Samedi 29 septembre 2018 - Argentat — Diocèse de Tulle

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Samedi 29 septembre 2018 - Argentat

26ème dimanche Temps ordinaire – B

 

Frères et sœurs, la Parole de Dieu aujourd'hui vient peut-être bousculer quelque peu notre vision de l'Eglise, de la communauté paroissiale, du groupe de fidèles auquel nous appartenons, notre conception des charges qui nous ont été confiées, des responsabilités que nous exerçons. Ce côté dérangeant n'est d'ailleurs pas propre aux lectures de ce jour ; la Parole de Dieu ne nous laisse jamais tranquilles ; elle est, selon les mots de l'épître aux Hébreux, "plus tranchante qu'un glaive". Malheur à nous si nous l'écoutions d'une oreille distraite ou si n'en retenions que ce qui nous conforte dans nos idées, nos certitudes, nos convictions. Malheur à nous si elle ne changeait rien à notre vie, à notre façon de penser et nos manières d'agir. Habituellement, on choisit les livres qu'on veut lire ; on a ses auteurs préférés. Ca pourrait même être le cas avec les livres de la Bible, sauf que la liturgie nous évite de tomber dans cet esprit sélectif ; elle nous donne chaque jour, chaque dimanche à écouter une parole que nous ne choisissons pas.

Laissons-nous donc guider par celle d'aujourd'hui et demandons au Seigneur la grâce de nous laisser convertir par elle. Dans l'Evangile, comme dans la première lecture, on trouve deux situations comparables : celles d'hommes qui prophétisent ou font des miracles sans, pourrait-on dire, en avoir eu la permission, sans avoir été investis pour cela, et donc en dehors des cadres prévus. Il s'agit d'Eldad et Medad qui ne se sont pas rendus à la convocation de Moïse qui a pris une part de l'Esprit reposant sur lui pour le remettre à 70 anciens. Or voilà que ces deux énergumènes se mettent à prophétiser dans le camp ; et le récit précise bien que l'Esprit repose sur eux ! Dans l'Evangile, il est question d'un homme qui expulse les démons au nom de Jésus, alors qu'il ne fait pas partie des disciples de Jésus. Dans les deux cas, cela entraîne une vive réaction : de la part de Josué, très proche de Moïse, et de la part de Jean, très proche de Jésus. Ils voudraient que leur chef – Moïse et Jésus – fasse cesser ce qui leur paraît une usurpation de pouvoir. Il faut arrêter ces individus. Mais ni Moïse, ni Jésus n'entrent dans cette vision des choses. Moïse se réjouit qu'il y ait d'autres prophètes dans le peuple et il souhaiterait même que tout le peuple soit un peuple de prophètes. Quant à Jésus, il déclare que "celui qui n'est pas contre lui et contre le groupe des disciples est en fait pour lui et pour le groupe des disciples".

Frères et sœurs, ces deux exemples nous invitent – surtout si nous exerçons des responsabilités, petites ou grandes, dans nos communautés paroissiales – à nous demander à qui nous ressemblons : à Josué et Jean ou à Moïse et Jésus. Est-ce que nous avons plutôt tendance à récriminer en voyant des personnes venir marcher sur nos plates-bandes ou bien est-ce que nous nous réjouissons de voir de nouveaux ouvriers pour travailler à la Vigne du Seigneur ?

Aujourd'hui, frères et sœurs, il y a parmi nous, non pas Eldad et Medad, mais M. Vincent Vallaeys, qui n’est pas un intrus, mais le nouveau chef d’Etablissement coordinateur de l’Ensemble scolaire Jeanne d’Arc. Il nous vient de l’Ensemble scolaire Edmond Michelet de Brive où il a enseigné et exercé diverses responsabilités. Je le remercie d’avoir accepté cette nouvelle mission de direction, ici, à Argentat. Le directeur diocésain de l’Enseignement catholique, M. Stéphane Nouvel, ici présent, et moi-même avons souhaité que son envoi en mission se fasse, comme il se doit, au sein de la Communauté paroissiale d’Argentat. En effet, l’Ecole catholique n’est pas un en soi, un enclos, isolé de la paroisse, de la Communauté chrétienne, mais une œuvre qui fait partie intégrante de cette Communauté, même si plusieurs de ses élèves et de ses enseignants ne viennent pas du sein de la Communauté ou n’habitent pas ici. Mais ce ne sont pas les seuls dans ce cas, puisque vous recevez aussi un nouveau pasteur, le P. Yarek, qui vient lui aussi d’ailleurs, et que parmi les membres de la Communauté, il y en a aussi qui sont venus d’ailleurs. Dans l’Eglise, il n’y a pas de frontières ! Et personne ne doit se sentir étranger dans une Communauté chrétienne, même s’il n’est pas né là, même s’il vient de loin, même s’il n’habite pas là.

