30 septembre 2018 - Messe de clôture de l’Année Jubilaire des 700 ans du diocèse de Tulle — Diocèse de Tulle

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30 septembre 2018 - Messe de clôture de l’Année Jubilaire des 700 ans du diocèse de Tulle

Cathédrale de Tulle


Frères et soeurs, à quelques jours près, il y a un an, dans cette même cathédrale, Eglise mère du diocèse, nous entrions dans l’année jubilaire des 700 ans de notre diocèse. Un père de la foi en Limousin, saint Martial, nous accompagnait. Je revois encore, portée par les membres de la confrérie, la grande châsse entrer dans la cathédrale, et le reliquaire présenté à notre vénération.
Grand moment d’émotion et de joie intense pour tous ceux qui étaient présents, que cette plongée dans l’histoire lointaine, jusqu’aux sources de la foi, de l’évangélisation, en Limousin ! Nous nous rappelions alors que la création de notre diocèse, en 1317, s’inscrivait dans une histoire bien plus ancienne où l’Evangile avait pour ainsi dire pris racine sur cette terre et s’était propagé.
Loin d’engendrer en nous des sentiments passéistes ou nostalgiques, l’ouverture du Jubilé, en réveillant en nous la Tradition de nos origines, nous resituait comme des maillons bien vivants, d’une longue chaîne de disciples-missionnaires de Jésus-Christ, résolument tournés vers l’avenir, pour poursuivre la route en témoins de la Bonne Nouvelle du Salut pour notre temps. Le slogan « 700 ans, élan de foi ! » résumait bien cet ancrage dans la Tradition de la foi et le désir de faire de ce Jubilé une sorte de tremplin pour nous engager dans un renouveau pour « une Eglise fraternelle, missionnaire et appelante », selon l’esprit des Orientations pastorales, promulguées, un an plus tôt, ici-même, le 1er octobre 2016.
L’année jubilaire fut riche de bien d’évènements, en particulier celui du grand rassemblement de la Pentecôte, à Brive, qui restera gravé en nos mémoires, comme un moment fort, un moment de grande joie, où nous étions comme soulevés par le souffle de l’Esprit Saint, cet Esprit de feu qui venait enflammer le coeur des confirmands de ce jour. Tout cela avec, comme toile de fond, la belle figure d’un témoin de l’oeuvre de l’Esprit, saint Pierre Dumoulin Borie, martyr de la foi.
Aujourd’hui, au terme de cette année, il nous faut consentir, non point tant à tourner une page qu’à commencer d’en écrire une nouvelle dans le grand livre de la foi, forts de cet élan que le Jubilé a suscité en nos âmes. Et tel est le sens, frères et soeurs, de l’acte de consécration du diocèse au Coeur Immaculé de Marie, qu’avec vous, je poserai, à la fin de
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cette célébration, comme une sorte d’envoi en mission, soutenus par la prière et la tendre affection de notre mère du Ciel.
Avec Marie, Mère de l’Eglise, dans l’Eglise diocésaine comme Cénacle, nous aspirons à recevoir un nouveau souffle et un nouvel élan. Oui, cet après-midi, nous sommes là, comme au Cénacle, et Marie est au milieu de nous, en prière, comme elle l’était au milieu du Collège apostolique. Parce qu’aujourd’hui, comme aux commencements de l’Eglise, nous sommes appelés à nous engager dans l’annonce et le témoignage de Jésus Christ, mort et ressuscité pour notre salut ! De l’incarnation du Verbe de Dieu à la naissance de l’Eglise, Marie, la Vierge immaculée, a mis toute sa foi et toute son Espérance en la promesse du don de l’Esprit. En la recevant pour mère, en entrant dans le sanctuaire de son Coeur Immaculé, et unis à son acte de foi, nous lui demandons de nous prendre encore et toujours dans sa prière, comme au Cénacle. En consacrant le diocèse à son Coeur Immaculé de Vierge et de Mère, nous posons un acte de foi : l’Eglise est toujours en naissance, l’Eglise est toujours en mission !
En ce jour de grâce, combien je voudrais, avec vous tous, que nous fassions nôtre les paroles de Moïse, entendues dans la première lecture : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de nous un peuple de prophètes ! ». Prophètes, nous le sommes, en vérité, depuis que l’eau du baptême a coulé sur nos têtes et que nos fronts ont reçu l’onction sacrée du saint-chrême, le sceau de l’Esprit-Saint. Mais, nous savons bien que la vie chrétienne, le cheminement dans la foi, jour après jour, jusqu’à l’heure de notre mort, consiste à devenir – devenir ! – ce que nous sommes. La Consécration à Marie s’inscrit dans le prolongement de notre consécration baptismale qui, elle-même, s’origine dans l’acte de consécration du Christ à son Père : « Pour eux, je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés dans la vérité ».
En consacrant notre diocèse au Coeur Immaculé de Marie, nous entendons résonner en nos coeurs, les paroles de Jésus en Croix, à l’adresse du disciple bien-aimé : « Voici ta mère ! » ; et, comme ce disciple qui nous représente, nous voulons prendre chez nous cette mère, certains qu’en nous approchant de son coeur, elle nous rend proches de celui de son Fils, pour devenir, encore plus, ce que nous sommes, par grâce : des prophètes, des disciples-missionnaires, témoins joyeux de la Résurrection de Jésus, dans nos Communautés, pour que le monde connaisse et reconnaisse son Seigneur et son Sauveur.
Aujourd’hui, nous voulons nous mettre à l’école de celle qui, comme aux Noces de Cana, ne cesse de vouloir nous dire : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! ». Au terme de l’année jubilaire, pour écrire une nouvelle page du livre de la foi en notre diocèse, qu’espérer de mieux comme parole d’encouragement, de confiance et d’espérance, que cette exhortation de Marie : « tout ce qu’il vous dire, faites-le ! » ? C’est cette exhortation de la mère de Jésus aux serviteurs de la noce qui a permis que la joie de cette noce – préfigurant celle des Noces éternelles de l’Agneau avec l’humanité – ne se transforme pas en tristesse, à cause du manque de vin. Le vin de la joie, la joie de l’Evangile annoncé et reçu, reçu et re-annoncé, pour que la joie demeure. Jésus, que notre joie demeure !
L’eucharistie que nous célébrons maintenant est le mémorial qui actualise la consécration suprême du Christ à son Père, et qui nous rend contemporains de cette offrande du Fils, la veille de sa passion, parce qu’il nous entraîne et nous porte avec lui vers le Père. Et Marie est là, avec nous, tandis que les ministres du Christ prononcent les paroles de la consécration : « Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ». Humble
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instrument de Dieu pour le signe de l’eau changée en vin, à Cana, la mère est encore là, tout près de nous, pour le grand signe de la Pâque : le vin qui devient le Sang du Christ. Aux paroles de la mère, à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » répondent celles du Fils : « faites ceci en mémoire de moi ! », pour que du vin de Cana, nous en buvions encore ! Il est grand le mystère de la foi ! Amen.
+ Francis Bestion
Evêque de Tulle

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