés locales et il n’est pas seul pour conduire ces communautés ; il y a dans chaque communauté une Equipe d’Animation pastorale. C’est en train de se mettre en place ou de se renouveler pour tout l’Espace missionnaire d’Ussel. C’est ainsi que l’abbé David s’est vu confier la charge d’accompagner la communauté de Neuvic. Il n’en est pas le curé exclusif puisque tous les curés portent solidairement la charge curiale, mais il est celui qui veille davantage sur cette Communauté et qui réunit l’Equipe d’Animation pastorale pour penser l’animation et la mission dans cette Communauté.

La deuxième charge des curés in solidum, en plus de veiller sur telle ou telle communauté locale, c’est une charge transversale qui concerne des réalités supra-communautaires ou plutôt inter-communautaires : la pastorale des jeunes, la pastorale de la santé, la pastorale catéchétique et catéchuménale, la pastorale de la préparation au mariage et au baptême des enfants, la diaconie, etc… C’est ainsi que l’abbé David a en charge la pastorale des jeunes, principalement à Ussel, à la fois pour l’enseignement public et pour le collège et le lycée Notre Dame de la Providence, mais aussi pour coordonner la pastorale des jeunes sur l’Espace missionnaire.

Ce n’est pas tout. Il n’y a pas que des prêtres curés in solidum. Il y a aussi des prêtres auxiliaires, qui ont plus de 75 ans, mais qui sont encore en forme pour apporter leur aide à la vie des communautés. Avec la fraternité des prêtres curés, ils forment une fraternité élargie. Ici, dans l’Espace missionnaire d’Ussel, il y a l’abbé Jean Rigal qui réside à Meymac. Il est aussi chancelier du diocèse. Enfin, il peut y avoir aussi des prêtres retirés qui résident dans telle ou telle communauté locale. C’est le cas de l’abbé Michel Reynal qui réside à Ussel. Selon leur état de santé, ces prêtres peuvent rendre tel ou tel service pastoral.

Je rappelle aussi une autre réalité : les fraternités locales missionnaires. Là, il s’agit de baptisés qui, à 3 ou 4 ou même davantage, se réunissent régulièrement pour prier, pour partager, pour lire et méditer la parole de Dieu, pour penser aux malades, aux personnes isolées, aux pauvres, et s’organiser pour les visiter. Dans chaque clocher, ce serait bien qu’il existe une telle fraternité locale, mais aussi qu’il en existe plusieurs dans les bourgs principaux. Je sais qu’il y a de telles fraternités qui existaient déjà, d’autres qui se sont créées, mais c’est encore insuffisant. Je vous encourage à aller de l’avant. C’et très important pour qu’à l’échelon de base, le village, le quartier, la vie chrétienne soit rendue visible et qu’on se soutienne les uns les autres. Etre chrétien, cela ne peut pas consister seulement à aller à la messe le dimanche ou de temps en temps… On n’est pas chrétien tout seul. Le modèle de cela, comme je l’ai expliqué dans les Orientations pastorales, ce sont les premières communautés chrétiennes, telles qu’elles sont décrites au chapitre 2 des Actes des Apôtres : assiduité à l’enseignement des Apôtres, à la prière, au partage fraternel, à la fraction du pain.

Chers frères et sœurs, soutenez vos prêtres dans leur mission, dans leur vie tout simplement. Encouragez-les ! Prenez votre part de service et de responsabilité dans la vie de vos Communautés. Il faut que les laïcs aident les prêtres à penser leur ministère pastoral non pas comme on le faisait depuis des lustres et des lustres, mais d’une nouvelle manière, plus missionnaire et moins animatrice. Mais cela ne peut se faire que si c’est toute la communauté qui devient missionnaire ! C’est le grand enjeu pour la permanence de l’Eglise sur nos territoires ruraux. Si nous ne cherchons qu’à préserver telle ou telle institution ou telle manière de faire, nos communautés se réduiront progressivement et finiront par ne plus exister.

En cette année de l’appel, prions pour les vocations sacerdotales et religieuses, mais plus encore, renouvelons notre propre appel baptismal, notre vocation baptismale, vocation de disciples-missionnaires. Que vais-je faire pour que ma vie devienne une mission ? AMEN.

 

+ Francis BESTION

 

 

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