Ne masquez pas votre joie ! — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Ne masquez pas votre joie !

Edito de l'Eglise en Corrèze - Octobre 2020

Chers diocésains, telle est l’invitation que j’ai envie de vous lancer, après avoir vu la joie sur les visages masqués des jeunes élèves de nos établissements scolaires au jour de la rentrée, il y a déjà un mois. Pour eux, c’était la joie de re-trouver leurs camarades et, malgré les contraintes sanitaires, de reprendre une vie normale.

Je sais bien que ce n’est pas une rentrée tout-à-fait comme les autres. Beaucoup d’incertitudes et même de peurs occupent les esprits et peuvent paralyser l’action et les initiatives. Mais la peur n’est jamais bonne conseillère. Si une certaine prudence s’impose en raison de la circulation du virus, elle ne doit pas nous anesthésier et faire de nous des êtres qui mèneraient désormais une vie au rabais. Pour les grecs de l’Antiquité, la prudence était un juste milieu entre la témérité et la peur. Comme vertu chrétienne, elle est bien plus que cela ; elle permet de discerner où est le véritable bien et de choisir les justes moyens de l’accomplir. C’est dire que la pru-dence, dans la situation qui est la nôtre en raison de l’épidémie, ne vise pas seulement à nous protéger du virus (même si c’est nécessaire d’observer certaines règles sanitaires), mais à envisager humblement comment continuer à faire le bien : accomplir son devoir d’état, maintenir et promouvoir les relations humaines, se soucier des plus fragiles, œuvrer pour la justice et la paix, etc.

En ce qui concerne la vie de nos Communautés locales, je vous invite à tout mettre en œuvre pour reprendre les activités pastorales habituelles, pour rejoindre les Assemblées liturgiques dominicales, pour vivre la diaconie de l’Église, même s’il faut supporter certains inconvénients (masques, gel, etc.). Pendant le mois de septembre, j’ai eu la joie de participer à plusieurs pèlerinages, rencontres de jeunes, assemblées des familles, et j’ai constaté avec bonheur que les aînés de nos communautés (bien masqués) n’avaient pas perdu leur joie et leur ferveur et qu’ils pouvaient montrer l’exemple que la vie ne s’arrête pas malgré les difficultés du moment présent. Je les en remercie !

Après l’épreuve du confinement, il serait toutefois regrettable que nous ne cherchions qu’à reprendre tout simplement, le plus possible, la vie comme avant. Nous avons encore à faire un effort important pour relire ensemble ce qui s’est passé depuis le mois de mars dernier, pour en tirer les leçons et inventer de nouvelles manières de vivre la communion et la mission dans nos Communautés locales. Même si le coronaviruss’éteignait subitement, il ne conviendrait pas de faire comme si rien ne s’était passé. J’invite les pasteurs et les Équipes d’Animation Pastorale à réfléchir à la manière dont nos Communautés pa-roissiales vont prendre en compte la situation des personnes seules, des aînés dans les EHPAD, des familles en difficulté à cause de la perte d’emploi ou d’autres traumatismes. Je reprendrais volontiers les propos de Mme Natalia Trouiller, dans un article paru dans la revue « Prêtres diocésains » (numéro de juin-juillet) : « cette crise sans précédent va nous obliger à retrouver le sens même du mot paroisse : paroikos, « celui qui habite à côté ». Les seules ac-tions que nous pourrons mener seront celles qui ne nous coûteront rien (les ressources financières des paroisses ont été mises à mal) : à nous de faire de nos paroisses des laboratoires de la gratuité, et donc du lien social. » Prions l’Esprit-Saint afin qu’il nous permette de discerner ce que nous devons faire !

Chers amis, une certitude doit sans cesse nous habiter, et à plus forte raison dans les périodes de crise et d’inquiétude : Jésus est présent dans la barque de l’Église. Comme les Apôtres, sur la mer de Galilée en furie, nous pourrions penser qu’il dort et nous laisse affronter seuls la tempête... Il n’en est rien. Il nous l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » C’est la dernière parole de Jésus dans l’évangile selon saint Matthieu et la dernière parole de cet évangile (Mt 28, 20). Si des sentiments de découragement devaient envahir nos cœurs et nos esprits, rappelons-nous bien vite cette autre parole du Christ qui parcourt les évan-giles : « N’ayez pas peur ! »

+ Francis BESTION,

Évêque de Tulle

Navigation