8 septembre 2020 - Fête de la Nativité de la Sainte Vierge — Diocèse de Tulle

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8 septembre 2020 - Fête de la Nativité de la Sainte Vierge

Saint-Cyr-La-Roche

Frères et sœurs,

Tout au long de l’année, l’Eglise célèbre dans la joie les nombreux saints du calendrier liturgique, en faisant mémoire du jour anniversaire de leur mort, qui, en vérité, est celui de leur naissance au Ciel – dies natalis. Il y a cependant trois personnes qui jouissent d’un privilège particulier – Jésus lui-même, la bienheureuse Vierge Marie qui l’a porté dans son sein, et Jean, son Précurseur, qui l’a baptisé dans les eaux du Jourdain. L’Eglise, depuis l’antiquité, célèbre leur naissance sur la terre, comme si, à travers cet événement, c’était le ciel lui-même qui s’était incliné vers la terre et penché sur elle. Ces trois naissances constituent des évènements très distincts et pourtant ils sont intimement liés, car la naissance de la Vierge Marie, ainsi que celle de Jean-Baptiste préparent la venue du Christ, Messie promis depuis les temps anciens. L’Eglise célèbre la nativité de Marie et celle de Jean-Baptiste – même si c’est à un degré différent – parce que leurs vies respectives sont profondément unies à celle du Christ et au service de sa mission de Rédempteur des Hommes.

Ces trois naissances terrestres constituent un signe harmonieux, marqué par l’humilité, qui nous révèle en profondeur le dessein de Dieu : Dieu, par pur amour, se fait proche de l’humanité, en la personne du Verbe incarné, pour la sauver.

Aujourd’hui, bien sûr, notre attention et notre dévotion, se portent vers la Vierge Marie, parce que selon l’expression de Saint Jean de Damas, le mystère de ce jour est celui où « à partir de la nature terrestre, un ciel a été formé sur la terre » et que c’est, en quelque sorte, « le commencement du salut pour le monde ». En rigueur de termes, c’est à la maternité divine de Marie que tient le commencement du salut, mais on peut dire aussi, avec les mots que nous donne la liturgie, que la naissance de l’Immaculée a fait « lever sur le monde l’espérance et l’aurore du salut ». Parce que, « par elle, nous est venu le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu » ! Et les Eglises d’Orient chantent pareillement que « ce jour est le prélude de la joie universelle », parce qu’en ce jour « se sont mis à souffler les vents annonciateurs du salut » (liturgie byzantine).

L’évangéliste saint Matthieu, en retraçant la généalogie de Jésus, souligne comment, d’Abraham jusqu’à Joseph, l’époux de Marie – de laquelle fut engendré Jésus – la longue histoire, plus ou moins chaotique des générations humaines se succédant, préparait l’événement absolument unique de la naissance du Sauveur inaugurant une humanité nouvelle. Toute l’histoire de l’Ancien Testament monte vers le Messie, et pourtant, elle n’y parvient pas humainement ; il y a une sorte de « hiatus » de Joseph à Jésus : le mot de la génération humaine répété – engendra… engendra…. engendra… » s’arrête avec Joseph qui n’est donné que comme « l’époux de Marie ». Et, de plus, Marie n’est pas présentée comme celle qui enfante Jésus, mais celle « de qui il est enfanté », parce que conçu de l’Esprit-Saint.

 

Fêter la nativité de la Sainte Vierge c’est méditer sur le mystère de l’humilité : l’humilité de Dieu et l’humilité de Marie. Dieu s’est fait chair, Dieu s’est fait tout petit, en acceptant que son Verbe éternel s’incarne dans le sein d’une créature humaine, d’une jeune fille de Nazareth. Elle n’était pas de haute naissance, elle n’était pas venue au monde dans un palais. Et même si, dès sa conception, elle a été préservée de la souillure du péché originel, elle n’a pas été exemptée de la foi et des épreuves que rencontre la foi. C’est dans la foi qu’elle a prononcé son « oui » de l’annonciation et tous les autres « oui », jusqu’à celui d’entrer dans le mystère de la souffrance au pied de la croix.

C’est en Jésus que nous contemplons l’humilité de Dieu, lui qui s’est humilié, devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. Mais, parce que Marie a accueilli humblement le dessein de Dieu, sans y faire obstacle d’aucune manière, se trouvant ainsi associée au mystère de la Rédemption, c’est aussi en elle que nous contemplons le mystère de l’humilité et que nous y voyons le seul moyen véritable d’accueillir le don du salut.

