samedi 28 avril 2018 - 1ères Vêpres du 5ème dimanche de Pâques — Diocèse de Tulle

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samedi 28 avril 2018 - 1ères Vêpres du 5ème dimanche de Pâques

Eglise de Rosier d’Egletons

 

« Aujourd’hui, vous êtes le Peuple de Dieu. Vous étiez privés d’amour, mais aujourd’hui Dieu vous a montré son amour »

Voilà bien, frères et sœurs, la source et la nature de notre identité chrétienne. Nous sommes nés de l’amour, nous sommes passés des ténèbres à la lumière, nous sommes devenus le peuple de Dieu. Mais quelle est donc la clef d’une telle transformation ? C’est le mystère pascal du Christ, c’est-à-dire la victoire de l’Amour. C’est l’amour de Jésus, offrant sa vie sur la Croix, qui a été capable de vaincre le mal, le péché et la mort, de transformer le Golgotha en Thabor, de faire de l’arbre mort de la croix l’arbre de vie éternelle. C’est cet amour qui nous saisit aujourd’hui pour faire de nous des témoins du Ressuscité, des disciples-missionnaires du Christ !

C’est cela, en fin de compte, le grand secret, caché depuis les origines et qui s’est révélé en la personne du Verbe incarné, du Rédempteur dans son mystère pascal, sa mort et sa résurrection. C’est le secret de l’Amour comme source inépuisable jaillissant de l’éternelle Trinité. Dieu est amour ! Et le sommet de cet Amour divin se dévoile sur la croix, par l’offrande unique et absolue de Celui qui est à la fois l’autel, le prêtre et la victime du Sacrifice qui sauve le monde.

Oui, cela a de quoi nous saisir, car nous ne l’avons pas mérité, pas plus que ceux qui nous ont précédé et ceux qui viendront après nous. Ce qui nous saisit c’est l’Amour et l’Amour totalement gratuit de Celui qui nous a aimés jusqu’au bout, alors que nous étions privés d’amour et que nous n’étions pas aimables.

Cet amour éternel, frères et sœurs, il nous rejoint aujourd’hui dans le mystère de l’Eglise, Corps du Christ, Peuple de Dieu, Temple de l’Esprit. L’Eglise qui, elle-même, est née du côté transpercé du Christ sur la Croix, de son Cœur blessé. Blessure qui devient blessure d’Amour. L’Amour trinitaire, l’Amour pascal du Christ nous rejoint dans et par le mystère de l’Eglise.

C’est un mystère qu’il nous faut toujours contempler en fixant nos regards sur la Croix glorieuse. On peut regarder l’Eglise avec les yeux de l’historien ou du sociologue et c’est parfaitement légitime et même nécessaire d’étudier l’histoire de l’Eglise. Mais ce qu’on voit alors est-il vraiment l’Eglise ? Oui et non. Oui, parce que l’Eglise s’incarne dans la vie des hommes et des femmes pécheurs qui la composent, tout au long de son histoire et qui partagent les conditions d’existence de leurs contemporains, avec ses heurs et ses malheurs, ses tragédies et ses aspirations au bonheur, à la paix, à la vie, avec ses angoisses et ses espoirs, ses joies et ses peines. Cependant, l’Eglise c’est plus que cela, sinon il y a bien longtemps que, comme les autres institutions humaines, comme les royaumes et les empires de l’histoire, ou les Républiques, elle se serait effondrée. L’Eglise est humaine, et elle est aussi, inséparablement, divine. De même qu’il y a deux natures dans le Christ – il est vrai Dieu et vrai homme – de même, par analogie, on peut dire de l’Eglise qu’elle est divine et humaine. « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle », dit saint Paul, dans l’épître aux Ephésiens. Et parce que le Christ aime l’Eglise, nous l’aimons nous aussi, nous qui sommes les membres de ce Corps.

Nous contemplons donc le mystère de l’Eglise, non pas comme des sortes de manichéens qui distingueraient une Eglise du bien et une Eglise du mal, une Eglise bonne et une Eglise mauvaise ; nous la contemplons comme l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique ; comme l’Eglise de la communion des saints, c’est-à-dire de ceux qui ont été plongés dans la mort et la résurrection du Christ par le baptême, qui sont devenus enfants de Dieu ; ceux du passé, du présent et même du futur, qui forment un seul Peuple dans le Christ. Certains ont atteint le but du voyage, d’autres sont en marche – c’est notre cas -, d’autres sont à naître. Telle est l’Eglise, et l’Amour du Christ nous saisit quand nous la contemplons. En elle, comme dans un miroir, nous contemplons ce que nous sommes et ce que nous sommes appelés à devenir : des saints ! C’est cela le pèlerinage de la foi : devenir ce que nous sommes par grâce, devenir des saints, mener à son parfait accomplissement l’œuvre de la grâce baptismale dans nos âmes. Et nous ne pouvons encore le faite que par le secours de la grâce !

Frères et sœurs, en cette église de Rosiers d’Egletons où tant et tant de frères et sœurs aînés dans la foi nous ont précédés ; en cette église où nous faisons mémoire des successeurs de Pierre, ces papes du XIVème siècle, originaires de cette terre limousine, qui ont conduit la barque de l’Eglise au milieu de la mer souvent agitée de l’histoire de leur temps, rendons grâce au Seigneur, Lui le seul Maître des temps et de l’histoire, qui nous saisit toujours de son Amour et nous confie d’en être les témoins et de le répandre autour de nous. Amen.

 

 

 

 

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