15 août 2018 - Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie — Diocèse de Tulle

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15 août 2018 - Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

Sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon

 

Au lendemain de la victoire de l’Equipe de France au mondial de football, un quotidien sportif titrait à la Une : « un bonheur éternel ». Parler de « bonheur » pour une telle circonstance est sans doute bien exagéré ! Passe encore ! Mais confondre l’éphémère et l’éternel est le signe que les mots n’ont plus de sens, peut-être parce que tout est devenu relatif…

Qu’est-ce qu’un bonheur éternel ? Seul Dieu étant éternel, cela ne peut être qu’un bonheur divin ou le bonheur d’une créature qui participe à l’éternité divine. La solennité de ce jour – l’Assomption de la Vierge Marie – est la célébration de cette participation à l’éternité glorieuse de Dieu pour la plus belle des créatures humaines, celle qui fut préservée du péché originel – la comblée de grâces – afin de porter et de mettre au monde le Fils éternel du Père, l’auteur de la Vie. Préservée de la dégradation du tombeau, Marie est entrée dans la gloire du Ciel, corps et âme, dès la fin de sa vie terrestre. En elle, nous contemplons la merveille et la perfection de l’œuvre du Salut accomplie par le mystère pascal du Christ, sa mort et sa résurrection. Marie est le chef d’œuvre de la grâce divine, depuis sa conception immaculée jusqu’à sa glorieuse Assomption, en passant par tous les instants de sa vie où elle a été fidèle à faire la volonté de Dieu, y compris probablement dans une certaine obscurité de la foi, lorsqu’un glaive de douleur transperçait son cœur de mère, au pied de la croix de son fils.

Frères et sœurs, ce que le Seigneur a fait en Marie et pour Marie, il veut aussi le faire pour nous. Et c’est tout le sens de notre pèlerinage de foi sur la terre. La foi qui, comme le dit l’épître aux hébreux, « est déjà un moyen de posséder ce qu’on espère et de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (Hb 11, 1). C’est aussi le sens de l’Espérance chrétienne qui, par-delà toutes les déterminations et les limitations de la condition humaine, par-delà notre finitude de créature et notre condition pécheresse et mortelle, par-delà les épreuves de toutes sortes que nous réserve la vie, nous ouvre déjà à la réalité mystérieuse de la vie éternelle. Et, non seulement nous y ouvre, mais, d’une certaine manière et d’une manière certaine, nous fait déjà goûter, ici-bas, quelque chose du bonheur céleste. C’est la Grande Espérance qui, comme la foi et la charité, se nourrit sans cesse des grâces sacramentelles du salut, tout particulièrement dans l’£Eucharistie, laquelle est déjà le Ciel sur la terre. Selon l’expression du Concile Vatican II, l’eucharistie nous permet de « participer par un avant-goût à la liturgie céleste qui se célèbre dans la Jérusalem d’En-Haut à laquelle nous tendons comme des voyageurs ». Le saint pape Jean-Paul II a dit au sujet de la messe qu’elle est « le paradis sur terre » ! Quand nous allons à la messe, nous allons déjà au Ciel et cela vaut pour toutes les messes, indépendamment de la qualité des chants, du degré de solennité et même de la dignité du ministre qui préside et qui n’est que l’instrument – indispensable pourtant – du Christ, Grand Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle.

La solennité d’aujourd’hui vient raviver en nos âmes la Grande Espérance, dont notre monde a tant besoin parce qu’il en manque cruellement. Pour beaucoup de nos contemporains, l’oubli de Dieu limite l’espérance aux seuls petits espoirs terrestres qui, même s’ils sont bons en soi, ne permettent pas d’ouvrir un horizon qui dépasse celui de la finitude terrestre. Le désir d’absolu, d’infini, d’éternité inscrit dans le cœur de l’homme – et qui en fin de compte est le désir de Dieu – se trouve, à cause de l’oubli de Dieu, limité à devoir se contenter de quelques ersatz ou succédanés de bonheur. On peut toujours faire semblant de croire que ces derniers sont éternels… Mais bien vite, ils sont recouverts par une sorte d’angoisse existentielle que la course effrénée à la consommation, les menus plaisirs de la vie, la réussite professionnelle et même une certaine recherche spirituelle tout azimut ne parviennent pas à calmer – tout au plus peuvent-ils masquer pour un temps cette angoisse ou ce mal-être.

Oublieux de Dieu et donc fermé à la Grande Espérance du Ciel, l’homme moderne est inconsciemment contraint de fonder ses espoirs sur une quête mythique (du reste vieille comme le monde) : celle de l’immortalité terrestre. Il ne la cherche plus, comme autrefois, dans quelques substances cachées comme un secret dans la nature, mais à travers le mythe du progrès infini des sciences et des techniques. C’est ainsi qu’aujourd’hui on parle de « transhumanisme », d’ « homme augmenté », c’est-à-dire réparé et perfectionné au point d’échapper au vieillissement naturel et pourquoi pas à la mort…

Il existe pourtant le remède d’immortalité et, contrairement aux artefacts de la science et de la technique, il est accessible à tous ! C’est celui qui a fait sortir Jésus du tombeau, c’est celui qui a fait entrer au Ciel la bienheureuse Vierge Marie avec son âme et son corps. Ce remède, c’est celui d’une vie nouvelle qui a commencé pour nous au baptême, qui embrasse toute notre vie, et qui nous rend capables, non pas d’allongement temporel de la vie terrestre, mais de l’éternité bienheureuse. Ce remède, c’est vraiment le Christ ressuscité en personne, lui le Premier-né d’entre les morts, lui le Soleil de Pâque – soleil qui tel un manteau de lumière fait resplendir la Femme dont parle le livre de l’Apocalypse – image de Marie et image de l’Eglise.

Notre-Dame de l’Assomption, intercède pour nous ! Viens poser sur nos vies les pans de ton manteau de lumière pour nous protéger du malin, pour les remplir de la foi en la victoire de ton Fils et de les soutenir de la Grande Espérance du Salut ! Amen.

 

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