9 mai 2018 - Solennité de l’Ascension du Seigneur — Diocèse de Tulle

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9 mai 2018 - Solennité de l’Ascension du Seigneur

Basilique Notre-Dame de la Garde - Marseille - (Pèlerinage diocésain)

Frères et sœurs, la solennité de l’Ascension nous invite à lever les yeux vers le ciel sans cesser de regarder la terre. Jésus est dans la gloire de Dieu sans cesser d’être avec nous. En lui, nous sommes déjà dans le ciel tout en étant encore sur la terre. Celui qui est « emporté au ciel » est celui qui venait du Ciel et qui a pris en lui notre humanité pour ne plus la quitter. Il entre dans la gloire du Ciel, c’est-à-dire la gloire de son Père, la gloire de Dieu, avec son humanité, donc avec son corps, son cœur, son esprit. En lui s’accomplit l’union du ciel et de la terre : le ciel est venu sur la terre et la terre est au ciel.

Ce ciel, où Jésus est entré pour nous en ouvrir le chemin, est un don de Dieu que nous recevons déjà ici bas en communiant à sa vie de ressuscité. Pour retourner au Père, Jésus a dû descendre « jusqu’en bas sur la terre », y vivre et y mourir, dans une incessante obéissance à la volonté de son Père. Sa glorification est le terme d’une œuvre que son le Père lui a donné de faire et qu’il a faite. Pour nous aussi le ciel est un don de Dieu à travers une œuvre qu’il nous donne à faire et qu’il nous accorde chaque jour la grâce de pouvoir faire. Le ciel définitif sera la plénitude des dons de Dieu que nous aurons accueillis, fait fructifier et partagés. Si nous ne recevons pas dans un accueil et une disponibilité les dons de Dieu, maintenant, comment pouvons-nous espérer le don ultime et définitif du Ciel ?

Le Ciel est là où est la pleine communion avec Dieu, Père, Fils et Esprit-Saint. En Jésus emporté au Ciel, notre terre a commencé à être le Ciel. Et si elle ne l’est pas encore totalement, c’est parce que trop de choses nous empêchent de communier à Dieu dans la connaissance et dans l’amour. Mais ce n’est pas parce que Jésus n’y serait pas. L’Ascension, loin de le rendre absent, l’a rendu présent à tous et pour tous.

Voilà pourquoi, frères et sœurs, notre regard de foi porté vers le ciel est en même temps regard de foi jeté sur la terre pour apprendre à y vivre avec Jésus, grâce à sa Parole, ses sacrements, grâce à la prière, à l’amour de nos frères et sœurs, à travers les péripéties et les évènements de notre vie et de ceux du monde. Le Christ est avec nous pour toujours : « je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Le ciel est déjà commencé. Nous avons peut-être de la peine à le croire, parce qu’il reste la souffrance, les divisions, la haine, le péché. Et pourtant, c’est vrai. La vie chrétienne est le lent et progressif apprentissage du ciel, en étant, au jour le jour, la vie avec le Christ présent à notre vie.

Jésus « emporté au ciel » nous révèle ce que doivent être nos relations humaines et notre vie en Eglise. Dans l’Eglise, nous apprenons à être citoyens du ciel en étant citoyens de la terre, donc à vivre les uns avec les autres dans un amour fraternel qui comporte nécessairement le pardon de Dieu et le pardon mutuel.

L’Ascension est aussi l’envoi en mission des disciples : « allez ! De toutes les nations faites de disciples » (Mt 28, 18-20). « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ! » (Mc 16, 15). Fête du Christ emporté dans la gloire du Ciel, l’Ascension est la fête de l’envoi de l’Eglise à la terre, à ses joies, ses souffrances, ses drames, pour l’appeler à découvrir que son vrai avenir est le Royaume de Dieu.

Voilà pourquoi, l’Ascension inaugure le temps du témoignage des baptisés que nous sommes : « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). En étant baptisés, nous avons reçu la lumière du Christ pour en être nous-mêmes éclairés et pour la porter au monde.

« Pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? » L’Ascension ouvre le temps du témoignage porté par les chrétiens au Christ qui nous appelle et qui appelle tous les hommes à vivre dès maintenant avec lui, grâce au don de l’Esprit-Saint. A cause de cette mission, nous pouvons, comme les disciples, « être remplis de joie » et « bénir Dieu »

Témoignent de l’Ascension les prêtres qui, par amour pour le Christ, cherchent à rejoindre les hommes et les femmes de ce monde pour leur dire à quelle dignité ils sont appelés et pour leur proposer la vie éternelle. Sont les témoins de l’Ascension les personnes consacrées qui choisissent le célibat pour le Royaume des cieux pour être les témoins du sens dernier de la vie. Témoignent de l’Ascension les laïcs qui veulent donner à la terre une autre saveur que celle de l’argent, de la puissance, de la jouissance sans amour, au risque de perdre leur tranquillité, leur situation, et, dans certains pays, leur vie. Les plus parfaits témoins de l’Ascension sont les martyrs passés et actuels qui consentent à donner leur vie, non parce qu’ils dédaignent la terre, mais parce qu’ils ne veulent pas renier Dieu et leur foi en lui, en se laissant dominer par ceux qui méprisent Dieu et méprisent les hommes.

Frères et sœurs, par le mystère de l’Eucharistie que nous célébrons, l’Ascension devient réalité pour nous. Le Christ vivant auprès du Père se rend présent et se donne dans le sacrement de son Corps et de son Sang, afin que notre vie terrestre soit dès maintenant habitée par la vie éternelle. La Vierge Marie qui, dans son Assomption, participe à la gloire de son fils, ne cesse pas d’avoir son cœur tourné vers nous, vers la terre des hommes. Elle est notre modèle à nous qui vivons sur la terre et qui déjà vivons du ciel. Amen.

 

 

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