Samedi 25 août 2018 - Meyssac — Diocèse de Tulle

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Samedi 25 août 2018 - Meyssac

21ème dimanche TO / B

 

Les paroles de Jésus sur le Pain de vie ont semé le doute dans l’entourage du Maître. Les foules qui le suivaient avec enthousiasme semblent tomber dans une sorte de désillusion amère. Après la promesse déconcertante de Jésus de leur donner sa chair à manger, voilà que les murmures de ces foules deviennent contagieux et atteignent même le groupe des disciples. Plusieurs renoncent à suivre le maître et s’éloignent de lui, à partir de ce moment. L’heure est grave, puisque cette situation suscite une interrogation de Jésus à l’encontre du groupe encore plus restreint des Douze : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Mais là, la réponse de Pierre, au nom du groupe, est sans ambiguïté : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».

La première lecture nous rapporte aussi un moment décisif et hautement dramatique de l’histoire d’Israël. Dieu avait choisi le peuple hébreu, il l’avait tiré de l’esclavage d’Egypte, il l’avait soulevé et porté comme sur les ailes d’un aigle, le comblant de dons, avec tendresse et miséricorde. Et au moment où ce peuple est sur le point de prendre possession de la terre promise, le Seigneur va exiger d’eux un choix clair, une ferme décision : « choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : le Seigneur Dieu ou les dieux étrangers ? ». S’il s’agit ainsi de se déterminer, c’est que certains dans ce peuple sont tentés de suivre les dieux des Amorites qui sont bien moins exigeants – il semble qu’il suffise de leur sacrifier quelques agneaux pour obtenir leurs faveurs… Ce jour-là la réponse du peuple, lors de l’assemblée historique de Sichem, va pourtant être radicale : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! ». Et ainsi, le peuple put entrer dans la Terre promise.

Frères et sœurs, nous aussi, nous avons été choisis par le Seigneur quand il nous a appelés à la vie et nous a insérés dans la famille de l’Eglise, lors de notre baptême, et quand nous avons été admis à la table de l’Eucharistie. Nous avons alors renoncé à Satan et à ses œuvres, nous avons décidé de ne pas céder à la séduction des idoles, mais de servir fidèlement le Seigneur. Et pourtant, nous sommes bien obligés de constater que si lui, le Seigneur, demeure fidèle, nous sommes, nous, menacés de tomber aisément dans la compromission, de servir deux maîtres à la fois… La tentation est grande pour bon nombre de baptisés de naviguer dans les eaux troubles du mélange de la fidélité et de l’infidélité, de l’adoration et de la superstition, de l’Evangile et de l’horoscope, de la dévotion aux saints et de l’adhésion tacite à toutes sortes de mythologies à la mode… Notre risque n’est peut-être pas de devenir incroyants, mais idolâtres !

Nous vivons à une époque où il n’est plus possible d’être chrétien par habitude, par simple tradition, par convenance ou convention sociale. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes placés devant la demande dramatique de Jésus : « allez-vous partir, vous aussi ? ». Une fois par an au moins, l’Eglise nous invite à renouveler solennellement les promesses de notre baptême, lors de la nuit de Pâque. Et à chaque eucharistie dominicale, par le Credo, nous redisons notre foi. Et nous avons besoin de prononcer ces paroles pour fortifier notre foi et être fidèles à la grâce de notre baptême. Mais une chose est de proclamer la foi de l’Eglise et une autre d’y adhérer très concrètement lorsque se présente la mise à l’épreuve, la nécessité de faire des choix clairs et fermes, soit à la maison, soit au travail, dans les loisirs, à l’hôpital, etc… Aujourd’hui, la nécessité de ce choix radical – être pour le Christ ou contre le Christ – est plus que jamais nécessaire, car nous ne pouvons pas demeurer comme impuissants et résignés devant la crise culturelle, sociale et morale qui affecte gravement nos sociétés. Nous vivons un temps où être chrétien ne va plus de soi, où être chrétien recommence à coûter, et si cela rend nos choix plus difficiles et exigeants, sachons aussi que cela rend notre foi encore plus précieuse et féconde. Que notre « oui » soit « oui », que notre « non » soit « non » ! La cause de l’Evangile ne s’est jamais accommodée de la tiédeur – les paroles de Jésus à ce sujet sont même très explicites –, mais il est des situations historiques, comme celle que nous vivons, où le témoignage devient plus exigeant, plus radical et où il faut accepter de faire des choix, comme celui que firent les hébreux lors de l’Assemblée de Sichem ou les Apôtres au moment où tout le monde abandonnait Jésus. Mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas de choix idéologiques, il ne s’agit pas de croisades contre des ennemis de la foi, il s’agit d’être conséquents dans nos actes avec la foi que nous proclamons, il s’agit de suivre Jésus parce qu’il est « le chemin, la vérité et la vie ». Nous pouvons vraiment compter sur la fidélité du Seigneur.