Comme vous le savez ou comme vous ne le savez pas, le chef d’Etablissement d’une Ecole catholique, en France, outre sa charge éducative, pédagogique, administrative, et matérielle, reçoit aussi la mission de responsable pastoral dans son Ecole. C’est dire qu’au titre de cette mission pastorale, lui incombe la responsabilité de promouvoir l’animation pastorale de son Etablissement, en cohérence avec la vie de l’Eglise diocésaine et la vie paroissiale. Bien sûr, il ne doit pas porter seul cette charge. Il doit s’entourer de personnes au sein de l’Ecole et constituer avec elles un Conseil pastoral. Il doit pouvoir aussi compter sur l’aide du prêtre référent qui sera ici le curé de la paroisse, aidé par le diacre David qui est en stage pastoral à Tulle.

L’Eglise a toujours accordé une très grande importance à l’œuvre d’éducation de la jeunesse, et voilà pourquoi, elle a cherché à créer ses propres Ecoles et qu’elle a bien souvent été pionnière en matière d’enseignement et d’éducation, avant que l’Etat n’organise l’Ecole gratuite pour tous et la rende obligatoire. Aujourd’hui, l’Ecole catholique se conçoit elle-même comme associée au service public, mais avec son caractère propre. Elle est catholique dans tous les sens du terme, c’est-à-dire ouverte à tous, universelle, mais sans renoncer à son identité propre et donc aussi sa mission de proposer la foi. Alors qu’il est bien difficile aujourd’hui d’atteindre les jeunes des Ecoles publiques, l’Ecole catholique est une chance, une grâce pour l’Eglise. Je m’en rends compte lorsque je célèbre le sacrement de la Confirmation, car un bon nombre de jeunes qui le reçoivent viennent de nos Etablissements, surtout dans la ville de Brive qui compte plusieurs Ecoles catholiques et de nombreux élèves. Je constate aussi que, dans les Ecoles primaires, un nombre non négligeable d’enfants non baptisés demandent à recevoir le baptême et y sont préparés.

Il y a cependant beaucoup à faire encore pour que les Ecoles catholiques travaillent de concert avec la Communauté paroissiale. Par le passé, trop souvent, ces deux mondes se sont ignorés, pour diverses raisons et il ne faut jeter la pierre à personne, ni aux Etablissements ni aux paroisses. C’est donc un geste symbolique que j’envoie aujourd’hui en mission M. Vincent Vallaeys dans cette Eglise paroissiale, pour signifier cette communion qui doit exister entre la paroisse et l’Ecole catholique, même si cette dernière constitue elle-même une Communauté dite « éducative ». Elle est une Communauté particulière à l’intérieur de la grande Communauté paroissiale. L’Ecole ne peut pas attendre que la paroisse assure à sa place l’animation pastorale de l’Etablissement ; et la paroisse ne peut pas exiger que la pastorale paroissiale englobe la pastorale de l’Ecole et encore moins qu’elle se confonde avec elle. Il faut que les deux apprennent à se parler, à se rencontrer, à travailler de concert parce que l’une ne peut pas être étrangère à l’autre. Je sais bien que ce n’est pas le cas, mais on peut toujours faire des progrès !

Je vous exhorte donc comme évêque, quelles que soient vos convictions – et elles sont respectables – à construire et entretenir la communion ecclésiale entre paroisse et Ecole et à collaborer, en bonne intelligence, pour la pastorale de la jeunesse. Le temps n’est plus à la concurrence mais à la mise en commun de nos diverses richesses et aussi de nos pauvretés… Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, dans une Eglise fraternelle, missionnaire et appelante. Amen.

 

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