16 novembre 2018 - Fête de Ste Geneviève avec la Gendarmerie — Diocèse de Tulle

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16 novembre 2018 - Fête de Ste Geneviève avec la Gendarmerie

Cathédrale de Tulle

Chers amis,

 

C’est avec estime et respect pour ce que vous êtes et ce que vous représentez pour l’Etat et pour notre Nation que j’ai l’honneur de m’adresser à vous et de vous exprimer d’abord toute ma reconnaissance pour le service que vous accomplissez pour le bien de tous, pour la sécurité de tous, pour la paix de tous.

A une époque où les désirs individuels, les revendications catégorielles semblent souvent primer sur l’intérêt général, dans un temps où les individus voudraient parfois voir ériger en loi universelle leurs intérêts particuliers, dans nos sociétés où chacun est prompt à faire valoir ses droits sans guère se soucier de ses devoirs, les grandes institutions – l’armée en est une – sont encore des repères solides, en particulier pour notre jeunesse, du fait même que ceux qui servent dans ces institutions, oeuvrent pour le bien commun, pour le bien de tous, souvent avec courage et abnégation ; c’est votre honneur et c’est votre responsabilité. Soyez-en remerciés et soyez-en fiers. Permettez-moi aussi de vous assurer de ma prière à toutes vos intentions, et aussi pour vos familles, vos conjoints, vos enfants. Je connais plusieurs épouses de militaires – j’en ai même parmi mes collaboratrices – et je sais ce que peuvent représenter les sacrifices qu’elles font parfois et aussi les sentiments qui peuvent les habiter à certaines heures lorsqu’elles savent leur conjoint en train d’accomplir des missions difficiles et risquées.

C’est une joie, chers amis, de fêter ensemble votre sainte patronne, Geneviève. Cette noble figure a de quoi vous remplir d’admiration et vous stimuler dans l’humble et banal quotidien comme aux heures où dans vos vies le mot « sacrifice » peut prendre tout son sens. Sainte Geneviève, en effet, se signale par sa lucidité, sa détermination et son courage. Mais, on ne serait pas honnête ou du moins dans la vérité si on omettait de dire que ses qualités humaines remarquables trouvaient leur source dans sa foi chrétienne. C’est là qu’elle puisait sa force intérieure, laquelle lui permettait de faire de l’épreuve une occasion de progresser vers le bien, de trouver un chemin pour se mettre au service des autres, de sa ville, de son pays.

A Sainte Geneviève peuvent s’appliquer bien des enseignements que nous donne la Sainte Ecriture dans les lectures que nous venons d’écouter. Elle fait partie de ces enfants dont l’apôtre saint Jean dit qu’ils marchent dans la vérité selon le commandement reçu de Dieu. Et ce commandement est celui de l’Amour. Le bonheur de sainte Geneviève fut avant tout de se savoir aimée de Dieu qui est Amour, et d’aimer Dieu « de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces ». Sa devise a été : ne rien préférer au Christ. C’est ce qui l’a préservée de l’idolâtrie, de ces faux dieux qui ont pour nom l’argent et le pouvoir, lorsque, de simples moyens, ils deviennent des fins et des absolus, faisant succomber l’homme aux mirages de la vaine gloire et des réussites éphémères. N’est-ce pas contre cela que l’Evangile de ce jour nous met en garde, en nous invitant à regarder l’espérance finale, celle de la vie éternelle ? Jésus évoque « les jours de Noé où l’on mangeait, où l’on buvait, où l’on se mariait, jusqu’au jour où survint le déluge ». Non pas que manger, boire ou se marier soit mauvais ; bien sûr que non. Mais ce qui est problématique, c’est l’insouciance dans laquelle peut se dérouler l’existence humaine, comme si le seul but, la seule préoccupation étaient l’aujourd’hui, sans se préoccuper du sens que nous donnons à nos actions, à nos désirs, à nos choix, à notre avenir. Dans votre métier, qui est plus qu’un métier, vous savez bien qu’il est important d’être ‘sûr de soi’, mais pas au point d’être téméraire ou de se croire invulnérable. Ce serait à coup sûr une fragilité et un danger que de se croire tout-puissant. Geneviève ne risquait pas de tomber dans cette attitude présomptueuse. C’était même l’inverse : elle se savait faible et fragile. Et reconnaître cette faiblesse devint une lumière pour elle, l’incitant à s’appuyer sur Celui qui, dans l’Evangile, se présente comme « le chemin, la vérité et la vie ». En des heures particulièrement difficiles, voire tragiques, c’est cette confiance en la puissance divine qui lui permit de fédérer les énergies, de ranimer les courages et de forger l’unité d’un peuple. Elle parvint à renverser le défaitisme des parisiens.

Vous êtes venus ce matin dans cette cathédrale, même si je sais bien que vous n’êtes pas tous croyants. Il n’empêche que vous y êtes venus librement et que vous en repartirez tout aussi librement. Personne ne vous a demandé vos papiers pour entrer ! D’ailleurs personne ne songe à demander à un gendarme ses papiers ! Et, si un jour on se mettait à le faire, c’est qu’il n’y aurait plus de gendarmerie ! Alors, j’aurais envie de vous dire : ne demandez pas à Dieu ses papiers ! Faites-lui confiance ! Ne lui demandez pas de faire ses preuves !

Ce n’est pas moi qui vous dirai de chercher Dieu. Il y a des gens qui passent leur vie à chercher Dieu et qui ne le trouvent jamais ! En revanche, je vous donnerai volontiers le conseil suivant : laissez-vous chercher par Dieu, laissez-vous trouver par Lui ! Ca change tout de voir les choses ainsi. D’autant que vous êtes plutôt portés à chercher des preuves, à enquêter... Mais avec Dieu, ça ne marche pas comme ça, car Dieu n’est pas un objet d’investigation. Il est un don ! C’est lui qui se donne à nous si nous lui ouvrons la porte de notre coeur, une petite porte, ne serait-ce qu’une fissure. Dieu est toujours à la porte de nos coeurs, comme un mendiant, un mendiant de l’amour.

C’est ce qui se passe à chaque messe. Nous n’avons rien à offrir, nous n’avons qu’à recevoir. C’est lui qui s’invite à notre table, c’est lui qui nous sert, c’est lui qui se donne à nous dans le pain et le vin de l’eucharistie qui deviennent pour nous son Corps et son Sang, notre nourriture pour la vie éternelle.

Seigneur, ouvre nos coeurs à ta Parole, ouvre nos coeurs à ton Amour ! Amen.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

 

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