6 décembre 2020 - 50 ans des scouts et guides d’Europe — Diocèse de Tulle

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6 décembre 2020 - 50 ans des scouts et guides d’Europe

2ème dimanche de l'Avent – année B - Eglise Saint-Sernin - Brive

Frères et sœurs,

Dans trois semaines, nous fêterons la naissance du Sauveur. Il y a un peu plus de 2000 ans, Dieu est venu en notre chair en son Fils unique Jésus Christ. Il reviendra à la fin des temps pour récapituler toute l'histoire humaine et e sera le Jugement dernier. Mais en attendant, comme les générations qui nous ont précédés et celles qui nous suivrons, nous sommes situés entre ces deux avènements du Seigneur. Dans notre pèlerinage sur cette terre, nous essayons d'accueillir le Christ et de répondre à son appel par notre manière de vivre.

On peut se demander quelle est la signification de l'accumulation des siècles qui séparent la mort, la Résurrection, l'Ascension du Christ et l'envoi de son Esprit à la Pentecôte de son retour glorieux. Pourquoi faut-il attendre des siècles pour que s'achève l'histoire humaine puisque dans le Mystère pascal du Christ le Salut a déjà été accompli une fois pour toutes ? Serait-ce que Dieu veut se faire désirer ? Veut-il que dans le cœur des hommes monte son attente comme une sorte de supplice s'étalant au cours des siècles ?

La deuxième lecture d'aujourd'hui – la seconde épître de saint Pierre – permet de répondre à ces questions. Tout d'abord, elle nous livre la signification du temps pour Dieu et pour nous. En ce qui nous concerne, nous comptons le temps en secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois, années et siècles qui s'additionnent les uns aux autres et constituent un temps chronologique qui dure et qui s'écoule, trop vite ou trop lentement selon la perception que nous en avons. Nous cheminons dans le temps que nous appréhendons comme passé, présent et futur. Mais pour Dieu, qu'en est-il ? Il n'en est pas comme pour les hommes. Saint Pierre, dans sa lettre, reprenant le psalmiste, exprime cette différence en disant que "pour Dieu, un seul jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour" (2 P 3, 8). C'est dire que pour Dieu, le temps est un éternel présent et le jour d'aujourd'hui n'est pas différent de la nuit de Bethléem, ni du jour du retour du Christ à la fin des temps. En Dieu, il n'y a pas de durée, de successions temporelles, de longueur du temps ; il y a un même événement et un même dessein qui se déploient dans un acte unique, perpétuellement en accomplissement.

Voilà pourquoi, frères et sœurs, quand nous disons que nous nous préparons à accueillir la venue du Christ en célébrant sa Nativité, il est bien évident que nous ne parlons pas selon notre conception du temps. En effet, nous savons bien qu'il est déjà venu et qu'il reviendra. Nous ne croyons pas qu'il va naître physiquement dans nos paroisses, dans la nuit du 24 au 25 décembre ! Et pourtant, si la nuit de Noël la liturgie nous fait dire "aujourd'hui nous est né un Sauveur", c'est parce que dans la logique de l'éternel présent de Dieu, la nuit de Noël de l’an 2020 est bien la même que la nuit de Bethléem. C'est le même don que Dieu fait de lui-même en son Fils unique ; c'est la même lumière qui illumine les ténèbres du monde. La liturgie a le pouvoir d'actualiser un événement unique de l'histoire ; mais elle ne pourrait pas le faire si Dieu n'était pas éternel, si pour lui tout n'était pas un unique et éternel présent.

Cela nous permet de comprendre le sens du temps qui s'écoule entre la première venue du Christ et son retour glorieux à la fin des temps. Dieu ne nous a pas oublié ; saint Pierre nous le rappelle : "Le Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse comme le pensent certaines personnes". Non, Dieu n'est pas en retard, mais c'est "pour vous qu'il patiente", explique saint Pierre : "car il n'accepte pas d'en laisser quelques-uns se perdre". Voilà la clef que nous donne la Parole de Dieu pour bien comprendre le sens du temps que nous vivons. C'est un temps de grâce, une durée, pour ainsi dire 'supplémentaire', qui nous est accordée pour que nous puissions nous convertir et nous ouvrir au don de Dieu, au don de son Salut en Jésus Christ. "Dieu veut que tous aient le temps de se convertir", nous explique l'Apôtre Pierre. Le temps que nous vivons ici-bas est celui de la conversion, du cheminement, de la purification, de la réforme de vie. C'est une chance ou plutôt une grâce et, par conséquent, un temps d'Espérance et non pas de fatalité ou de malheur, même s'il comporte son poids de difficultés et d'épreuves.

Pour nous convertir et accueillir le don du salut, nous avons besoin de temps, nous avons besoin de la durée, alors que Dieu, lui, n'en a pas besoin puisqu'il est éternel. Le temps, la durée du temps nous est donnée pour que nous préparions le chemin du Seigneur à travers le désert de l'histoire et de notre histoire personnelle, pour aplanir la route, abaisser les montagnes et combler les ravins. Le but, comme l'indique saint Pierre, c'est de tout faire "pour que le Christ nous trouve nets et irréprochables, dans la paix". C'est donc dans ce temps chaotique du monde et de nos vies personnelles que se construisent peu à peu "le ciel nouveau et la terre nouvelle où résidera la justice". Le tout est que nous laissions l'Esprit du Christ agir en nos vies pour que le monde nouveau, le Royaume de Dieu, poursuive sa croissance dans chacune de nos âmes et donc aussi au cœur de l’histoire humaine.

Chers amis, guides et scouts, je vous encourage à profiter de ce temps de l’Avent pour vous demander : « quel acte concret je vais poser qui sera le signe pour moi et pour le Seigneur que je veux aplanir les montagnes et les collines de ma vie pour ne pas faire obstacle à l’accueil de la Bonne Nouvelle du Salut ? ». Il me semble que les plus grands parmi vous pourraient offrir leur service à des associations qui oeuvrent pour la charité et la solidarité : le Secours catholique, la conférence saint-Vincent de Paul, mais aussi des associations non confessionnelles comme les restos du cœur par exemple. Prendre une demi-journée le week-end pour ce service, ce serait un grand signe que votre foi, ce n’est pas que des mots. Et, en ce temps où semble-t-il les gens sont déprimés, et en particulier les jeunes, je vous donne le conseil suivant : si vous ne voulez pas être déprimés, ne vous regardez pas le nombril, regardez les pauvres autour de vous et mettez-vous à leur service d’une manière ou d’une autre ! Et vous verrez, celui qui engage sa vie au service des autres n’est pas déprimé.

Puisse le Seigneur renforcer notre Espérance pour que nous avancions sans abuser de sa patience. Que la Vierge Marie, dont nous célèbrerons mardi l’Immaculée Conception, soit notre étoile pour avancer dans ce temps de l’Avent ! Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

 

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