20 septembre 2020 - Sacrements de l’Initiation donnés à 4 catéchumènes adultes et installation de l’abbé Simon Savarimuthu comme curé in solidum — Diocèse de Tulle

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

20 septembre 2020 - Sacrements de l’Initiation donnés à 4 catéchumènes adultes et installation de l’abbé Simon Savarimuthu comme curé in solidum

25ème dimanche du Temps ordinaire – Année A - Cathédrale de Tulle

Toutes les paraboles de l’Evangile sont déconcertantes, certaines le sont plus que d’autres. C’est le cas pour la Parabole que l’on vient d’entendre, où l’inégalité de traitement des ouvriers semble dépendre du bon vouloir de l’employeur. Or cette manière de faire paraît contraire à la justice la plus élémentaire. On a envie de dire : mais… dans quelle société se trouve-t-on ?

Avec les Paraboles de l’Evangile, il faut renoncer à l’interprétation morale car ce n’est jamais la bonne lecture. Les titres habituels donnés à ces paraboles sont eux-mêmes trompeurs : ils s’attachent à mettre en relief le côté provoquant, choquant, du récit. On retient « les ouvriers de la 11ème heure », comme on retient « l’enfant prodigue » ou « le gérant malhonnête ». Rappelons-nous que lorsque Jésus raconte une parabole, son intention, c’est, à travers le déroulement d’une brève histoire inventée, de révéler une vérité pour notre vie.

Et ici, la vérité première, c’est de nous faire découvrir Dieu sous les traits du vigneron maître du domaine, - ce vigneron qui embauche à toute heure, jusqu’à une heure avant le coucher du soleil - ; l’important, c’est que personne ne se sente inutile, - et puis, c’est un vigneron dont les largesses paraissent ne tenir aucun compte des horaires effectivement travaillés.

Le Dieu qui se révèle ainsi, c’est le Dieu qui aime avec démesure. La mesure de son Amour, c’est d’être sans mesure !

C’est déjà de ce Dieu dont parlait l’Ancien Testament, le « Dieu de tendresse et de pitié, plein d’amour » qu’invoquent les Psaumes : le « Dieu riche en pardon » dont parle le livre d’Isaïe dans la première lecture. Pensons encore à d’autres paraboles de l’Evangile : le semeur qui jette la semence à profusion, le berger qui court après la brebis perdue, le père qui accueille son fils ingrat qui avait quitté la maison et dilapidé son héritage.

 

Dans la Parabole d’aujourd’hui, l’accent est mis sur la confiance envers les derniers venus, ceux que l’on n’attendait pas, ceux qui ne s’y attendaient pas, ceux qui ne le méritaient pas. Mais, pour le Dieu de Jésus Christ, il n’est pas question de mérites ou de salaires ou de barèmes ou d’horaires. Parce que, pour prendre le langage et les distinctions du philosophe Pascal, nous sommes dans un autre ordre que celui de la pure rationalité scientifique : parce que nous sommes dans l’ordre de l’amour. Alors, dans cet ordre-là, les références habituelles ne fonctionnent plus. C’est la samaritaine, femme à la réputation médiocre, qui reçoit l’annonce que Jésus est le Messie ; c’est Zachée le fonctionnaire véreux qui reçoit l’annonce du salut pour tous ; c’est le larron en croix, - ouvrier des cinq dernières minutes, celui-là ! – qui reçoit l’assurance de la vie avec Dieu pour l’éternité.

Parabole des ouvriers de la vigne ?... Il vaudrait mieux dire : Parabole du Bon Vigneron maître de la vigne, qui se révèle être la figure de Dieu - Dieu d’amour pour tous et jusqu’à la dernière heure, un Dieu pour qui il n’est jamais trop tard.

