28 août 2018 - Journée de rentrée des Chefs d’Etablissement de l’Enseignement catholique — Diocèse de Tulle

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28 août 2018 - Journée de rentrée des Chefs d’Etablissement de l’Enseignement catholique

Mardi 21ème sem. du Temps ordinaire

 

 

 

 

 

Frères et sœurs, que ou qui cherchons-nous et pourquoi le cherchons-nous ?

Le cœur de l’homme est compliqué. Ce qu’il découvre ne lui suffit pas ; il cherche encore autre chose, du nouveau, du différent, de l’inédit… Et quand il trouve de la nouveauté, celle-ci lui paraît vitre trop ancienne et il cherche encore ailleurs… C’est une sorte d’éternel insatisfait ! Peut-être en est-il ainsi parce qu’au fond de lui-même, il y a ce désir enfoui d’une quête absolue, celle de son origine, de l’Auteur de cette origine, de son Créateur et Sauveur. N’est-ce pas ce qu’avait découvert saint Augustin et qu’il a traduit dans ces mots bien connus : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi » ?

Ce désir de l’Absolu, inscrit dans notre âme par notre Créateur, peut certes nous entraîner dans toutes sortes de quêtes, dont certaines se révèleront futiles et vaines, d’autres encore peut-être comme des portes ouvertes sur un chemin vers la Vérité, la Beauté, la Justice, et certaines, enfin, comme des illuminations pour une découverte authentique du vrai Dieu.

Nos contemporains et nous-mêmes bien sûr, pouvons nous reconnaître dans l’admirable miroir que saint Augustin a légué à la postérité dans le célèbre livre des Confessions où il relate sa propre recherche de Dieu. Lui, le plus grand rhéteur de son temps, erra longtemps, de fausses doctrines en fausses doctrines, cherchant partout ce qui pourrait assouvir sa faim de vérité et sa soif d’absolu. Il résume ainsi l’état de son âme : « balloté, dispersé, je me dissolvais… Tu te taisais alors, mon Dieu, et moi je m’en allais, loin de toi, vers encore et encore d’autres stériles semailles de douleur, dans une orgueilleuse abjection et une inquiète lassitude » (Conf. II, 2).

Le malheur d’Augustin – avant sa lumineuse rencontre avec saint Ambroise, l’évêque de Milan, qui va lui expliquer les Saintes Ecritures – son malheur c’était, comme il le confesse, de vouloir trouver la vérité par lui-même et ainsi de se fourvoyer dans toutes sortes d’impasses. Son attitude, on la qualifierait aujourd’hui de “zapping” intellectuel et affectif. Rien de ce qu’il explorait dans les sagesses ou les doctrines des anciens ne parvenait à combler l’immense désir de Vérité et de Beauté qui habitait son cœur.

En fait, comme saint Augustin – mais avec moins de génie que lui – nos contemporains et parfois nous-mêmes, nous cherchons en dehors de nous-mêmes, ce qui est pourtant caché au plus profond de notre cœur. Lorsqu’enfin Augustin découvrit ce trésor caché dont parle les évangiles, cette perle de grande valeur pour laquelle on est prêt à vendre tous ses biens, il put écrire : « Bien tard, je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t’ai aimée ! Voici que tu étais au-dedans, et moi au dehors, et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec Toi ; elles me retenaient loin de Toi, ces choses qui pourtant si elles n’existaient pas en Toi, n’existeraient pas ! Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j’ai respiré et, haletant, j’aspire à toi ; j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix » (Conf. X, XXVII, 38).

Frères et sœurs, puissions-nous tenir nos âmes éloignées de la vaine quête où nous enferme le zapping d’aujourd’hui, pour que nous parvenions à découvrir, à l’exemple de saint Augustin, la contemplation de la Beauté de Dieu, la délectation de sa Vérité et nous rassasier de l’Amour qu’il veut répandre en nos cœurs ! Et puissions-nous, comme éducateurs, comme responsables de la pastorale dans nos Ecoles catholiques, avoir à cœur de le faire découvrir aux jeunes qui nous sont confiés, en les aidant à cultiver l’intériorité, alors que tout les pousse à la dispersion, au « divertissement » (pour parler comme Pascal), à la superficialité, au provisoire. Cela suppose que nous soyons nous-mêmes des hommes et des femmes d’intériorité, plus attachés à être qu’à paraître. L’évangile de ce jour met en opposition, à travers l’attitude des pharisiens, l’extérieur et l’intérieur de nous-mêmes, pour nous appeler à une purification intérieure. Comme parents, comme éducateurs, comme prêtres, comme évêques nous sommes attachés à donner le bon exemple et c’est une bonne chose, mais cet exemple, nous le savons bien, ne peut pas être seulement quelque chose d’extérieur, des apparences. Le meilleur exemple vient toujours de la cohérence qu’il y a dans notre vie entre ce que nous donnons à voir et ce que nous sommes en vérité au fond de nous-mêmes. Grandir en sainteté, c’est laisser au Seigneur la plus grande place dans notre cœur, de telle sorte que ce que nous donnons à voir ne soit pas surfait, mais l’image de notre âme habitée par la charité divine qui, telle un brasier ardent, nous purifie, comme l’or est purifié au creuset, pour reprendre une image biblique bien connue.

C’est une belle grâce que de commencer la nouvelle année scolaire et, plus immédiatement cette journée de travail, par la célébration de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. C’est encore une grâce de faire mémoire de saint Augustin, philosophe et théologien de l’intériorité, de la recherche et de la contemplation de la Vérité, qui n’est pas une idée mais une personne, celle de Jésus-Christ, Chemin, Vérité et Vie. Par son intercession, demandons la grâce de chercher à demeurer en Dieu, de nous laisser habiter de sa Présence, au travers de toutes nos activités, de tous nos soucis et préoccupations, pour qu’il nous purifie et nous rende aptes à être ses témoins auprès de ceux qu’ils nous confie ou qu’il met sur notre route. Amen.

 

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