1er novembre 2018 - Solennité de Tous les Saints — Diocèse de Tulle

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1er novembre 2018 - Solennité de Tous les Saints

Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs, la solennité de ce jour nous invite à partager la joie céleste des Elus, des saints et saintes de Dieu et à goûter dès ici-bas cette joie. Le livre de l’Apocalypse nous rappelle que les saints ne constituent pas une sorte de petite caste d’élus, mais forment bien plutôt une foule immense, une foule que nul ne peut dénombrer, vers laquelle la liturgie nous invite, aujourd’hui, à élever nos regards. Dans cette foule immense, il y a certes les saints que l’Eglise a officiellement reconnus, qui figurent au calendrier liturgique et dont nous faisons mémoire tout au long de l’année, mais il y a aussi les baptisés de toutes les époques qui se sont efforcés de répondre à la vocation baptismale en accomplissant avec amour et fidèlement la volonté de Dieu. C’est leur fête aujourd’hui, même si nous ne connaissons ni le nom ni le visage de la plupart d’entre eux. Tout au plus pourrions-nous évoquer le visage de telle ou telle personne dont tout le monde s’accordait à dire, de son vivant ou après sa mort, que c’était un saint, une sainte. Nous pouvons penser à telle mère ou tel père de famille, à tel prêtre, à telle religieuse qui, sans avoir accompli des choses extraordinaires, ont laissé dans nos mémoires une trace parce que leur vie était entièrement donnée et qu’elle rayonnait de l’Evangile.

Frères et sœurs, à quoi sert donc cette solennité de la Toussaint ? Pourquoi manifester notre louange à l’égard des saints ? L’un d’entre eux, saint Bernard, dans une célèbre homélie pour cette fête, répond à ces questions, et sa réponse est toujours d’actualité : « Nos saints, dit-il, n’ont pas besoin de nos honneurs et ils ne reçoivent rien de notre culte ». Nous pourrions d’ailleurs dire la même chose au sujet du culte que nous rendons au Trois fois Saint, à Dieu lui-même, comme le souligne une Préface du temps ordinaire : « nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es ». C’est bien vrai que nos louanges n’ajoutent rien à la gloire de Dieu et à celle des Elus qui contemplent la splendeur de sa face. Mais la Préface en question continue en disant « mais, ils nous rapprochent de toi » ; nos louanges nous rapprochent de Dieu et elles nous rapprochent des saints. Saint Bernard poursuit son propos en disant : « je confesse que, lorsque je pense aux saints, je sens brûler en moi de grands désirs ». N’est-ce pas cela le but de la solennité de ce jour : en regardant l’exemple lumineux des saints, éveiller ou réveiller en nous le désir de devenir nous-mêmes des saints ? Etre heureux de vivre dans la proximité de Dieu, dans sa lumière, sa paix, dans la communion spirituelle avec la grande famille des amis de Dieu. Car, en fin de compte, c’est bien cela que signifie la sainteté : vivre près de Dieu, vivre dans sa famille. Et c’est là notre vocation véritable, comme le répète le Concile Vatican II et comme nous l’a rappelé récemment le saint Père François dans son Exhortation apostolique Gaudete et exultate, Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse ! Dans cette exhortation, en partant de l’Evangile des Béatitudes que nous venons d’écouter, le souhait du pape est « de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunités » (n. 2). Le pape conclut cette exhortation par ces mots : « j’espère que ces pages seront utiles pour que toute l’Eglise se consacre à promouvoir le désir de la sainteté. Demandons à l’Esprit Saint d’infuser en nous un intense désir d’être saint pour la plus grande gloire de Dieu et aidons-nous les uns les autres dans cet effort » (N. 177).

Frères et sœurs, comment devenir un saint, une sainte ? J’aime bien citer les paroles du pape Pie XI à propos de la sainteté et qui ont été reprises en partie par le pape Pie XII, lors de la béatification du Frère Bénilde, un frère des Ecoles chrétiennes qui avait mené une vie toute ordinaire, qui n’avait rien fait d’extraordinaire, si ce n’est accomplir de son mieux son apostolat de frère enseignant, de catéchiste et de visiteur des malades dans la petite bourgade de Saugues dans la Haute-Loire. Voici les paroles du pape Pie XI : « Le commun, le vulgaire, le quotidien, qui si souvent n’apportent en eux aucun relief, aucune splendeur, n’ont certainement pas en eux quelque chose d’excitant et de fascinant. Et pourtant ainsi est faite la vie du plus grand nombre qui ordinairement ne s’intéressent qu’aux choses communes et d’occurrence quotidienne. C’est pour cela que nous apparaît l’Église tellement prudente quand elle nous invite à admirer et imiter les exemples des plus communes et des plus humbles vertus quotidiennes, d’autant plus précieuses qu’elles sont plus humbles et plus communes. Combien de fois les circonstances extraordinaires se présentent-elles dans la vie? Ce sont des cas bien rares et ce serait malheureux si la sainteté devait être réservée seulement à ces circonstances extraordinaires. Quelles choses ferait le plus grand nombre? Et pourtant à tous, sans distinction, est adressé l’appel à la sainteté (...). Voilà donc la grande leçon que cet humble Serviteur de Dieu, frère Bénilde, vient de nous apporter encore une fois, que ce n’est pas dans les choses extraordinaires que consiste la sainteté, mais dans les choses communes accomplies non communément.”

Frères et sœurs, la sainteté exige certes un effort de tous les jours, mais elle est à la portée de tous, car, plus que l’œuvre de l’homme, elle est avant tout un don de Dieu. C’est Dieu qui nous a aimés le premier, comme le rappelle saint Jean, dans la seconde lecture de cette messe. Dans notre vie, tout est don de son amour. Dans le Christ, il nous a fait don de tout son être, et il nous appelle à une relation personnelle et profonde avec lui. Plus nous cherchons à imiter Jésus et à demeurer unis à Lui, plus nous entrons dans le mystère de la sainteté. Nous découvrons qu’il nous aime de façon infinie, et cela nous pousse à notre tour à aimer nos frères et sœurs.

Dans l’Evangile, nous avons entendu les paroles de Jésus adressées à la foule : heureux ceux qui ont une âme de pauvre, heureux les doux, heureux les affligés, heureux les affamés et les assoiffés de justice, les miséricordieux, heureux les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice. Et nous comprenons, qu’en vérité, le bienheureux par excellence, c’est uniquement lui, Jésus. Car c’est lui qui a une âme de pauvre, c’est lui l’affligé, le doux, l’affamé de justice, le miséricordieux, le cœur pur, l’artisan de paix, le persécuté pour la justice. Les béatitudes disent le mystère de Jésus, le mystère de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection. Et elles nous invitent à entrer nous-mêmes dans son mystère pour participer à sa béatitude. Avec lui, l’impossible devient possible. Avec lui, il est possible de devenir saint.

Frères et sœurs, invoquons nos amis les saints et saintes du ciel afin qu’ils nous aident dans notre propre chemin de sainteté sur cette terre. Invoquons en particulier la Vierge Marie, miroir de toute sainteté. Qu’elle nous entraîne à être de fidèles disciples-missionnaires de son fils Jésus. Amen.

 

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