C’est là la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Mais de même qu’il ne faut pas faire de contre-sens sur ce que Dieu nous dit de lui, de même il ne faut pas se tromper sur ce que Dieu attend de nous. Dans cette parabole, il n’y a aucun encouragement à la passivité. Quoi qu’il en soit, du moment où l’appel est lancé, l’important, c’est d’y répondre : « Allez, vous aussi, à ma vigne ! ». Partout où il vit, et quelque soit l’heure, le chrétien est appelé à faire advenir le Royaume de Dieu. Il s’agit pour nous d’être comme le Christ au milieu du monde. Car le Christ n’a pas d’autres mains que nos mains pour transformer le monde : nourrir ceux qui ont faim, soigner, visiter, accueillir, pardonner – autant de gestes concrets qui vont signifier pour nous une réponse vraie au maître de la vigne qui nous fait appel.

Alors : travaillons d’abord dans le petit arpent de vigne qui est le nôtre : la famille, l’école, la profession, le quartier, le village, la paroisse, avec une attention particulière à celles et à ceux qui affrontent les difficultés de l’immédiat : la longue maladie, la dépendance des grands Anciens, la solitude des personnes âgées ; les problèmes professionnels des adultes dans les entreprises – problèmes que la crise sanitaire est venu accroître – ; et plus largement, pour beaucoup, jeunes et moins jeunes, les incertitudes concernant l’avenir.

Mais cela ne nous empêche pas de penser à tous nos frères et sœurs lointains qui sont aussi dans la grande Vigne de l’Eglise universelle et dont certains connaissent la faim et la soif, la guerre et les épidémies, d’autres les persécutions à cause de leur foi. Nous pensons particulièrement au peuple libanais qui vit un moment tellement difficile.

Aujourd’hui encore le Seigneur appelle de nombreux ouvriers à sa Vigne.

Oui, frères et sœurs, aujourd'hui encore, le Seigneur ne cesse pas d'appeler des ouvriers à sa Vigne. Je pense à tous ces jeunes ou adultes qui découvrent le Christ et la joie de croire en lui, qui voient leur vie transformée par cette rencontre et qui demandent le baptême. C’est le cas pour Alexandra, Jennifer, Sandrine et Sophie qui sont là aujourd’hui, un peu comme les ouvriers de la onzième heure dans la parabole.

Chères catéchumènes, chacune d’entre vous a parcouru un chemin plus ou moins long et singulier pour parvenir à la Profession de foi que vous allez faire dans quelques instants. Mais c’est bien le même Seigneur que vous avez rencontré à travers le témoignage des chrétiens que vous avez connus et en particulier ceux et celles qui vous ont accompagnées dans votre cheminement catéchuménal. Vous avez appris à connaître Jésus de Nazareth et à croire à la réalité des évènements rapportés par les évangiles à son sujet.

Vous avez compris, j’espère, qu’être baptisé, ce n’est pas simplement faire un pas de plus dans un chemin d’épanouissement personnel. C’est naître à la vie nouvelle et entrer dans la famille de l’Eglise. Cette naissance passe par une mort. De même que la victoire du Ressuscité sur la mort est passée par le don qu’il a fait de sa vie, de même notre naissance à la Vie doit passer par un renoncement à notre ancienne manière de vivre.

Pour le moment, vous portez encore l’écharpe violette du pénitent, signe de votre ancienne vie et de votre démarche de conversion. Dans quelques instants, une fois baptisées, cette écharpe vous sera ôtée et vous recevrez le vêtement blanc, signe de la vraie vie à laquelle vous êtes engendrées.

Parce que vous savez que vous n’êtes pas meilleurs que les autres et que vous avez constaté que tous nous sommes bien faibles pour vivre pleinement la vie de disciple de Jésus, vous savez bien que ce ne sera pas facile pour vous tous les jours d’y être fidèles. Etre témoins du Ressuscité dépasse pour une bonne part nos propres forces. C’est pour cela que vous allez recevoir l’Esprit-Saint comme le reçurent les Apôtres le jour de la Pentecôte. Votre baptême se parachève dans le don de l’Esprit-Saint par le sacrement de confirmation.

Chaque dimanche à venir vous pourrez aussi puiser la force dans le sacrement de l’Eucharistie que vous recevez aujourd’hui pour la première fois. C’est le Christ qui vous donne son Corps et son Sang pour en être fortifiés tout au long de votre pèlerinage de la foi sur cette terre.

