18 mars 2018 - 5ème dimanche de Carême – B — Diocèse de Tulle

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18 mars 2018 - 5ème dimanche de Carême – B

Communauté corrézienne de Paris - Chapelle des Sœurs oblates de l’Assomption

Frères et sœurs, comme il est beau et louable le souhait des hellénistes montés en pèlerinage à Jérusalem pour adorer pendant les fêtes de la Pâque ; il s’exprime en quelques mots très simples et directs adressés à l’Apôtre Philippe : « nous voudrions voir Jésus ». Ils ont sûrement entendu parler de Jésus et peut-être veulent-ils se faire une opinion sur ce personnage. On peut aussi comprendre qu’ils sont en admiration devant tout ce qu’on leur a dit au sujet de Jésus et qu’ils ont un désir profond de le voir pour mieux le connaître et peut-être pour devenir ses disciples.

« Nous voudrions voir Jésus ». Philippe qui reçoit cette demande est originaire de Bethsaïde, dans la Galilée, carrefour des nations. Si on vient vers lui, ce n’est pas parce qu’il est connu, mais certainement parce que son origine l’a rendu attentifs à ces grecs venus à Jérusalem pour la fête de Pâque. Il est probablement allé vers eux et il est entré en conversation avec eux ; il leur a sans doute parlé de son Maître, Jésus de Nazareth. N’est-ce pas lui qui a parlé de Jésus à Nathanaël et a réussi à le conduire à Jésus malgré son scepticisme (« que peut-il sortir de bon de Nazareth » ?). Non seulement Philippe lui annonce le Christ, mais il l’invite à faire lui-même une expérience personnelle de ce qu’il a annoncé. Philippe est un missionnaire. Nous pourrions nous demander en quoi et comment nous lui ressemblons. Est-ce que notre manière de vivre en chrétien provoque chez ceux que nous rencontrons le désir de se questionner au sujet de la foi, au sujet de Jésus, au sujet de Dieu ? Est-ce que nous entrons en conversation avec nos contemporains pour leur parler de l’Evangile et pour les conduire jusqu’à Jésus ?

On peut encore préciser autre chose au sujet de Philippe. L’Evangéliste saint Jean, dans une autre page, rapporte qu’un jour Philippe demande à Jésus : « montre-nous le Père ! ». Et vous vous souvenez de la réponse de Jésus : « Philippe, qui me voit, voit le Père ». Il y a donc une belle relation à établir entre cette parole du Christ et la demande des Grecs : « nous voudrions voir Jésus ». Saint Jean nous suggère de comprendre que ces Grecs qui sont venus adorer Dieu au Temple de Jérusalem, ne peuvent pas mieux le faire qu’en découvrant le visage du Messie, le visage de Jésus. En voyant Jésus, en le rencontrant, en le reconnaissant, ils verront Dieu, ils verront le Père !

C’est vrai aussi pour nous. Plus nous connaissons le Christ en personne, plus nous découvrons son humanité et sa divinité, son mystère, sa beauté, plus nous découvrons qui est notre Père : « qui me voit, voit le Père ».

Dans nos sociétés qui vivent comme si Dieu n’existait pas, il y a pourtant beaucoup de personnes qui sont en quête d’une découverte de Dieu, qui cherchent au moins un sens à leur propre existence. Il y a aussi des personnes qui disent croire vaguement en un dieu, mais qui n’entrent pas en relation avec lui, qui ne l’adorent pas, ne le prient pas, ne le suivent pas… Eux aussi ont besoin de disciples-missionnaires comme Philippe, pour leur faire rencontrer le Christ, même s’ils ne sont pas capables de formuler leur désir de voir Jésus.

Lors de la prochaine Vigile pascale, dans quinze jours, à la cathédrale de Tulle, je donnerai les sacrements de l’initiation chrétienne – baptême, confirmation, eucharistie – à douze adultes qui se préparent, depuis au moins deux ans, à accueillir la vie divine et à faire leur entrée dans l’Eglise. Parmi ces catéchumènes, il y a 3 jeunes de 20 ans. Il y a aussi un couple de convertis qui viennent de l’Islam et qui déjà sont comme des Philippe qui ne craignent pas de parler, autour d’eux, de Jésus, Fils de Dieu. Ces catéchumènes ont accueilli la grâce divine du salut, ils ont rencontré Jésus, par des chemins très variables pour chacun et chacune d’entre eux. Mais, on peut dire que tous ont eu besoin d’un Philippe pour leur parler de Jésus, pour leur faire découvrir son visage.

Ainsi, frères et sœurs, nous pouvons nous interroger sur la manière dont notre vie rend compte de la réalité vécue par Jésus, telle qu'il nous la partage. Comment notre façon de vivre manifeste-t-elle que nous sommes de ceux qui suivent Jésus, servent Jésus, annoncent Jésus, conduisent d’autres à Jésus, c'est-à-dire comment sommes-nous de ceux et celles qui essayent de mettre en œuvre l'amour dont Jésus lui-même nous a aimés jusqu'à la Croix ? Comment notre vie montre-t-elle que nous sommes plus préoccupés de l'amour de nos frères et sœurs que de la sauvegarde de notre propre vie ? D'ailleurs, Jésus n'a-t-il pas dit : "Celui qui veut sauver sa vie la perd" ? Autrement dit, acceptons-nous d'être entraînés dans ce mouvement d'amour du Christ qui nous conduit à nous oublier nous-mêmes par amour de Dieu et de nos frères et sœurs, et qui nous rend libres par rapport à toutes les contraintes et tous les conditionnements de nos existences ? Le temps du Carême doit nous permettre de vérifier si nous sommes suffisamment entraînés dans le dynamisme de l'amour pour qu'à travers notre façon de vivre au quotidien les hommes et les femmes que nous côtoyons comprennent que l'offrande que Jésus fait de sa vie n'est pas achevée au Golgotha mais qu'elle se poursuit aujourd'hui grâce au don que nous faisons de notre vie, même si c'est bien sûr à une autre échelle et d'une autre manière. De notre manière de vivre dépend pour une part le fait que l'amour soit plus fort que la mort et que la Résurrection du Christ soit offerte à tous les hommes.

En acceptant, en ce temps de Carême, de nous détacher de quelque chose, qu'il s'agisse de biens, de souvenirs, de diverses sortes de choses qui rendent la vie difficile ou même de certains traits de caractères ou de tempérament, nous parvenons à nous oublier un peu pour penser réellement aux autres.

Prions le Seigneur pour qu'il nous entraîne dans le sillage et le mouvement de son amour sans limites et qu'il ouvre notre vie à l'amour de tous nos frères. Qu'à travers nous, les hommes et les femmes découvrent que Dieu attire à lui tous ceux qu'il appelle par le don qu'il fait de sa vie. Amen.

 

 

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