24 novembre 2019 - Solennité du Chrit-Roi de l’Univers — Diocèse de Tulle

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24 novembre 2019 - Solennité du Chrit-Roi de l’Univers

Cathédrale de Tulle - Confirmations

La série des dimanches de l’année liturgique se clôture par la solennité du Christ-Roi de l’Univers. Cette fête, avec un tel titre, peut sembler bien éloignée de nosmentalités modernes. Pourtant les raisons pour lesquelles le Pape Pie XI l’institua, en 1925, restent sans doute d’actualité : le fait de voir le Christ ignoré et méconnu par la société, refoulé au fond de la vie privée, alorsqu'il est, selon toute la tradition biblique, le vrai seigneur de l'univers. Le tout est de ne pas se méprendre surle vrai sens de cette réalité capitale, d'autant plus difficile à saisir qu'elle ne ressemble en rien à quelquepuissance terrestre : « Ma royauté n'est pas de ce monde » (Jn XVIII, 36), proclamait Jésus devant Pilate.Il n'accepte le titre de roi qu'à l'heure de sa mort, lorsque toute ambiguïté a disparu sur sa missionmessianique, et l’emblème de cette royauté bien particulière c’est certes une couronne, mais une couronne d'épines…

 

Dire du Christ qu’il le Roi de l’Univers, c’est dire que sa seigneurie s’étend à tout : aux réalités terrestres et célestes, visibles et invisibles, publiques etprivées ; elle est totale et absolue. Pour exprimer cette royauté cosmique, le Christ est appelé dansl'Apocalypse le « Pantocrator », celui qui est le « Tout ». Mais ce Christ-Roi en face de qui pâlit la splendeur desempereurs divinisés est aussi celui qui peut être mis en échec par la liberté de l'homme. En effet, le Christ qui a dit: « tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre » (Matthieu XXVIII, 18) c’est aussi le Christ qui se fait impuissant devant l'hommequ'il a rendu puissant en le dotant de liberté. La liberté : la plus haute et mystérieuse dignité de l’homme. Il faudrait que notre liberté – et c’est cela être totalement libre – laisse entièrement le Christ régner dans nos cœurs. Cela changerait tout ! Si le Christ ne règne pas dans les cœurs de ses disciples, comment peut-il régner dans le monde ?

Nous vivons ce temps inconfortable mais stimulant du « déjà là » et du « pas encore » du Royaume de Dieu, qui caractérise letemps de l'Église, le temps de pèlerinage de l’Eglise sur la terre. L'Églisen'avance que si elle est habitée par le désir et le souci de voir son Seigneur être de plus en plus reconnu partous comme Seigneur. Et l'Eucharistie,particulièrement celle du dimanche, est bien le moment le plus fort, le plus poignant de ce désir de voir venir le Règne définitif du Christ. N’est-ce pas ce que chante l’Assemblée après la consécration : « Viens, Seigneur Jésus ! Nous attendons ta venue dans la gloire ! » Cetteattente, qui est déjà une présence, fixe la charte de l'existence chrétienne : quoiqu'il en soit des difficultés dutemps présent, nous avons à vivre dans la proximité et donc dans l'urgence d'un « règne de justice, d'amouret de paix » (comme le dit la préface de ce jour). Rien de plus exigeant pour notre vie quotidienne. Car, Jésus nous a prévenu : « il ne suffit pas de me direSeigneur, Seigneur pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est auxcieux ». À travers nos misères, voire nos trahisons, le Christ nous entraîne sur la voie royale du service deDieu et de nos frères. Lui seul est capable de vraiment libérer nos cœurs de l’esclavage du péché, lui seul est capable de nous sauver.

Le pouvoir royal du Christ consiste à libérer le coeur de celui qui veut être libéré. Ce brigand sans nom crucifié avec Jésus, cet homme anonyme que l’on désigne par l’expression de « bon larron » (par opposition au mauvais larron qui refuse le salut) devient le premier homme que Jésus canonise de son vivant ! En quelques paroles, l'assassin est devenu assez saint pour s'ouvrir une voie royale : Le Christ l'emmène dans son paradis. Et comme nous ne valons probablement pas moins que cet homme, nous avons l’immense consolation de savoir que ce paradis ne nous est pas inaccessible.

Eh bien, chaque fois que nous consentons à laisser le Christ libérer notre cœur par son pardon, nous participons à ce pouvoir royal. En recevant la parole du Christ, son pardon, nous allons à la source de ce pouvoir qui nous est donné de pardonner nous-mêmes à ceux qui nous offensent. C’est ce que nous disons dans la prière du Notre Père.

