Le Messager de la Paix — Diocèse de Tulle

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Le Messager de la Paix

Edito de l'Eglise en Corrèze - Avril 2021

J’écris ces lignes au moment où le pape François vient de revenir au Vatican, au terme de son voyage apostolique en Irak. Le Saint-Père s’était qualifié de « pèlerin » sur « ce
lieu béni qui nous reporte aux origines, aux sources de l’oeuvre de Dieu, à la naissance de nos religions ». Dans la patrie d’Abraham, Ur, lors de la rencontre interreligieuse qu’il a suscitée, il s’est exclamé/: « il nous semble revenir à la maison».

Sur cette terre ravagée par dix-huit années de guerre, le successeur de Pierre s’est fait le pèlerin de la paix, de la fraternité et de la réconciliation. De Bagdad, ville sainte des Chiites, à Erbil, capitale du kurdistan irakien, en passant par Nadjaf, Ur, Mossoul – qui était devenue la capitale de Daech –, et Qaraqosh, il a voulu donner un élan et un sou0e au processus de paix et de reconstruction, dans ce pays où les équilibres politiques, religieux sont très fragiles et menacent toujours d’être rompus par l’activisme des idéologies islamistes encore bien présentes.

Les chrétiens en Irak étaient déjà une/minorité parmi d’autres, avant les guerres et les dévastations de Daech, mais ils le sont bien plus maintenant, car beaucoup ont fui le pays. Ceux qui sont restés ont souvent le sentiment – et c’est aussi le cas pour les autres minorités religieuses – d’être oubliés par le reste du monde. Le pape François a voulu leur manifester que l’Église universelle ne les oublie pas, que partout des frères chrétiens prient pour eux. Le voyage du Saint- Père nous invite à poursuivre notre prière et nos actions de solidarité envers cette communauté martyre. L’Église, en France, s’est mobilisée il y a quatre ou cinq ans pour venir en aide aux étudiants irakiens afin qu’ils puissent rester dans
leur pays. Dans notre diocèse, il y a eu aussi des actions, comme celle de l’Ensemble scolaire Edmond Michelet, en vue de la reconstruction d’écoles à Erbil. Nous devons poursuivre cette solidarité, notamment en faveur de la jeunesse, car elle représente la majorité de la population irakienne et c’est sur elle que repose en grande partie le destin de ce pays. Dans la cathédrale Syriaque catholique de Bagdad, Notre-Dame du Salut, où périrent 47 chrétiens, prêtres et laïcs, lors du terrible attentat de 2010 (leur cause de béatification est en cours), le pape a exprimé ainsi ses espoirs en la jeunesse/: « Ici, il n’y a pas seulement un inestimable patrimoine archéologique, mais une richesse incalculable pour l’avenir/: ce sont les jeunes/! »

L’un des grands enjeux du voyage du pape était de soutenir l’élan de reconstruction en montrant que si le défi est di1cile, il n’est pas impossible, dans la mesure où l’on s’efforce de vivre un « sain pluralisme religieux, ethnique et culturel qui peut contribuer à la prospérité ». Mais pour cela, il faut que les chrétiens reçoivent un traitement équitable et que « personne ne soit considéré comme citoyen de deuxième classe ». La visite du pape à l’ayatollah Ali al-Sistani, chef des chiites (la composante de l’islam la plus nombreuse) qui rejette la violence et l’instrumentalisation de la religion, a constitué un moment fort du voyage. De même la rencontre interreligieuse, à Ur, manifestait que ce sont les chrétiens qui peuvent réussir à réunir toutes les communautés religieuses et créer une fraternité entre les enfants d’Abraham. Le Saint-Père a appelé l’ensemble des communautés « à fixer les étoiles », comme Abraham, « pour cheminer ensemble du conflit à l’unité. »

La portée symbolique de ce voyage apostolique dépasse largement les frontières de l’Irak. Nous sommes concernés et invités à être aussi des messagers de paix, de fraternité et de réconciliation, à la suite du Ressuscité. Lors de ses apparitions, le Christ de Pâques salue les disciples de la sorte/: « la paix soit avec vous/! ».

+ Francis BESTION,
Votre évêque

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