15 juin 2018 - Vendredi 10ème semaine du temps ordinaire — Diocèse de Tulle

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15 juin 2018 - Vendredi 10ème semaine du temps ordinaire

Rassemblement du MCR à Argentat

Frères et sœurs, tous ces jours-ci, à la messe, nous lisons dans le 1er livre des Rois, la geste du prophète Elie, souvent haute en couleur et si riche d’enseignement pour la vie de l’Eglise et notre vie personnelle de disciples du Christ.

Dans le passage d’aujourd’hui, nous voyons le prophète Elie en proie au doute, à la fatigue, à l’épuisement, au désespoir. Il s’est retiré au désert pour fuir la colère de la méchante reine Jézabel qui veut le faire mourir, parce qu’il s’en est pris aux prophètes de Baal et plus largement parce qu’il ne cesse de dénoncer l’attitude du roi et du peuple qui ont abandonné l’Alliance. Elie a marché 40 jours et 40 nuits jusqu’à la montagne de l’Horeb. Il se sent bien seul et pour ainsi dire comme abandonné des hommes et même de Dieu. Probablement doute-t-il de la puissance de Dieu et probablement a-t-il dans la tête l’idée que tout ce qu’il a fait pour Dieu, avec sa fougue et sa passion, n’a servi à rien. Les fils d’Israël ont rompu l’Alliance avec Dieu, ils ont profané les autels, tué les prophètes. Elie reste seul et on veut le tuer lui aussi.

Alors qu’il est dans ces sentiments-là, d’échec et de désespoir, Dieu va encore se révéler à lui et lui manifester sa Présence, d’une manière qu’il n’attend pas. Dieu n’est pas dans l’ouragan, il n’est pas dans le tremblement de terre, il n’est pas non plus dans le feu ! C’est dans le bruissement d’un souffle ténu, une brise légère que Dieu va lui parler et lui confier une dernière mission : oindre un roi pour Aram et oindre un roi pour Israël ; enfin, oindre Elisée qui sera son successeur comme prophète. C’est dire que la course d’Elie, son ministère de prophète n’auront pas été vains et que tout ne va pas s’arrêter, malgré l’échec apparent. Dieu va encore faire du nouveau pour Israël. La présence de Dieu se manifeste dans la brise légère, presqu’imperceptible, pour signifier à Elie que la puissance divine est bien réelle, même si elle ne se voit pas, même si elle n’est pas là où Elie l’attendait.

Chers amis, cette histoire est riche d’enseignement pour notre vie chrétienne. Trop souvent, on peut avoir le sentiment que Dieu se tient loin de nous. Certains peuvent même penser que Dieu les a abandonnés, parce qu’ils traversent telle ou telle épreuve, parce qu’ils ont l’idée que leur vie est un échec, qu’ils n’ont pas pu faire ce qu’ils auraient voulu faire, etc. C’est la tentation de la désespérance ou du moins du désespoir. On n’est plus capable de voir, de reconnaître la présence du Seigneur à nos côtés, parce qu’on l’attend là où il n’est pas, parce qu’on imagine sa puissance à la mesure de nos critères humains. Ce n’est pas pour rien que l’Eglise, dans sa prière liturgique, nous fait prier 3 fois par jour le Notre Père (Laudes, Messe, Vêpres), en faisant cette demande : « ne nous laisse pas entrer en tentation ». La grande tentation, c’est de ne plus croire ou très insuffisamment à la présence de Dieu à nos vies, aux évènements de nos vies, à la vie de l’Eglise, de douter de sa puissance, de nous faire une fausse image de ce qu’il est, de ne plus être capable de discerner sa volonté et ce qu’il attend de nous.

Il y a deux jours, lors d’une réunion d’évêques, l’un d’entre nous a rapporté les paroles que lui avait laissées son prédécesseur au moment où il lui succédait : « souvent, tu auras l’impression de te trouver devant un mur, ne sachant comment avancer, dans une situation bloquée, sans issue apparente, mais tu verras, qu’au dernier moment, Dieu, dans sa paternelle Providence, ouvrira un nouveau chemin, ouvrira l’avenir ». Et l’évêque qui nous rapportait ces paroles, ajoutait : « c’est vrai ! Et j’en ai fait bien souvent l’expérience ! » Je crois que nous pouvons dire la même chose. Dieu ne nous abandonne jamais, même lorsque, comme Elie, nous n’y voyons plus clair. Nous le croyons absent, mais il est toujours là et il agit, même si notre manque de foi et d’espérance nous empêche de percevoir les signes de sa présence et son action, même si nous ne discernons pas facilement ce qu’il attend de nous. Et, si parfois, il semble éprouver notre patience, comme il éprouva plusieurs fois celle du prophète d’Elie, c’est sans doute pour nous inviter à nous tourner vers lui dans la prière, à écouter sa Parole, à raffermir notre confiance en lui, à espérer contre toute espérance.

C’est vrai pour notre vie personnelle, c’est vrai pour la vie de l’Eglise. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que le Règne de Dieu progresse dans nos cœurs et dans le monde, mais en sachant bien que Dieu est plus grand que nous, plus grand que le monde, plus grand que nos idées et nos projets, et que, sans lui, nous ne pouvons rien faire.

N’ayons pas la nostalgie du passé, ne rêvons pas d’un avenir selon nos critères ou nos désirs ! Comptons toujours sur la grâce de Dieu et confions-nous à sa divine providence qui ne se trompe jamais en ses desseins ; mieux que personne, il sait ce qui est bon pour nous. Ne perdons pas du temps à nous lamenter, mais avançons dans la foi, dans la confiance, un pas après l’autre, en sachant bien que ce qui se voit est provisoire, mais que ce qui ne se voit pas est éternel. Amen.

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