30 mars 2018 - VENDREDI SAINT — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

30 mars 2018 - VENDREDI SAINT

Office de la Passion

Frères et sœurs, au cœur de cette liturgie du Vendredi Saint, nous adorons le Christ en Croix. Car le Ressuscité de Pâque restera à jamais celui qui a été mis en croix pour nous et pour le monde. Toute eucharistie est le Mémorial, c’est-à-dire la mémoire et la présence du Crucifié-Ressuscité. Le Christ ressuscité est le Christ qui garde pour toujours inscrites en lui les plaies de la crucifixion. Au cœur de notre foi et de notre vie chrétienne, il y a la croix du Christ. Ce qui faisait dire hier au Pape François : « qui fuit la croix fuit la Résurrection ».

La Croix nous rappelle d’abord que celui qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme, nous a sauvés en mourant sur une croix. C’est pour cela que dans le christianisme, la croix est devenue un emblème de victoire et de salut. Nous le chantons : « victoire, tu règneras, ô croix, tu nous sauveras ». Si cet instrument de torture, d’humiliation, d’exclusion sociale, est devenu un signe glorieux, c’est uniquement à cause de Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, qui a été cloué et qui est mort sur la croix. Au temps de Jésus, ne l’oublions pas, la croix était l’instrument de supplice, de torture, d’humiliation, de dégradation qui faisait le plus horreur. Elle était réservée par les romains aux esclaves fugitifs et aux résistants juifs luttant contre l’occupant romain. Pour les juifs, elle était le signe de la malédiction de Dieu et de l’exclusion du peuple élu.

Jésus est mort, non comme un citoyen libre, ni même au « champ d’honneur », mais comme ceux que, de tout temps, on dépersonnalise et avilit, dans la torture physique, la détresse morale, le rejet de la société, l’expérience de la puissance devant la mort. Adorer la croix du Christ, c’est nous rappeler que notre Bienheureux Seigneur Jésus Christ est mort comme le plus pauvre et le plus humilié des hommes.

Ceux qui ont crucifié Jésus pensaient faire une œuvre de mort. De cette œuvre de mort, le Christ a fait une œuvre de vie, par l’offrande d’amour de sa vie. Regardée extérieurement, la mort de Jésus n’est que haine et violence de la part de ses bourreaux, mais regardée intérieurement, elle est le sommet de l’amour, le sacrifice suprême de l’amour et c’est en cela qu’elle devient puissance de salut. Sur la croix, Jésus, parce qu’il est vraiment homme et vraiment Dieu, peut prendre sur lui les péchés du monde ; et, parce qu’il est vraiment homme et vraiment Dieu, son sacrifice d’amour se transforme en victoire. C’est cet amour du Fils de Dieu que nous adorons en ce Vendredi saint. Descendu jusqu’au plus profond de l’abîme du mal – ce qu’aucun homme ne pourrait faire, parce qu’aucun homme ne peut connaître cet abîme – le Christ y a mis l’amour comme un feu qui brûle la haine et le péché. C’est en regardant la croix et en y reconnaissant la victoire de l’amour de Dieu que dans la lumière de cet amour nous devenons capables de reconnaître nos péchés et d’en demander pardon. C’est pourquoi la croix du Christ est et sera toujours notre force et notre espérance. « Salut, ô croix, notre unique espérance », dit l’hymne latine du vendredi saint.

La croix est plantée dans nos vies par les morts de toutes sortes que les évènements et les autres nous imposent, par les responsabilités que nous portons, par notre devoir d’état, par la difficulté de prier, d’aimer les autres et de pardonner, par la maladie et les échecs, par les médisances et les calomnies qui nous blessent, par les deuils qui nous attristent. La croix du Christ n’adoucit pas forcément nos croix, mais elle nous aide à les porter, parce que lui-même sur la croix les a déjà portés pour nous, puisque sur la croix, c’était déjà toutes les souffrances passées, présentes et futures qu’il prenait sur lui. Le vrai chemin de la croissance spirituelle et celui de l’apostolat passent toujours par la croix, non seulement celle qui nous vient des autres, mais aussi et peut-être surtout celle qui nous vient de nous-mêmes.

Que ta croix, Seigneur Jésus, rende fécondes nos propres croix ! Amen.

Navigation