9 juin 2018 - Messe du Souvenir des « martyrs » et déportés — Diocèse de Tulle

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9 juin 2018 - Messe du Souvenir des « martyrs » et déportés

Mémoire du Cœur immaculé de Marie - Eglise saint-Joseph de Souilhac

 

Frères et sœurs, c’est une heureuse coïncidence que cette messe du souvenir pour les victimes de la terrible tragédie du 9 juin 1944 soit aussi la mémoire liturgique du Cœur immaculé de Marie.

L’Evangile de ce jour souligne que « Marie méditait dans son cœur » les évènements qu’elle venait de vivre lors de la fête juive de la Pâque à Jérusalem, avec son fils Jésus, âgé de 12 ans. Aujourd’hui les hommes et les femmes, les enfants, les jeunes de notre Cité veulent garder dans le cœur le souvenir de ceux qui furent les victimes de la barbarie nazie. Non seulement garder le souvenir dans la mémoire, mais, garder le souvenir dans le cœur. Non pas pour nourrir la haine, mais pour être en communion, dans la prière, avec ceux qui périrent le 9 juin et dans les camps de déportation.

La fête du Cœur immaculé de Marie, associée à celle du Sacré-Cœur de Jésus est centrée sur le symbolisme du cœur qui, dans la Bible, évoque le centre de la personne, le siège des émotions et des sentiments. Sur la croix, le cœur du Christ fut transpercé par la lance du soldat. Quant à Marie, debout au pied de la croix, c’est un glaive de douleur qui transperça son cœur de mère : douleur extrême de voir son fils crucifié, mais aussi, à travers lui, d’éprouver la souffrance des hommes qu’il portait sur le bois de la croix, tous les péchés dont il se chargeait pour la rédemption du monde. A la croix se réalisait la prophétie du vieillard Siméon adressée à la mère de l’enfant Jésus, alors qu’il était présenté au Temple : « ton cœur sera traversé d’un glaive ». Le Cœur immaculé de Marie, c’est-à-dire le cœur préservé de la souillure du péché originel, le cœur pur, ne fut pas un cœur insensible à la misère, aux douleurs, aux souffrances de l’humanité. Le Cœur de la Vierge immaculée, c’est aussi le cœur de la Vierge des douleurs, de la mère des douleurs, associé comme nul autre au mystère de la croix du Seigneur. Comment ne pas penser au cœurs des mères qui, le 9 juin, furent déchirés comme celui de la Vierge Marie au pied de la croix. Et combien de cœurs, ce jour-là, durent se tourner vers celui de la mère des douleurs pour trouver en elle une consolation, un réservoir d’amour et de tendresse, une force dans l’épreuve.

Et, nous aussi, frères et sœurs, en ce jour du souvenir, de la mémoire du cœur, nous nous tournons vers ce cœur de mère en pensant à ceux qui furent sacrifiés, à leur famille, à leurs amis, et aussi à leurs bourreaux. C’est vers ce cœur de Marie, transpercé par le glaive de la douleur que nous nous tournons pour lui confier tous les cœurs de nos contemporains meurtris par les ravages de la guerre, de la haine, de la barbarie sans nom qu’on appelle aujourd’hui ‘terrorisme’ pour éviter, à juste titre, de stigmatiser une religion et ceux de ses membres qui n’ont rien à voir avec ceux qui prétendent tuer au nom de Dieu.

Comme le disait le philosophe Pascal, « le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde ». Et on peut ajouter que Marie, sa mère, notre mère, est au pied de la croix jusqu’à la fin du monde. Et ce n’est pas sans raison que les papes successifs, de Pie XII à François, ont consacré le monde au Cœur immaculé de Marie, pour implorer sa maternelle intercession en faveur de la paix et pour la conversion des cœurs, la conversion des peuples.

Au cours de cette eucharistie où le Christ actualise son sacrifice pascal, sa passion, sa mort et sa résurrection, c’est la victoire de l’amour que nous célébrons, l’amour plus fort que la haine et la mort, plus fort que le mal et le péché. A chaque messe, nous sommes rendus contemporains du corps livré et du sang versé. Certes le sacrifice de la croix est unique, mais s’il est actualisé chaque jour sur les autels jusqu’à la fin du monde, c’est parce que le Christ, aujourd’hui, est crucifié à travers les souffrants de notre monde et qu’avec eux il s’offre à son Père, pour sauver le monde. Et Marie, avec son cœur de mère, s’offre elle-même avec lui, pour nous ses fils et ses filles que Jésus lui a confiés. Nous implorons son intercession pour la conversion des cœurs et pour la paix. Amen.

 

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