9 février 2020 - Célébration de la Confirmation — Diocèse de Tulle

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9 février 2020 - Célébration de la Confirmation

5ème dimanche du Temps ordinaire – année A - Eglise de Beynat

Frères et sœurs, chers confirmands,

Dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus nous adresse des paroles fortes pour notre vie de disciples, à sa suite, et notre vie de témoins, d’apôtres, de missionnaires.

Deux expressions dans la bouche de Jésus : « vous êtes le sel de la terre », « vous êtes la lumière du monde ». Ces paroles concernent chaque baptisé/confirmé dans sa vie personnelle et, en même temps et inséparablement, elles concernent l’Eglise. D’ailleurs Jésus s’adresse au groupe des disciples, pas uniquement à un seul d’entre eux.

Vous avez sans doute remarqué que Jésus ne parle pas au futur mais au présent : « Vous êtes ». Il n’indique pas non plus un devoir à réaliser, mais il affirme quelque chose qui est un état de fait : « vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde ». Jésus nous dit ce que nous sommes. C’est important d’entendre cela.

A partir de là, vous pouvez vous demander, vous qui allez être confirmés, mais aussi nous tous : en quoi suis-je, en quoi sommes-nous, en Eglise, sel de la terre et lumière du monde ? C’est vrai que si vous dites à quelqu’un : « je suis la lumière du monde », il va vous dire peut-être : « calme-toi, petit prétentieux »… et il aura raison. Et pourtant, c’est bien ce que dit Jésus à notre sujet. Pourquoi peut-il dire cela de nous et pourquoi nous, nous ne pouvons pas le dire de nous-mêmes ? Tout simplement parce que ce n’est pas de nous-mêmes que nous sommes sel et lumière, mais nous le sommes grâce à l’Esprit du Christ qui habite en nos cœurs. C’est l’Esprit de notre baptême et de notre confirmation qui nous rend capables d’être sel et lumière. Il n’y a que Jésus qui puisse être véritablement, par lui-même, sel de la terre et lumière du monde. Et c’est ce qu’il dit, ailleurs, dans l’évangile : « je suis la lumière du monde ». Aucun d’entre nous ne peut dire cela. Mais parce que Dieu nous donne son Esprit, nous pouvons être sel de la terre et lumière du monde. Nous pouvons être des reflets de la lumière du Christ, comme la lune est éclairée par la lumière du soleil.

Les premiers chrétiens, pour exprimer la réalité du baptême, parlaient de l’Illumination, du sacrement de l’Illumination. Le baptisé est un illuminé, parce qu’il a reçu la lumière du Christ. C’est pour cela qu’on remet au baptisé (ou bien, si c’est un bébé, on remet à ses parents) un cierge allumé au Cierge pascal qui représente le Christ ressuscité. Ca veut dire : tu es lumière, parce que le Christ t’a illuminé ! C’est un don que nous avons reçu ; nous n’y sommes pour rien. C’est un cadeau. Mais, attention ! Vous savez bien qu’une lumière, elle peut s’éteindre ou bien, comme le dit Jésus, elle peut être mise sous un boisseau. Et alors, elle n’éclaire plus.

Quand Jésus nous dit « vous êtes le sel de la terre », « vous êtes la lumière du monde », c’est comme s’il nous disait : devenez ce que vous êtes ! La vie chrétienne, c’est de devenir, jour après jour, ce que nous sommes, de porter à son accomplissement la grâce qui nous a été donnée au baptême et à la confirmation. Ce n’est jamais fini ! C’est un chemin, c’est un combat, c’est une conversion.

D’ailleurs, Jésus nous prévient : le sel peut s’affadir et alors il ne remplit plus sa fonction, il ne sale plus, il ne donne plus de saveur aux aliments. Et le sel ne peut pas se saler lui-même. Si la vie chrétienne s’affadit – c’est-à-dire si nous ne sommes plus vraiment ce que le baptême et la confirmation nous ont donné d’être – alors nous ne pouvons plus remplir la mission qui nous a été confiée.

Aujourd’hui, cinq d’entre nous vont être confirmés. Ils vont être marqués du sceau de l’Esprit-Saint pour être capables d’être sel de la terre et lumière du monde, pour être témoins de Jésus-Christ, Lumière du monde, pour être des reflets de la Source lumineuse qui est Jésus lui-même, pour être des missionnaires de l’Evangile dans le monde. Sans les dons du Saint Esprit, le sel est menacé de s’affadir, la lumière est menacée d’être sous le boisseau.