Frères et sœurs, aujourd’hui, c’est l’installation officielle de l’abbé Simon qui a rejoint la fraternité des prêtres de Tulle depuis quelques semaines, comme curé in solidum. Il nous arrive de la Guadeloupe où il était prêtre fidei donum ; son pays d’origine est l’Inde et plus précisément le diocèse de Thanjavur.

Je profite de cette occasion pour reprendre avec vous les Orientations pastorales diocésaines, en ce qui concerne les fraternités presbytérales et les Communautés Locales.

Lorsqu’avec le Conseil presbytéral, qui est un conseil de gouvernement pour l’évêque, nous avons travaillé en vue des Orientations pastorales, il est apparu très clairement que nous ne pouvions plus, avec le nombre de prêtres disponibles maintenant et dans les années qui viennent, tenir le modèle jusque-là en vigueur où on répartissait les prêtres, tant bien que mal, sur l’ensemble du territoire diocésain. On n’y arrivait plus. A cela s’ajoutait le fait que laisser un prêtre seul – et parfois un prêtre venant de l’étranger – n’était plus possible dans la situation actuelle, n’était pas souhaitable pour des raisons d’équilibre humain et spirituel. Et c’est ainsi que nous avons mis en place les fraternités de prêtres, à Ussel, Tulle, Objat et Brive. Sans habiter nécessairement sous le même toit, 4 ou 5 prêtres se rassemblent pour un repas journalier, pour un temps de prière, pour une réunion hebdomadaire et, selon la charte qu’ils élaborent eux-mêmes, pour d’autres activités ou temps fraternels. C’est moins qu’une vie communautaire (religieux), mais c’est plus qu’une vie d’équipe ! C’est une vie fraternelle où les uns et les autres se soutiennent humainement, spirituellement et pastoralement.

Ces fraternités sont constituées de prêtres en activité qui sont nommés curés in solidum, c’est-à-dire qui portent collégialement, solidairement, la charge pastorale des paroisses des diverses Communautés locales. L’un d’entre eux est modérateur de cette charge pastorale. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’il coordonne l’activité pastorale des curés in solidum, qu’il veille à l’unité, à la communion de la fraternité presbytérale. Il est curé au même titre que les autres, mais il assure le service de la communion, de la coordination. Ici, c’est le Père Risso qui assure cette charge et je le remercie car c’est quelque chose qui s’ajoute à tout le reste et qui demande beaucoup de sagesse, de prudence et de patience.

La charge de curé consiste à conduire les Communautés locales ; chacun des curés in solidum a en charge le suivi d’une ou deux Communautés locales. Il n’est pas seul pour conduire ces communautés ; il y a dans chaque communauté une Equipe d’Animation pastorale. C’est ainsi que j’ai confié à l’abbé Simon la charge d’accompagner plus particulièrement les communautés locales de Meyssac et de Beaulieu. Il n’en est pas le curé exclusif puisque tous les curés portent solidairement la charge curiale, mais il est celui qui veille davantage sur ces deux Communautés et qui réunit régulièrement les Equipes d’Animation pastorale pour penser l’animation et la mission dans ces Communautés.

Je remercie l’abbé Simon d’être venu jusqu’à nous depuis la lointaine Guadeloupe et Mgr Riocreux, l’évêque de Basse-Terre, de l’avoir orienté vers cette nouvelle mission. C’est un grand changement pour lui, mais en venant d’Inde en France, il y a 16 ans, il a déjà montré sa capacité d’adaptation !

 

Frères et sœurs, ils ne manquent pas les chercheurs de Dieu dans notre monde. Puissent-ils trouver auprès de ceux qui sont déjà des ouvriers de la Vigne, depuis longtemps ou depuis peu, comme vous, comme le Père Simon, comme Alexandra, Jennifer, Sandrine et Sophie, le témoignage de personnes qui mènent une vie digne de l’Evangile de Jésus-Christ, comme le demandait Saint Paul aux chrétiens de la ville de Philippe, au point que nous puissions dire, comme lui : « pour moi, vivre c’est le Christ ». Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

 

 

 

Navigation