11 mai 2018 - 6ème semaine de Pâques — Diocèse de Tulle

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11 mai 2018 - 6ème semaine de Pâques

Pèlerinage en Avignon - Messe à N.D. des Doms

Frères et sœurs, le cœur du mystère chrétien, c’est-à-dire le mystère pascal du Christ, est inséparablement mort et résurrection, croix et gloire. Et il en est forcément de même pour la vie chrétienne.

Ce qui est vrai du Christ l’est aussi de la vie de l’Eglise ; et ce qui est vrai de la vie de l’Eglise l’est aussi de la vie de chacun de ses membres. Le livre des Actes des Apôtres nous rapporte les épisodes du ministère de saint Paul, à Corinthe, de ses joies d’Apôtre, mais aussi de ses tribulations. La Communauté de Corinthe est importante ; Paul y a donné beaucoup de lui-même ; elle lui a causé beaucoup de joie et beaucoup de soucis. Le livre des Actes nous dit qu’il y a séjourné un an et demi – ce qui n’est pas rien ! Sans relâche, il a annoncé la Parole de Dieu. On imagine le nombre important de païens qu’il a enfanté à la foi chrétienne, le nombre de personnes qu’il a accompagnées, les tâches innombrables d’organisation d’une jeune Eglise ; les conflits qui n’ont pas manqué, etc.. Dans cette grande ville de Corinthe, des juifs se sont convertis, mais beaucoup se sont opposés à Paul. La page que nous avons lue révèle cette forte opposition.

Tout cela pour dire qu’à Corinthe, l’Apôtre a connu les joies profondes de la mission, mais aussi qu’il a rencontré l’épreuve, la croix du Christ. Et ce qui est vrai de Corinthe le fut de toutes les autres Eglises qu’il fonda.

Bien sûr, nous pourrions penser que tout cela est bien normal et bien naturel et que cela fait partie du lot de la condition humaine. Et ce n’est pas faux. Mais, il y a tout de même bien plus que cela à comprendre dans ce lot de joies et de peines, dans ces réussites et ces échecs. Il y a le mystère pascal du Christ. Il y a le Vendredi saint et il y a le Jour de Pâque. Il y a la Croix et la gloire. Le Vendredi saint n’a pas débouché sur le néant. Il y a eu l’aube pascale, le soleil du Jour de Pâque, la lumière de la Résurrection de Jésus ; après la mort, il y a eu la vie.

Et, cependant, on ne parlerait pas de résurrection, s’il n’y avait pas eu le passage par la croix, la mort et le tombeau. Le mystère pascal n’est pas qu’une succession d’évènements ; il est un Tout dont le centre et le cœur est l’Amour. Le Vendredi saint est certes la mort d’un innocent, mais pas de n’importe quel innocent ! D’un innocent qui est le Fils de Dieu donnant sa vie par amour : « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Saint Jean condense cela en une phrase, au début du récit de la Passion : « Jésus, ayant aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’au bout ». Quant à la résurrection, elle est la manifestation inouïe de la puissance infinie de l’Amour du Père qui est bien plus forte que le péché, le mal et la mort.

C’est à la lumière de ce mystère pascal du Christ que nous apprenons à lire, à interpréter, à comprendre les commencements de l’Eglise – comme ce que nous voyons dans la Communauté de Corinthe - , comme nous apprenons aussi à déchiffrer toute l’histoire de l’Eglise au cours des siècles, et que nous apprenons à déchiffrer notre propre histoire de chrétiens, notre propre vie qui, elle aussi, est traversée par le mystère du Vendredi saint et celui du jour de Pâque, par la croix et par la Résurrection de Jésus, par le souffrance et par la joie, par la mort et par la vie.

Cela signifie que tout ce que nous vivons comme disciples du Christ, comme missionnaires du Christ, comme enfants de Dieu, comme membres du Corps du Christ, de l’Eglise, que tout cela ne peut pas être étranger au mystère pascal du Christ, à sa Passion, à sa mort et à sa Résurrection. Autrement dit, cela signifie que toute notre vie d’hommes et de femmes, de chrétiens, ne prend son sens, tout son sens que dans ce qui est le Cœur et le centre du Mystère du Christ, à savoir l’Amour. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu ». Nos croix ne seront jamais des échecs ou des impasses, dans la mesure où elles sont associées à la Croix de Jésus et participent ainsi à la Rédemption du monde. Nos victoires sur le péché et le mal sont des victoires de l’Amour, de l’Amour que Dieu nous offre en son Fils mort et ressuscité pour notre salut.

Frères et sœurs, il y a cependant une condition pour que tout ce que je viens d’expliquer soit possible : c’est la Présence du Christ à la vie de l’Eglise, la présence du Christ à chacune de nos vies. Présence invisible, mais bien réelle ; présence cachée, mais présence agissante. « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » : c’est la dernière parole du ressuscité avant son Ascension.

Et s’il y a un lieu où se manifeste cette Présence invisible, c’est bien celui du mystère eucharistique. Nous écoutons la Parole de Dieu : c’est Lui qui nous parle ! Nous offrons le pain et le vin et avec eux nos propres vies : c’est Lui qui s’offre sur l’autel ! Nous communions : c’est Lui qui se donne dans son Corps et son Sang et c’est sa vie éternelle que nous recevons !

Frères et sœurs, ici, en Avignon, dans l’antique cité des Papes, nous entendons beaucoup de choses sur l’histoire de la papauté, nous entendons les dires des historiens, nous regardons la vie de l’Eglise avec les lunettes de l’histoire, avec le regard critique, au bon sens du mot, et nous pourrions en rester là… Mais le regard de la foi nous dit bien d’autres choses, il nous dit l’essentiel par delà les vicissitudes de l’histoire, par delà la faiblesse des hommes et même leur péché, par delà la grandeur et le faste ou bien la misère ; le regard de la foi doit nous révéler que la Présence invisible du Christ n’a jamais fait défaut à l’Eglise et qu’à travers les successeurs de Pierre, c’est toujours Lui qui a conduit la barque de l’Eglise sur les flots de la mer agitée, que c’est toujours l’Esprit-Saint qui a soufflé et qui a gonflé les voiles de cette barque Eglise. Si tel n’était pas le cas, nous ne serions pas là aujourd’hui ! Prenons conscience que l’Eglise a toujours porté dans des vases d’argile le trésor de l’Evangile, le trésor de la foi ; c’est ainsi que nous le portons nous aussi. Par l’intercession de Notre-Dame, demandons la grâce de la fidélité et de la persévérance, la grâce d’être des témoins de la mort et de la résurrection de son Fils, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Amen.

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