1er septembre 2018 - Messe de Rentrée Ensemble scolaire E. Michelet — Diocèse de Tulle

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1er septembre 2018 - Messe de Rentrée Ensemble scolaire E. Michelet

Samedi 21ème sem. du T.O. - Inauguration du Gymnase

 

Nous venons d’écouter une page des évangiles que nous connaissons bien ! La parabole dite « des talents ». Elle se situe entre deux autres paraboles : celle des vierges prévoyantes et des vierges négligentes et celle du jugement dernier. Ces trois paraboles concerne la vie éternelle, le salut.

Quelle leçon tirer de cette parabole des talents pour notre vie de disciples-missionnaires du Christ ? Il faut, je crois, commencer par écarter un malentendu. Le mot "talent" peut en effet nous tromper. Il ne signifie pas, comme dans notre langue française, des qualités, des dons naturels que nous posséderions et devrions faire fructifier, comme lorsqu'on dit de quelqu'un de doué qu'il "a du talent". Non, ce n'est pas vraiment cela dont il est question. Dans la bouche de Jésus, le mot "talent" correspond à une valeur monétaire de l'époque, comme nous pourrions parler aujourd'hui de lingot d'or. Par conséquent, ne faisons pas fausse route : les talents dont il est question ne sont pas des dons naturels, des qualités morales. D'ailleurs, pour nous en convaincre, il suffit de bien lire le début de la parabole : "un homme, qui partit en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens". Ce sont les biens du Maître. Que devons-nous comprendre ? Ce Maître, nous comprenons qu'il s'agit du Seigneur. Et ses propres biens qu'il nous confie, c’est le don de la grâce divine. Saint Hilaire de Poitiers, commentant ce passage des évangiles, écrit que chacun "selon la mesure de sa foi reçoit l'Annonce de l'Evangile". C'est cela le ou les lingots d'or précieux que nous avons reçus au baptême. C'est cela "le bien incorruptible", explique saint Hilaire, "c'est cela le patrimoine du Christ, préparé pour les héritiers de l'éternité". Un autre grand évêque, saint Grégoire de Nysse, qui vivait au IVème siècle, en Cappadoce, dit que les « talents » de la parabole, c'est "la grâce de l'Esprit-Saint donnée à chacun en vue de son labeur, c'est-à-dire pour le progrès et la croissance de celui qui les reçoit".

La grâce divine, le don de l’Esprit Saint, l’Evangile : voilà les cadeaux reçus de Dieu, à la mesure de notre foi qui est elle-même un don de Dieu et une réponse de notre part. Cela rejoint aussi ce que nous avons entendu dans la première lecture où saint Paul explique aux Corinthiens que leur valeur ne tient pas à une sagesse, une intelligence, une puissance, ou même une haute naissance, mais uniquement à un appel de Dieu qui choisit ce qu’il y a de faible dans le monde, ce qui est d’origine modeste, et même ce qui est méprisé dans le monde, afin que personne parmi les chrétiens ne puisse s’enorgueillir devant Dieu. Dans une autre épitre, l’Apôtre dira : « Qu’avons-nous en propre que nous n’ayons reçu ? » Notre seule richesse véritable, celle qui est en vue de l’éternité, c’est la grâce divine reçue en abondance au baptême, la grâce qui nous a configuré au Christ lui-même, pour être ses disciples et ses témoins. Chers amis, nous sommes tous des débiteurs de la grâce de Dieu !

Eh bien, voilà une bonne nouvelle ! Quand on est débiteur, on doit commencer par remercier celui qui nous fait crédit ! Et ce n’est pas n’importe quel créancier ! C’est Dieu lui-même, en son Fils Jésus, par le don de son Esprit ! Merci Seigneur pour le cadeau de ta grâce, pour le cadeau de ton Evangile : tu nous a appelés, tu nous a choisis, tu nous aimes au point de nous confier gratuitement ta grâce en vue de l’éternité, pour que nous puissions annoncer ton Evangile et devenir des saints.