Aujourd’hui, votre évêque est heureux de venir à Meyssac pour manifester la reconnaissance de l’Eglise – celle des Communautés de Meyssac et de Beaulieu, celle de l’Eglise diocésaine – envers deux d’entre vous qui ont servi cette Eglise en assurant le service de la sacristie, si précieux pour les prêtres et pour le bon déroulement des célébrations. Madame Fernandez et Mme Cox, l’Eglise ne vous donne pas une récompense, et d’ailleurs, ce n’est pas ce que vous attendez. Vous avez accompli votre tâche avec désintéressement, pour servir Dieu et votre prochain, dans un service très humble et même caché – celui de la sacristie – mai sans lequel le culte, la sainte liturgie ne pourrait pas avoir lieu. Vous avez donc été indirectement mais bien réellement au service de la liturgie, dont le Concile dit qu’elle est la Source et le sommet de la vie chrétienne. Vous avez servi humblement et vous avez servi fidèlement. Dimanche après dimanche, célébration après célébration, vous avez été, l’une à Meyssac, l’autre à Beaulieu, ces personnes sur lesquelles le prêtre sait qu’il peut toujours compter, qu’elles seront là et que tout sera prêt pour célébrer la messe et les autres sacrements, et aussi pour la célébration des obsèques. Vous n’étiez pas à l’autel, vous n’étiez pas à l’ambon, vous n’étiez pas au premier rang ; pour ainsi dire, on ne vous voyait pas, mais vous étiez là, en servantes du Seigneur, un peu comme Jésus, Marie et Joseph, pendant les trente années de vie cachée à Nazareth… La sacristie n’est pas le sanctuaire, mais pour que la liturgie se déroule dans le sanctuaire, il faut que quelqu’un prépare les hosties, le vin, les livres, les nappes, les cierges, etc… Pour que la liturgie soit belle – et elle doit l’être, car elle est pour nous tous l’anticipation de la liturgie céleste – il faut que l’espace liturgique soit propre, bien entretenu, bref soit digne, car c’est un espace sacré où sont célébrés les mystères de notre salut.

Madame Fernandez, Madame Cox, vous n’avez rien demandé, mais votre curé a pensé que lui-même et vos communautés respectives pouvaient vous manifester une reconnaissance particulière ; c’est le sens de la médaille, dite du « mérite diocésain » que je vous remettrai à la fin de la messe. C’est le signe de notre reconnaissance et une manière officielle de vous dire merci. Et comme évêque, je m’associe avec joie au merci des communautés que vous avez servies. L’heure est venue pour vous de « rendre votre tablier », comme on dit, mais je suis sûr que, d’une autre manière, maintenant, vous continuez de servir, par le service de la prière, qui lui aussi est un service qui ne se voit pas, mais qui est sans doute le plus efficace car, lorsqu’on prie, c’est à Dieu seul qu’on s’en remet, c’est sur lui seul qu’on compte, pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel et que son Règne arrive. Amen.

 

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