Les gens humbles sont souvent traités avec mépris parce que ceux qui se croient forts les considèrent comme des faibles, des incapables. Mais Dieu, lui, « élève les humbles et renverse les puissants de leur trône ».

Comment avancer, frères et sœurs, dans cette voie de l’humilité ? Nous avons besoin d’être pris par la main et d’être guidés par Celle qui a parcouru elle-même ce chemin, en suivant son Fils, sans jamais dévier de cette voie. Marie est restée l’humble servante du Seigneur tout au long de son pèlerinage de la foi, de l’espérance et de la charité, sur cette terre.

Ce qui est vrai de la Mère de Dieu doit l’être aussi de l’Eglise dont elle est l’image et le modèle et de chacun de ses membres, de chaque baptisé, quel que soit son état de vie, quelle que soit sa place et sa fonction dans l’Eglise. Ne craignons pas de regarder en face nos imperfections, nos difficultés, nos épreuves, car elles peuvent devenir des moyens de purification pour retrouver au plus profond de notre cœur la grâce initiale du baptême et de dépasser nos besoins de reconnaissance, d’auto-promotion. A la lumière de l’Evangile, en contemplant l’humilité de la Vierge Marie, nous pouvons regarder nos faiblesses, nos ambiguïtés, nos déceptions, en laissant le Seigneur purifier nos vies.

Nous savons bien qu’il ne suffit pas d’être, de penser et de faire comme tout le monde. Le projet et le but de notre vie vont bien au-delà. Nous avons besoin de Dieu, de ce Dieu qui nous a montré son visage et nous a ouvert son cœur : Jésus-Christ. Lui seul peut nous révéler Dieu ; Lui seul nous révèle également qui nous sommes, d’où nous venons et vers où nous allons. Lui seul, parce qu’il est vrai Dieu et vrai homme, est le Pont, qui met vraiment Dieu et l’homme en contact direct. Grâce au Christ, nous sommes capables de connaître la vérité, parce qu’il est Lui-même la vérité. La foi chrétienne, de ce fait, s’oppose à cette mentalité moderne qui considère l’homme incapable de vérité. Si pour l’homme, il n’existe pas de vérité, alors celui-ci devient incapable de distinguer entre le bien et le mal. Même des grandes connaissances de la science peuvent alors devenir ambiguës : elles peuvent ouvrir des perspectives pour le bien, mais également – et nous le voyons – devenir une menace pour l’homme et le monde. En raison de notre histoire, de l’histoire de l’Europe, il se peut que certains aient peur que la foi dans la vérité ne conduise à l’intolérance. Mais si cette peur, qui a en effet ses bonnes raisons, vient à nous assaillir, c’est vers Jésus qu’il nous faut tourner nos regards. ET Marie, nous montre toujours son fils, elle nous montre Jésus. Nous le voyons ici comme un enfant dans les bras de sa mère et nous le voyons aussi comme le crucifié. Et là, nous saisissons que la vérité se démontre elle-même dans l’amour ; elle ne vient pas de nous, de même que l’amour ne peut pas être produit, mais seulement se recevoir et se transmettre comme un don.

Aujourd’hui, nous supplions Marie : « montre-nous Jésus ! ». Et Marie, nous répond en nous le présentant tout d’abord comme un enfant. Dieu s’est fait petit, humble, pour nous. Il vient dans l’impuissance de son amour, mais qui constitue sa force. Il nous demande de devenir aussi nous-mêmes petits et humbles pour apprendre vraiment à être des enfants devant Dieu. Il nous demande d’avoir confiance en lui et d’apprendre ainsi à vivre dans la vérité et dans l’amour. Aujourd’hui, dans notre société, beaucoup veulent tout par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Et c’est peut-être pour cela que nous n’avons plus confiance en l’avenir. Mais, là où se trouve Dieu, là se trouve l’avenir.

« Montre-nous Jésus ! ». Frères et sœurs, avec cette requête, nous sommes venus ici en pèlerinage, et nous repartirons avec elle, pour qu’elle nous accompagne dans notre vie quotidienne. Avec Marie, nous pouvons trouver le vrai chemin, le suivre pas à pas, remplis de la joyeuse certitude qu’il nous conduit à la lumière, à la joie de l’Amour éternel. Amen.

 

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