Chers amis, qu’en cette messe de rentrée, nous entendions cette Bonne Nouvelle, c’est la porte ouverte à toutes les espérances ! Le second volet de la parabole indique que Dieu attend quelque chose de nous, qu’il compte sur nous pour que les cadeaux qu’il nous a fait portent du fruit.

Le don de la grâce, le don de l’Evangile, le don de l’Esprit, allons-nous les laisser dormir ? Allons-nous les enterrer, comme le serviteur qui enterre son talent, parce qu’il a peur ? Dieu nous a donné la foi et la foi c’est le contraire de la peur ! La foi, c’est fait pour mettre en œuvre les dons de la grâce. Le risque existe bel et bien que nous ressemblions à ce serviteur peureux et paresseux. On entend souvent des gens qui disent : « je n’ai fait aucun mal », « je ne fais pas de mal ». Tant mieux ! Ce n’est pas sûr que ce soit aussi vrai qu’ils le pensent… Mais quand bien même ce serait vrai, j’aurais envie de leur demander : « mais, est-ce que tu as fait du bien ? ». Notre vocation, comme chrétiens, comme baptisés, comme ceux qui ont reçu la grâce, ce n’est pas seulement de ne pas faire du mal, c’est de faire du bien ! D’ailleurs, nous faisons tous l’expérience que le meilleur moyen de ne pas faire le mal, c’est de faire le bien. Faire le bien nous préserve de faire le mal ! Vous ne verrez jamais un confesseur vous dire : ne fais plus de péchés ! Bien sûr qu’il faut éviter le péché, mais le meilleur moyen de l’éviter, c’est de chercher à pratiquer les vertus, toujours avec l’aide de la grâce de Dieu. Les saints ne sont pas saints parce qu’ils n’ont commis aucun péché, mais parce qu’ils ont pratiqué, de manière exemplaire, les vertus. La sainteté, à laquelle nous sommes tous appelés, c’est mettre en œuvre la grâce reçue de Dieu, ne pas la laisser dormir ou la laisser se recouvrir de toutes sortes de scories, de poussière, de vase, de boue.

En fin de compte, cette parabole des « talents » est un résumé de la vie chrétienne. Etre chrétien, être disciple de Jésus, être ami de Jésus, c’est d’abord un cadeau, un don que nous avons reçu au baptême. C’est gratuit ! Et en même temps, c’est une réponse de notre part. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Ce don reçu doit porter du fruit. Dieu nous fait l’honneur de nous associer au service que lui-même est venu rendre aux hommes en la Personne de son Fils. Le chrétien est un serviteur de l’Evangile, parce qu’il est l’ami de Jésus serviteur. Et le grand service, c’est la charité. A tel point que saint Jean de la Croix a pu dire qu’ « au soir de notre vie, c’est sur l’amour que nous serons jugés ». Quand je paraîtrai devant le Seigneur, il ne regardera pas si j’ai été évêque, prêtre, chef d’Etablissement, professeur, maçon, pâtissier, ingénieur, agriculteur, ministre, etc… Non ! Ce qui comptera, c’est le poids d’amour de ma vie. Saint Paul dit d’ailleurs, dans une hymne bien connue, que tout passera et que la seule chose qui restera, c’est l’amour, la charité. C’est d’ailleurs le seul commandement que Jésus nous a laissé : « aimez-vous, comme je vous ai aimés ». Il y a une mesure pour savoir si j’aime en vérité : c’est l’amour de Jésus : « comme je vous ai aimés ». Et nous savons jusqu’où cela l’a conduit.

Alors, chers amis, maintenant que nous savons ce que sont nos talents, nos lingots d’or et ce que nous devons en faire, il ne reste plus qu’à nous souhaiter les uns aux autres d’être de bons serviteurs de la grâce de Dieu ! Que la Vierge Marie, la comblée de grâces et l’humble servante du Seigneur nous accompagne tout au long de cette année scolaire ! Amen.

 

 

 

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