11 mars 2018 - 4ème dimanche de Carême - B — Diocèse de Tulle

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11 mars 2018 - 4ème dimanche de Carême - B

Cathédrale

 

« Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ».

Frères et sœurs, telle est l’invitation de l’antienne d’ouverture de cette messe du 4ème dimanche du Carême – appelé, à cause de cela, le dimanche de la joie. Il ne s’agit pas d’une joie éphémère comme peuvent nous en procurer des évènements heureux de la vie, mais qui est vite recouverte par la monotonie des jours ordinaires, par la grisaille des jours sans lumière ou la nuit du temps de l’épreuve. Non, il s’agit d’une joie qui peut résister aux vicissitudes de la condition humaine et même aux égarements passagers de notre condition pécheresse, parce que c’est la joie du salut. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». Saint Paul n’hésite pas à dire que, par sa mort et sa résurrection, le Christ « nous a déjà ressuscités et nous a fait siéger aux cieux ». Nous sommes déjà des sauvés, déjà des citoyens des cieux, en espérance, et voilà la source profonde de notre joie ! Même si, pour nous qui vivons encore dans le temps, ce salut réel, ce salut acquis au prix du Sang du Christ versé sur la Croix, nous ne pouvons y communier que dans la foi, l’espérance et la charité.

Tout comme le serpent de bronze élevé par Moïse dans le désert de l’Exode devenait un remède pour ceux qui étaient victimes de la morsure mortelle des serpents, de même la puissance de salut, et donc la promesse de vie éternelle, est advenue pour nous en Jésus-Christ, élevé sur la Croix. Celui qui, désormais, lève les yeux vers le Seigneur en Croix, et dans la foi le reconnaît, celui-là est déjà, en espérance, guéri du mal et du péché, il est sauvé de la mort éternelle. Telle est, je le redis, la raison essentielle – et pour ainsi dire unique – de la joie chrétienne.

Frères et sœurs, les nombreux témoignages des convertis – et c’est le cas de nos catéchumènes – manifestent combien le cœur de l’homme, créé à l’image de Dieu, est désireux de connaître son créateur et sauveur, et de se reposer en lui, de battre au rythme du cœur de Dieu, c’est-à-dire d’aimer en vérité et de se laisser conduire aux Sources du salut, pour déjà, dès ici-bas, goûter aux joies de la vie éternelle : « exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut », prophétisait déjà Isaïe !

Aujourd’hui, cette source du salut – le mystère pascal du Christ – est toujours disponible, et elle ne cessera jamais de sourdre pour ceux et celles qui ont soif de la vraie vie et qui veulent s’y désaltérer. Malheureusement, pour beaucoup de nos contemporains et y compris pour des chrétiens de tradition, le chemin de la Source a été encombré de ronces, de broussailles, d’obstacles de toutes sortes, et ils sont empêchés d’avancer sur ce chemin. Certains sont retenus captifs dans les filets de l’idéologie matérialiste, d’autres sont noyés dans l’océan du consumérisme à tout-va, d’autres encore sont retenus prisonniers par le péché qui les a plongés dans les ténèbres de l’ignorance, de la peur, de l’égoïsme, du narcissisme et de l’auto-suffisance. Le jugement dont parle Jésus à Nicodème ne concerne pas que ses contemporains qui n’ont pas reconnu en Lui le Messie ; il concerne aussi le monde d’aujourd’hui où beaucoup se sont éloignés de la Source du Salut. « La lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises ».

Nous-mêmes qui sommes des fidèles du Christ, qui avons été illuminés par Lui ou qui allons l’être dans la nuit de Pâque (il y a parmi nous au moins deux catéchumènes), nous n’avons pas fini le chemin du passage des ténèbres à la Lumière, parce que nous sommes encore en pèlerinage sur cette terre, et que nous savons que trop combien les ténèbres du péché peuvent obscurcir notre marche. Le temps du Carême qui nous est offert, une année encore, manifeste la patience miséricordieuse de Dieu à notre égard et nous appelle encore et toujours à la conversion. La Source, nous la connaissons, nous y avons été plongés par le baptême, ou nous allons l’être, mais nous expérimentons aussi combien ses eaux peuvent s’ensabler à cause de nos négligences, de nos fautes, de notre manque d’ardeur dans la foi, l’espérance et la charité. Le don de Dieu étant sans repentance, nous ne pouvons pas – Dieu merci ! – être coupés de la grâce originelle du baptême ; Dieu nous tient toujours dans sa main. Mais, il veut nous serrer dans ses bras, nous tenir près de son cœur, nous ramener vers lui.

C’est cela la grâce de ces quarante jours de pénitence qui nous font monter vers Pâques. Jésus qui était sans péché s’est fait pénitent pour nous sauver ; il a pris la route du calvaire.

Frères et sœurs, dans les semaines qui restent jusqu’à Pâques, mettons nos pas dans les siens, avec nos frères et sœurs catéchumènes, pour le suivre dans sa Passion, pour tourner nos regards vers sa croix d’où nous vient le Salut, pour nous laisser réconcilier par Dieu en faisant la vérité dans nos vies, car « Celui qui fait la vérité vient à la Lumière », comme le dit Jésus à Nicodème. Laissons la grâce divine raviver en nous la joie du Salut, joie que personne ne pourra nous ravir, car elle ne vient pas du monde ni des hommes, mais du cœur même de Dieu « qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». Amen.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

 

 

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