Aujourd’hui, 5 jeunes vont recevoir le sacrement de la confirmation. Ce sacrement qui fait d’un baptisé un témoin du Christ, grâce à l’Esprit-Saint, le Paraclet, le Défenseur, l’Avocat que le Seigneur Jésus Ressuscité envoya, le jour de la Pentecôte sur les Apôtres et qu’il continue d’envoyer sur l’Eglise, sur ses disciples, pour qu’à l’exemple des Apôtres, ils deviennent des missionnaires de l’Evangile.

Dans vos lettres, chers jeunes, je retiens quelques points importants que chacune d’entre vous a soulignés à sa manière, avec ses mots et là où elle en est dans son chemin de foi :

- La première chose c’est la relation à Dieu. Nous, chrétiens, nous ne pouvons pas parler de Dieu comme les juifs, les musulmans, ou d’autres croyants d’autres religions. Lorsque j’étais séminariste, notre professeur de théologie, pour nous provoquer, disait : « je ne crois pas en Dieu ! » ; il ajoutait aussitôt, je crois en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ! » Quant on prie, on comprend que le mot « Dieu » reste quelque chose de vague… Dans la prière, on s’adresse à quelqu’un : on parle au Père, on parle au Fils, on parle à l’Esprit Saint. Pour nous, Dieu a pris un visage : le visage de Jésus, qui nous a révélé le Père et qui nous a communiqué l’Esprit. Nous savons qui est Dieu. Nous le nommons. Si je ne prie pas, si je n’écoute pas le Seigneur, si je ne lui parle pas, alors Dieu reste une idée ; c’est quelqu’un de lointain.

- La deuxième chose importante dont vous avez fait l’expérience dans votre petit groupe d’aumônerie, c’est qu’on ne peut pas être chrétien tout seul ! Je vous l’ai déjà dit : un chrétien seul est un chrétien perdu ! Nous sommes dans une société qui, depuis le XVIIème siècle a fait une révolution copernicienne : Dieu était au centre, et on a mis l’Homme au centre. Le corollaire, c’est qu’on a vite fait d’oublier Dieu… Aujourd’hui, cet homme qu’on avait mis au centre, il est devenu un homme isolé, un individu qui ne finit par ne regarder que son nombril. Et la deuxième révolution en train de se produire c’est que cet homme, il va aussi être mis à la poubelle. Si Dieu n’existe plus, l’homme aussi finit par ne plus exister ! Pour nous chrétiens, il y a deux commandements qui sont indissociables : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute âme, de toutes tes forces et ton prochain comme toi-même. Et Jésus est allé plus loin en nous disant : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Le premier nom de l’Eglise, c’est la fraternité. On ne peut pas être chrétien tout seul ! Et l’autre nom de la fraternité pour nous, c’est la Communauté. C’est pour cela que j’ai tenu à ce qu’on cesse de parler de « secteur » pour désigner les paroisses ou les groupements de paroisses et qu’on parle de « communauté ». Ce qui nous intéresse ce ne sont pas des lieux, ce sont des personnes ! Mais la communauté, ce n’est pas donné ; il faut laisser l’Esprit-Saint la construire ! Qui est-ce qui fait l’Eglise ? C’est l’Esprit-Saint et nous.

- Troisième chose importante : l’Eglise n’existe pas si les disciples de Jésus ne sont pas en même temps missionnaires. Voilà pourquoi existe la confirmation. Nous avons besoin de l’onction de l’Esprit-Saint pour sortir de nos cénacles, pour recevoir la force d’En-Haut, nous avons besoin du souffle de l’Esprit pour avancer au large, nous avons besoin de la flamme de l’Esprit pour que nos cœurs brûlent du désir de connaître Jésus, de l’aimer plus que tout et de vouloir le faire connaître. Certains ne sont chrétiens que pour consommer de la religion à quelques moments importants de leur vie. Il ne faut pas les juger. C’est qu’encore ils n’ont pas rencontré Jésus ; ils ne connaissent qu’un Dieu lointain et impersonnel. Pour vous, chers confirmands, il ne doit pas en être ainsi. Aujourd’hui, vous recevez tout l’équipement nécessaire pour devenir des disciples-missionnaires ! Etre baptisé, c’est posséder le plus grand des trésors, celui de la foi, mais ce n’est pas pour le garder, c’est pour le distribuer, le partager aux autres. Comme le dit l’Ecriture : « par toute la terre s’en va leur message et leur parole jusqu’aux limites du monde ».

Frères et sœurs, que chacun de nous se demande : est-ce que la Parole de Dieu m’a converti et est-ce qu’elle a fait de moi le saint, la sainte que Dieu attend ? Amen.

 

 

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