Mais il y a autre chose encore de très important. Non seulement nous ne pouvons rien faire sans l’Esprit-Saint, mais nous ne pouvons pas non plus être des disciples du Christ et des missionnaires du Christ, sans l’Eglise, en dehors de l’Eglise et, encore moins, contre l’Eglise. L’Eglise est notre famille, elle est même notre Mère. Le baptême nous a fait membres du Corps du Christ, du Peuple de Dieu, c’est-à-dire de l’Eglise. C’est donc en Eglise que nous sommes sel de la terre et lumière du monde. Aujourd’hui, un esprit laïciste désormais répandu dans la société (qui n’est pas du tout ce qu’est la juste laïcité) voudrait tout faire pour que la vie du croyant soit quelque chose d’entièrement personnel ou plutôt de totalement privé. C’est déjà une stupidité sur le plan anthropologique, mais c’est surtout quelque chose qui s’oppose à la nature de la vie chrétienne qui est une vie en Eglise, et donc aussi une vie publique. L’une d’entre vous m’a dit dans sa lettre qu’au collège on lui avait demandé d’ôter sa petite croix et sa médaille qu’elle avait au bout d’une chaîne autour du cou. Cela s’appelle une brimade !

Je vous pose une question : qu’est-ce que l’Eglise et où est l’Eglise ? Ne vous fiez pas à ce qu’en dise les media : la télévision, les journaux. Pour eux, l’Eglise n’est qu’une institution parmi d’autres et, aujourd’hui, il est de bon ton de critiquer toutes les institutions, même si on veut recourir à elles quand il y a des problèmes. Où est l’Eglise ? Les Pères de l’Eglise – St Ignace, St Cyprien, St Irénée et bien d’autres – aimaient employer des aphorismes qui répondent à cette question : Ubi Christus, ibi Ecclesia (où est le Christ, là est l’Eglise ; Ubi Petrus, ibi Ecclesia (où est Pierre, là est l’Eglise) ; Ubi episcopus, ibi Ecclesia (où est l’Evêque, là est l’Eglise). Vous qui avez été confirmés, rappelez-vous de cela : ne vous coupez jamais de l’Evêque, car vous vous couperiez de l’Eglise ; ne vous coupez jamais de l’Eglise, car vous vous couperiez du Christ. C’est ce que Ste Jeanne d’Arc avait répondu à ses juges : « le Christ et l’Eglise, c’est tout un ! ».

La confirmation fait de vous des envoyés du Christ pour être en Eglise ses témoins, ses missionnaires. C’est une grâce et c’est une responsabilité. C’est un don et c’est un engagement. Bien sûr, vous êtes très jeunes, vous n’êtes pas encore des adultes et l’Eglise n’attend pas de vous un engagement comme un adulte peut le prendre. Vous serez témoins de Jésus, à votre manière, avec votre âge. A votre âge, on n’est pas saint Pierre Dumoulin Borie qui partait pour être missionnaire au Tonkin. Mais à votre âge, il se posait sûrement la question de la manière dont il allait servir le Christ et l’Eglise ; déjà il pensait sûrement à être prêtre. Et tout cela a mûri progressivement en son cœur, au fur et à mesure qu’il grandissait. Moi-même, quand j’étais encore enfant – je ne m’en rappelle pas très bien, mais des gens me l’ont rapporté bien plus tard –, je disais que je voulais être missionnaire… Probablement parce que j’avais entendu parler de prêtres de chez nous qui étaient partis en Afrique, en Asie, en Amérique latine, et même chez les Esquimaux…

Etre témoin de Jésus, cela passe par de petits gestes concrets de notre vie quotidienne et qui varient selon notre âge, notre condition, nos possibilités et aussi selon notre courage. Dans la première lecture, le prophète Isaïe exhorte le peuple à partager le pain avec ceux qui ont faim, à accueillir chez soi les pauvres sans abri, à donner des vêtements à ceux qui n’en ont pas. Jésus lui-même a dit : « des pauvres vous en aurez toujours parmi vous ». Et c’est vrai. Etre témoin de Jésus, ce n’est pas seulement témoigner par la parole, mais aussi par des gestes concrets envers notre prochain. Il faut le faire personnellement et il faut aussi le faire en communauté. Les communautés chrétiennes donnent un puissant témoignage aux yeux du monde, lorsqu’elles organisent la charité, qu’elles s’occupent des pauvres, des migrants, des personnes malades, infirmes ou handicapées, des prisonniers, etc. Pour vous, chers confirmands, cela peut être tout simplement de faire attention à certains de vos camarades qui se retrouvent seuls, parfois mis à l’écart. C’est cela être témoin du Ressuscité, c’est cela être fidèle à l’Esprit de votre baptême et de votre confirmation.

 

Frères et sœurs, que le sacrement de la Confirmation que reçoivent aujourd’hui ces cinq jeunes soit pour nous tous l’occasion de renouveler notre esprit missionnaire, notre capacité à être de vrais témoins du Ressuscité, avec courage, avec foi et espérance, avec charité, dans un monde qui en manque tellement.

 

+ Francis BESTION

Evêque de Tulle

 

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