25 juin 2018 - Lundi 12ème sem Temps ordinaire — Diocèse de Tulle

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25 juin 2018 - Lundi 12ème sem Temps ordinaire

Réunion des religieux/religieuses à Orcival

Frères et sœurs, la première lecture de ce jour fait un triste constat : Israël s’est détourné de l’Alliance avec Dieu. Les rois qui se 

sont succédés ont adoré d’autres dieux et ont préféré les coutumes des nations plutôt que la Loi donnée à Moïse. Ils ont 

entraîné le peuple à pécher gravement contre Dieu. Ils ont éprouvé la patience infinie de Dieu qui leur avait envoyé des 

prophètes pour lesavertir et les inciter à se détourner de leur conduite mauvaise. Ils n’ont pas obéi parce qu’ils avaient « la 

nuque raide », ils n’ont pas fait confiance au Seigneur qui les avait libérés de l’esclavage. Face à cet endurcissement du cœur, la 

colère de Dieu a éclaté. 

Nous ne sommes pas très à l’aise lorsque la Bible nous parle de la colère de Dieu. Nous préférons entendre parler de sa

 miséricorde.

 C’est bien normal. Mais il serait dangereux de ne retenir dans les saintes Ecritures que ce qui nous plaît ou nous arrange ! La Bible 

parle de Dieu par analogie. Comment en parler autrement, à moins de se réduire à l’apophatisme ? Lorsque nous parlons de la 

bonté de Dieu, de sa miséricorde, nous le faisons à partir de ce que nous connaissons de la bonté chez les hommes. 

Lorsque nous parlons de sa colère, nous le faisons à partir de ce que nous connaissons de la colère chez les hommes. 

Nous n’avons que des mots humains pour parler de Dieu et essayer de comprendre qui il est. Et cependant, la Parole de

 Dieu nous enseigne que Dieu est bien audelà de tout ce que nous pouvons penser ou dire de lui. Dieu est plus grand

 que nous, plus grand que le monde, plus grand que toutes les pensées et les idées humaines. 

En parler avec analogie ne doit pas signifier que nous réduisons Dieu à nos propres pensées.

 Lui attribuer des sentiments de colère comme ceux que nous pouvons éprouver nous-mêmes aurait quelque chose de

 bien puéril. Nous devons plutôt comprendre que si la Bible prête à Dieu des sentiments humains, c’est pour signifier que Dieu

 n’est pas indifférent à la vie des hommes, qu’il n’est pas indifférent à leur conduite bonne ou mauvaise. Dieu n’est pas soumis 

aux changements et aux variations qui affectent le cœur humain, sinon il ne serait pas Dieu. Il serait comme les dieux de la

 mythologie païenne qui ressemblent tellement aux hommes qu’ils en deviennent pitoyables ! Dieu ne se met pas en colère 

comme les hommes peuvent se mettre en colère. Et pourtant, cela ne signifie pas qu’il soit indifférent à nos comportements, 

à nos manières de vivre, aux évènements de la vie des hommes. Il n’en souffre pas ou ne s’en réjouit pas, au sens où son 

essence divine, sa nature en serait altérée ou modifiée, mais il en est affecté dans son être-pour-nous, dans sa volonté

 de nous attirer à lui, de nous faire participer de sa vie divine. Les sentiments prêtés à Dieu, dans la Bible, sont une manière 

d’exprimer la proximité de Dieu à la vie des hommes, proximité qui est telle qu’il a voulu, en son Fils, se faire l’un de nous pour 

nous sauver. Et, en fin de compte, c’est en son Fils qu’il se révèle le mieux à nous, qu’il nous dit qui il est et qui nous sommes.

 La bonté de Dieu comme sa colère, sa justice comme sa miséricorde nous seraient à jamais restées voilées si Jésus, son Fils

 incarné, n’était venu nous sauver. C’est son visage qui nous révèle le visage de Dieu. 

Et j’en arrive à l’Evangile de ce jour. Ici, ce n’est plus de Dieu dont il est question, mais de l’homme. De même qu’en dehors de 

Jésus, nous ne pouvons pas comprendre qui est Dieu, de même, en dehors de Jésus, nous ne pouvons pas comprendre qui est

 l’homme. Notre jugement est altéré par notre propre condition de pécheur ; nous risquons toujours de regarder les autres sans

 tenir compte du fait que notre propre regard n’est pas pur. La petite parabole de la paille et de la poutre illustre l’aveuglement de

 notre jugement. La Parole de Jésus nous invite à ne pas juger nos frères parce que nous ne sommes pas Dieu. Nous voyons 

facilement les défauts et les péchés des autres, y compris les plus petits, mais nous sommes aveugles quant à nos propres défauts

 et péchés, y compris les plus gros. C’est ce qui faisait dire à un auteur spirituel, non sans humour, que si nous voulons connaître

 notre péché, il suffit de se renseigner auprès de nos voisins ! Est-ce à dire que nous devons renoncer

 à la correction fraternelle ? L’Evangile nous demande aussi de prévenir nos frères, au nom même de la charité fraternelle. 

Mais, une chose est de juger, une autre de vivre la correction fraternelle. Celui qui juge peut aussi condamner ; celui qui vit la

 correction fraternelle le fait en vue du salut et non de la condamnation. C’est la Parole de Jésus et son œuvre qui nous éclairent : il

 n’est pas venu condamner mais sauver ; et pour cela, il n’a cessé d’appeler les hommes à la conversion. C’est en contemplant le

 mystère du Christ, le mystère du salut en Jésus-Christ, que nous pouvons progresser sur le chemin de la conversion et vivre de telle sorte que nos frères grandissent dans la 

charité, et c’est bien sûr réciproque. La meilleure correction fraternelle pour moi est de voir mes frères s’appliquer à la charité

 fraternelle et d’être ainsi entraîné à faire comme eux. C’est un des secrets de la vie en communauté. En cherchant à voir le bien

 que fait l’autre, on change son regard sur lui, on s’édifie mutuellement dans la charité. 

Demandons la grâce d’approfondir toujours plus notre relation au Christ pour connaître Dieu et l’aimer, pour connaître nos frères

 et les aimer. Amen.

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