Samedi 22 septembre 2018 - Installation des curés — Diocèse de Tulle

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Samedi 22 septembre 2018 - Installation des curés

25ème dimanche Ordinaire – B - Eglise d’Objat

 

Frères et sœurs, dimanche dernier, l’évangile nous donnait à voir la foi de Pierre affirmant de Jésus qu’il est le Messie, mais aussitôt après refusant la perspective de voir Jésus souffrir et mourir. Aujourd’hui, l’évangéliste nous montrer l’attitude des autres Apôtres face à la révélation que vient de leur faire Jésus à son sujet : il doit être livré aux mains des hommes qui le tueront. Les Douze se taisent, car ils ne comprennent pas ces paroles du Maître et ils ont peur de l’interroger. Ce n’est pas ce qu’ils avaient imaginé. Et la conversation qu’ils entretiennent entre eux, à l’écart de Jésus, sur la route qui mène à Capharnaüm, est révélatrice de leur mentalité. Ils imaginent Jésus prendre le pouvoir à Jérusalem et déjà c’est comme s’ils se distribuaient les portefeuilles ministériels…, en se demandant qui d’entre eux serait le plus important… Pauvres Apôtres !

Jésus va faire preuve de beaucoup de patience et de pédagogie à leur égard, en les amenant à réfléchir sur leur attitude. Joignant le geste à la parole, Jésus s’assied, comme pour s’abaisser devant eux, eux qui discutaient pour savoir qui était le plus grand. Et il explicite son enseignement par une parabole vivante, dans la personne d’un enfant qu’il place au milieu d’eux. Le terme grec que nous traduisons par « enfant » désigne aussi un jeune esclave. C’est cette précarité sociale que Jésus veut leur donner en exemple : l’enfant tout comme l’esclave ne jouissaient d’aucun droit dans la société de cette époque. Non seulement Jésus met au milieu du cercle des apôtres – entendons au milieu de l’Eglise – celui qui n’a d’autre droit que celui de servir, mais il pousse le paradoxe jusqu’à s’identifier lui-même à cet enfant esclave, et il invite ses apôtres à découvrir dans cet enfant le visage du Père.

Je suis heureux que la liturgie de ce jour nous fasse écouter ce passage des évangiles, au moment où je viens installer officiellement vos nouveaux curés in solidum. En effet, ils viennent à vous, ils sont envoyés vers vous comme des serviteurs de l’Evangile. Le mot « curé » signifie celui qui a la cure, le soin, des âmes. Non pas pour régner en maître sur les personnes qui lui sont confiées, mais pour se mettre à leur service, en leur annonçant l’Evangile, en leur ouvrant le trésor des sacrements et en les guidant, à l’exemple du Christ Serviteur et bon pasteur de son peuple. Il s’agit de l’Abbé Louis Brossolet, de l’Abbé Jean-François Barlier et de l’Abbé Cyprien Sagna. Ils porteront ensemble, collégialement, la charge pastorale, l’un d’entre eux, en étant le Modérateur, c’est-à-dire celui qui veille à ce que cette collégialité se passe bien, qui veille à la communion fraternelle. Avec eux, il y a deux prêtres auxiliaires : l’Abbé Louis Jousseaume qui était déjà là depuis un an et l’abbé Mathias Bahillo qui arrive. Parce qu’ils ont plus de 75 ans, ils ont renoncé à la charge curiale, mais ils n’ont pas renoncé à continuer de servir, à la mesure de leur force bien sûr, en se rendant disponibles pour telle ou telle mission ponctuelle ou habituelle, en accord avec les curés in solidum. Ensemble, ces prêtres forment une « fraternité presbytérale ». Le noyau dur, ce sont les curés in solidum, et s’y adjoignent les prêtres auxiliaires selon ce qu’ils ont décidé ensemble. Leur ministère est au service des Communautés Locales d’Objat, d’Allassac et de Vigeois/Uzerche. Provisoirement, ils doivent aussi assurer le service de la Communauté Locale de Lubersac/Arnac-Pompadour, en raison de la maladie de l’Abbé Eurico Sampaïo.

Les « fraternités presbytérales », les « fraternités locales missionnaires » et les « Communautés Locales » avec leur « Equipe d’Animation pastorale » constituent comme une sorte de trépied des Orientations pastorales diocésaines, avec un seul but : la mission, une Eglise missionnaire dans un Espace missionnaire – ici, l’Espace missionnaire d’Objat. Ce qui est le plus important, ce sont les Communautés Locales avec leur Equipe d’Animation pastorale. Les curés doivent se répartir entre eux le suivi de chacune des Communautés. Le « suivi », cela signifie : aller vers cette Communauté (même si le prêtre n’y réside pas), réunir l’Equipe d’animation pastorale et travailler avec elle, non pas pour se contenter d’administrer et de dire des messes, mais pour inventer la mission pour aujourd’hui, c’est-à-dire rendre la Communauté elle-même missionnaire. Une communauté qui ne devient pas missionnaire est une communauté en état de survie, en perfusion… Chaque Communauté doit se prendre en main elle-même, faire preuve d’initiatives pour la mission. Il n’y a pas de recette toute faite ; il faut chercher ensemble et avancer, cheminer, en appelant des personnes pour telle ou telle tâche, en allant au-devant de ceux qui ne font pas partie de la Communauté rassemblée, de ceux qui sont loin de l’Eglise, en allant visiter les gens, les familles, les personnes âgées, les malades, etc.. Regardez Jésus dans l’Evangile : vous ne voyez pas s’installer dans un endroit ; il est sans cesse en sortie, en visite, de village en village, de ville en ville. La seule urgence, c’est la mission : faire connaître Jésus et son Evangile de salut.

