Tristesse et honte — Diocèse de Tulle

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Tristesse et honte

Edito de l'Eglise en Corrèze - Novembre 2021

Nous avons reçu, il y a un mois, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (C.I.A.S.E.). La Conférence des évêques et la Conférence des religieux et religieuses de France ont été à l’origine
de la création de cette commission, qu’ils ont voulu indépendante, pour faire la clarté sur ce sujet, depuis 1950 jusqu’à nous jours.

Les révélations de ce Rapport de la CIASE ont été comme une déflagration qui nous a plongés dans la sidération,
la tristesse et la honte. Derrière les chiffres donnés, il y a des personnes victimes dont la vie a été abîmée et marquée pour toujours. C’est à elles que nous pensons en tout premier lieu. Après la consternation viennent des questions : comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ce mal ? Que devons-nous faire ?

Il y a un temps pour tout. Celui de l’émotion est naturel et il est légitime et bon que les sentiments éprouvés puissent, d’une manière ou d’une autre, s’exprimer. Vient ensuite le temps de l’analyse, de la réflexion, pour regarder
de près ce que nous dit ce rapport de la CIASE. Tout cela, nous avons commencé à le faire personnellement et dans diverses instances. Le Conseil presbytéral (assemblée des prêtres) du diocèse, dans sa session du 14 octobre dernier, a consacré un temps important où chacun a pu exprimer ses réactions et ses réflexions. Je sais aussi que dans des Communautés paroissiales, des rencontres sont prévues. Enfin, il y a le temps de l’action. Certes, la Conférence des évêques n’a pas attendu le Rapport de la commission pour prendre des décisions et mettre en oeuvre des actions concrètes pour la lutte contre la pédocriminalité et les autres abus sexuels dans l’Église, mais cela doit se poursuivre, notamment à partir des préconisations de la CIASE.

Depuis plusieurs années, tous les adultes – prêtres et laïcs – qui ont une responsabilité auprès des enfants et des jeunes sont sensibilisés sur la prévention des abus sexuels. Des règles strictes de vigilance sont appliquées lors des différentes activités (catéchèse, aumônerie, retraites spirituelles, camps, etc.) et aussi pour la pratique du sacrement de réconciliation. Lorsque ces règles sont bien intégrées, elles permettent que les activités se déroulent dans la sérénité, sans que s’installe la suspicion ou la peur, notamment pour les parents qui confient leurs enfants à ces structures ecclésiales. Si toutefois un comportement suspect était repéré, il doit être signalé aussitôt par ceux et
celles qui en seraient les témoins.

Alors que nous sommes entrés dans une double démarche synodale, concernant notre Église locale et l’Église universelle, les révélations sur les abus sexuels dans l’Église et dans la société, même si elles nous attristent profondément, ne doivent pas nous paralyser ou nous détourner de la mission d’annonce de l’Évangile, de la communion à vivre entre membres de l’Église et de la fraternité envers toute personne. L’épreuve de vérité est salutaire pour avancer. Comme le dit le pape à propos de la synodalité, non pas pour faire une Église «différente», mais pour vivre « autrement » dans l’Église. Cela suppose que chacun se convertisse (au lieu de vouloir convertir les autres), fasse preuve d’attention, de bienveillance et de respect envers le prochain, particulièrement les plus fragiles, les démunis, les isolés, les souffrants, et qu’ensemble nous travaillions à l’unité du Corps du Christ, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

 

+ Francis BESTION,
Votre évêque

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