27 octobre 2019 - Messe du souvenir pour l’abbé Louis Jousseaume — Diocèse de Tulle

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27 octobre 2019 - Messe du souvenir pour l’abbé Louis Jousseaume

30ème dimanche du temps ordinaire - Egletons

Frères et sœurs,

En poursuivant chaque dimanche la lecture de l’évangile selon saint Luc, nous écoutons l’enseignement de Jésus. Dans la suite de celui de dimanche dernier, il porte sur la prière. Après la parabole de la veuve et du juge inique, c’est aujourd’hui celle du pharisien et du publicain qui se sont rendus au Temple pour prier. La parabole nous donne à voir l’attitude de chacun de ses deux hommes et nous révèle le contenu de leur prière.

La difficulté de cette parabole, c’est qu’on risque d’en donner une interprétation moralisante ; on risque de porter des jugements hâtifs sur ces deux personnages, comme s’il y avait d’un côté un mauvais et de l’autre un bon, un peu comme dans les films américains.

Or, Jésus ne dresse pas un portrait négatif du pharisien, comme si dans sa vie et sa pratique religieuse tout était mauvais et sans valeur. Les pharisiens constituaient un groupe religieux important au temps de Jésus ; et c’est même le groupe religieux que Jésus a le plus fréquenté, en particulier dans les synagogues. Ils étaient de fervents observateurs de la Loi de Moïse, des juifs zélés et très fidèles aux réunions de la synagogue.

Mais alors, pourquoi la prière du pharisien n’est pas agréée par Dieu ? Ce n’est pas la prière en tant que telle qui est défectueuse, mais c’est l’attitude spirituelle qui la conditionne. Le pharisien se croit juste (non pas dans le sens que donnons aujourd’hui à ce terme, mais au sens biblique) ; il pense qu’il n’a pas besoin d’être rendu juste par Dieu. Il est auto-suffisant en ce qui concerne son salut. Il prie plusieurs fois par jour, il paye la dîme, il accomplit scrupuleusement les commandements de la loi. On ne peut pas lui reprocher cela, c’est même admirable ! Le problème c’est qu’il pense qu’en faisant tout cela il se sauvera. Dans sa conception, ce n’est pas Dieu qui sauve, c’est l’homme qui se sauve lui-même en pratiquant la Loi. Appliqué à nous, cela signifie que Jésus serait mort pour rien. Paradoxalement, dans cette attitude pourtant si religieuse, on n’a pas besoin de Dieu pour être sauvé !

Regardons maintenant le publicain, c’est-à-dire le collecteur d’impôt, une sorte de pécheur public puisqu’il travaillait à la solde de l’occupant romain pour lever les impôts, et en s’enrichissant au passage ! Devrait-on le louer pour cela ? Surement pas et ce n’est pas ce que fait Jésus dans la parabole. Mais alors pourquoi la parabole dit-elle que sa prière sera agréée par Dieu ? Parce qu’à l’inverse du pharisien, lui ne peut prétendre à aucun mérite ! Et il le reconnaît d’emblée : « Je suis un pécheur ! ». Et il implore la miséricorde de Dieu en baissant le front. Ce qui est donné en exemple chez ce pécheur, ce n’est pas son péché, mais c’est le fait qu’il s’en remet à Dieu, à la justice divine ; il sait que seul Dieu peut le justifier, c’est-à-dire le sauver. Appliqué à nous, cela signifie que si je suis dans cette attitude spirituelle, je ne rends pas vaine la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection. Seul Jésus peut me sauver du mal, du péché et de la mort.

Frères et sœurs, cette parabole nous amène au cœur de la foi. En parlant de la prière, elle parle de la foi, car la prière est l’expression de la foi. Elle nous pose la question : as-tu besoin d’être sauvé ? Es-tu prêt à accueillir le salut que Jésus-Christ a obtenu pour toi en s’offrant par amour sur l’autel de la croix ? Crois-tu vraiment que seul Jésus peut te sauver de ton péché, du mal et de la mort ? C’est le cœur de la foi. Et du coup, es-tu prêt aussi à en tirer les conséquences pour ta vie, ta manière de croire, d’espérer, d’agir, de te comporter vis-à-vis de Dieu et des autres, ta manière d’aimer ?

Nous trouvons un bel exemple de tout cela dans la lettre de saint Paul à son disciple Timothée. C’était la 2ème lecture. Paul est en prison à cause de sa foi. Il n’est pas en train de dire : j’ai bien mérité, j’ai fait ceci et cela, je suis juste devant Dieu. Non. Ce qu’il dit c’est sa foi en Jésus Sauveur. « Le moment de mon départ est venu ; j’ai achevé ma course ; j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de justice ! Le Seigneur me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste ». Saint Paul s’en remet entièrement à Celui à qui il a consacré sa vie et son ministère ; il s’en remet à la justice divine.

Aujourd’hui où nous célébrons cette messe en nous souvenant du Père Louis Jousseaume parti vers l’éternité de Dieu il y a 10 ans, ces paroles de l’Apôtre Paul résonnent d’une manière toute particulière dans nos esprits et nos cœurs. Le Père Louis aurait pu les prononcer tout aussi bien sûrement, car lui aussi, comme baptisé, comme prêtre, avait mené le bon combat, le combat de la foi. Certes, il n’avait pas, comme Paul, été arraché à la gueule des lions et il n’avait pas été emprisonné à cause du Christ. Mais sa vie de serviteur de l’Evangile, sa vie donnée pour le service de ses frères, en particulier auprès de la jeunesse, témoignaient de la foi qui animait toute son existence et son ministère, la foi en Jésus sauveur, à qui il avait consacré sa vie. Sa fin tragique, personne ne l’oubliera, mais aujourd’hui c’est dans l’Espérance que nous nous souvenons de lui, parce que nous croyons qu’il est en communion avec nous, cette communion de l’Eglise du ciel et de celle de la terre, que nous allons célébrer à Toussaint et le 2 novembre. Qu’à la prière et à l’exemple du Père Louis, nous vivions dans l’Espérance de la vie éternelle, en accomplissant ici-bas le bien, le grand commandement de la charité qui nous unit à l’amour divin. Amen.

 

+ Francis BESTION

 

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