Il y a bien sûr des domaines où la Communauté locale ne peut pas se suffire à elle-même : je pense à la pastorale des jeunes, au catéchuménat, à la préparation des baptêmes et des mariages ; là, il faut penser une pastorale à la dimension de l’Espace missionnaire, en créant des équipes inter-Communautés pour accompagner les personnes en question. Je vous en supplie : pas de centralisation ! Mais une vie réelle des Communautés avec des transversalités pour certains domaines que je viens d’indiquer et d’autres peut-être.

Il y a aussi les « fraternités locales missionnaires ». Ca c’est encore autre chose. Ce sont dans les villages, les clochers, ou les bourgs plus importants, de petites cellules de trois, quatre, cinq, six chrétiens qui, à l’initiative, non pas des prêtres, mais d’un ou deux chrétiens se retrouvent régulièrement pour prier ensemble, dans la semaine, soit à l’église du village, soit dans une maison. On prie ensemble, on boit le café ensemble, et on réfléchit pour savoir qui il faut aller visiter aux alentours : des personnes âgées qui ne sortent pas, des malades, des personnes qui traversent une épreuve, etc.. C’est tout simple. Mais la vie chrétienne au quotidien ce n’est pas de faire des choses extraordinaires ! On ne peut pas être chrétien seulement une heure par semaine le dimanche ! Il faut retrouver le sens de la fraternité qui caractérise la vie chrétienne. L’Eglise est menacée par l’individualisme qui caractérise nos sociétés modernes. Chacun chez soi, chacun sa petite vie. Je ne sais pas où vous en êtes de ces communautés locales… Je sais quand même qu’ici ou là, il y a quelque chose qui se fait, mais c’est loin d’être généralisé ! Il faut donc que nous nous stimulions les uns les autres et que les prêtres donnent un petit coup de pouce parfois pour qu’une fraternité locale démarre. Si personne ne fait le premier pas, rien ne se fait ! Ca aussi, c’est la mission ! D’ailleurs, ces fraternités locales s’appellent « fraternités missionnaires ». Ce n’est pas pour rien. Je suis sûr que si partout en Corrèze de telles fraternités existaient, ça changerait beaucoup de choses pour la visibilité de l’Eglise et surtout pour le témoignage évangélique.

Aujourd’hui, en venant officiellement « installer » les curés, comme le demande le droit de l’Eglise (mais vous avez bien compris que le mot « installation » est une façon de parler, car il ne faut surtout pas qu’ils s’installent, mais qu’ils aillent au-devant des Communautés), aujourd’hui, je vous laisse la recommandation suivante : aidez vos prêtres ! Aidez-les à vivre la fraternité entre eux et avec vous ! Soutenez-les pour la prise en charge des Communautés. Soyez indulgents envers eux, n’exigez pas qu’ils soient partout en même temps et qu’ils fassent tout ! Permettez-leur d’avoir du temps pour aller vers ceux qui ne font pas partie de la communauté rassemblée, qui sont plus ou moins proches ou plus ou moins loin de l’Eglise. Permettez-leur d’être des missionnaires, c’est-à-dire des prêtres dont toute l’énergie n’est pas absorbée par le service de ceux qui ont déjà les deux pieds dans l’Eglise. Car il y a tous les autres, et Dieu sait s’ils sont nombreux, qui sont aux marges des Communautés et tous ceux qui ne connaissent pas le Christ. Aujourd’hui, les prêtres doivent, en partie, inventer une nouvelle manière de vivre leur ministère, qui soit adaptée à la situation qui est la nôtre ; et ils doivent aider les Communautés à devenir elles-mêmes missionnaires.

Personne n’a de solution toute faite, ni l’évêque, ni les prêtres, ni les membres des Equipes d’animation pastorale, ni les membres des communautés. Il faut chercher ensemble, il faut prier ensemble le Seigneur, pour qu’il nous donne son Esprit, l’Esprit de Pentecôte qui a fait sortir les Apôtres du Cénacle.

Chers frères prêtres, je vous encourage à être des prêtres appelants. C’est une des insistances des Orientations pastorales : devenir une Eglise appelante. Ce doit être le souci des Equipes d’Animation pastorale et de tout le monde.

Frères et sœurs, allons de l’avant, sans regarder en arrière, demandons la grâce de nous laisser travailler par l’Esprit Saint pour être ensemble, chacun selon ses charismes, son état de vie, ses fonctions dans l’Eglise, une Eglise fraternelle, missionnaire et appelante, afin que l’Evangile soit toujours annoncé et vécu. Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

 

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