7 décembre 2018 - Vendredi 1ère semaine de l’Avent — Diocèse de Tulle

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7 décembre 2018 - Vendredi 1ère semaine de l’Avent

Mémoire de saint Ambroise - Journée de formation des prêtres

         Tous ces jours-ci, féries du temps de l’Avent, nous lisons le prophète Isaïe qui proclame les oracles du Seigneur, lesquels évoquent un temps proche où arriveront des évènements en apparence invraisemblables, comme ce fait que les sourds entendront, que les aveugles verront, que les malheureux exulteront dans le Seigneur, un temps nouveau où le règne des méchants prendra fin, etc…

         Que pouvaient bien penser les auditeurs du prophète en entendant ce genre de prophéties ? Que ce prophète était un illuminé ? Ou encore que ce n’était pas demain la veille que tels prodiges, de tels miracles se produiraient.. ?

         Ces temps nouveaux annoncés par le prophète, ils sont venus lorsque le Messie est entré dans le monde, lorsque le Fils de Dieu a revêtu la condition humaine, qu’il est venu vivre et mourir en ce monde. N’a-t-il pas dit lui-même, dans la Synagogue de Nazareth, en lisant ce même prophète Isaïe : « c’est aujourd’hui que cette parole s’accomplit ! » Et c’est vrai qu’il a réalisé de nombreux miracles, de nombreux signes, comme celui que nous rapporte l’évangile de ce jour : la guérison de deux aveugles. Il s’est présenté lui-même comme la présence du Règne de Dieu en ce monde : « le Royaume est parmi vous ». Mais qu’ont pensé les foules de son temps ? Quelques-uns ont cru en lui, comme ces deux aveugles dont les yeux se sont ouverts parce qu’ils ont cru, et qu’après avoir été guéris, ils ont rendu témoignage. Mais beaucoup ont été déçus parce que ce Jésus, après tout, n’était que le fils de Marie et de Joseph de Nazareth… Et que pouvait-il sortir de bon de ce village perdu de la Galilée ? Ce Jésus avait beau dire et beau faire, il n’était pas le Messie qu’ils attendaient, dont ils avaient rêvé. Et d’autres ont même vu en lui un usurpateur, un blasphémateur.

         Aujourd’hui, à notre tour, nous entendons les paroles d’Isaïe et nous entendons les paroles de Jésus. L’Eglise nous ouvre le livre des saintes Ecritures qui, encore, nous parlent de « temps nouveaux ». Et la liturgie a ce pouvoir d’actualiser pour nous le mystère du salut en Jésus-Christ, parce qu’il agit lui-même dans les sacrements, qu’il met sa Pâque au présent et nous ouvre le Royaume dans son déjà-là et son pas-encore…

         Et pourtant, quel contraste, mes amis, avec ce que nos yeux voient et nos oreilles entendent tous les jours ! Quel contraste avec le spectacle du monde ! Où est donc, pourrait-on se demander, ce Liban qui se change en verger ? Où est donc le loup qui mange avec l’agneau ? Où sont donc les lances et les glaives qui devaient se transformer en socs pour les charrues et en serpes pour la moisson ? CE que nous voyons, c’est le spectacle de la violence et de la souffrance, les ténèbres qui semblent s’élargir, même là où les promesses du progrès et de l’opulence semblent arriver au terme de leur arrogance, comme si la technique, l’argent, les progrès et tous les artifices humains étaient arrivés à leur paroxysme et qu’il n’y avait plus grand chose à espérer… Des milliers et des milliers de victimes de l’épais mensonge de la consommation semblent désemparées. J’entendais, il y a quelques jours, la directrice du FMI dire que monde risquait d’entrer dans un nouvel âge, celui de la colère.

         La parole de Dieu entendue les derniers jours de l’année liturgique et maintenant, au commencement du temps de l’Avent, nous fait réaliser que le monde nouveau est toujours en état d’enfantement, qu’il gémit dans les douleurs d’un enfantement qui n’en finit pas, et que même si le Christ a triomphé des puissances du mal, du péché et de la mort, celles-ci n’ont pas encore dit leur dernier mot et que le prince de ce monde est encore à l’œuvre même s’il se sait vaincu.

         Et l’Eglise, telle une parturiente, doit poursuivre sa route, son pèlerinage de la foi, de la charité et par dessus tout de l’Espérance, la Grande Espérance, pour enfanter encore et toujours le Verbe de Dieu et mettre au monde le Sauveur, malgré l’Antique dragon qui la poursuit jusqu’au désert…

         Puisse la Vierge Marie, dont nous célèbrerons demain la conception immaculée, rester notre secours, notre étoile dans la nuit, notre espérance, parce qu’elle est la « comblée de grâce », la Mère du Rédempteur. Amen.

        

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