19 janvier 2020 - avec les participants du forum Wahou — Diocèse de Tulle

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19 janvier 2020 - avec les participants du forum Wahou

2ème dimanche Temps ordinaire / A - Collégiale Saint-Martin de Brive

​ Frères et sœurs, nous venons d’entendre les paroles du prophète Isaïe nous adressant de la part de Dieu un message d'espérance, qui nous rejoint en cette période de vœux : nous avons du prix aux yeux du Seigneur, c'est Lui qui est notre force. Cette parole nous dit que nous pouvons être sûrs de l'amour de Dieu. Il nous est acquis, et rien ni personne ne peut nous en séparer. Et pourtant, quand le prophète Isaïe écrit ces mots, tout semble prouver le contraire. Le pays d'Israël se trouve dans une situation catastrophique. La ville de Jérusalem est anéantie ; ses habitants sont déportés en terre étrangère. Ils ne sont plus reconnus ni respectés dans leur dignité ni leur foi. Loin de chez eux, ils ne savent pas si un jour ils reviendront. `

​ C'est dans cette situation douloureuse que le prophète adresse à Israël son message d'espérance. Il annonce aux rescapés qu'ils ont du prix aux yeux de Dieu. Ils vivent dans un monde qui se moque d'eux, qui tourne leur foi en dérision. Mais rien ne doit les décourager : Dieu n'a jamais cessé de les aimer. Le prophète qui parle ainsi n'est pas mieux loti que les autres. Mais dans cette situation désespérée, il continue sa mission en prêchant la charité de Dieu pour ses enfants dans l’épreuve. Il doit affronter l'ironie et l'incrédulité des gens, mais rien ne peut l'empêcher de s'appuyer sur le Seigneur qui est sa force.

Ce message du prophète, nous n’avons pas du mal à discerner comment il concerne le monde d’aujourd’hui, les populations devant s’enfuir de leur pays en guerre, les chrétiens devant s’exiler à cause de la persécution. Et, même chez nous, dans un pays démocratique où la devise de la République prône la liberté, l’égalité et la fraternité, il peut parfois exister une forme de persécution « en gants blancs », comme l’a nommé le Pape François en parlant des sociétés occidentales.

​ L'évangile de ce dimanche vient appuyer la parole d’espérance du prophète Isaïe : l’évangéliste saint Jean rapporte le témoignage d'un autre prophète, le dernier de l'Ancien Testament. Dans un monde de plus en plus en crise, Jean Baptiste rend témoignage à la Lumière. Il nous présente Jésus comme l'Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. Quand nous proclamons notre foi, nous ne disons pas "Je crois au péché" mais "Je crois à la rémission des péchés." Comme pour les Juifs du temps d'Isaïe, comme pour ceux qui viennent recevoir le baptême de Jean, une espérance est toujours possible pour chacun d’entre nous, lorsque notre conscience nous reproche nos péchés. Dieu est plus grand que notre cœur ! Le pardon nous est toujours offert. Jésus prend sur lui tous nos péchés et tous ceux du monde pour nous en libérer. Il est toujours là pour nous ouvrir un chemin d’espérance.

 

​ Frères et sœurs, cette bonne nouvelle nous engage à changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Personne n'a le droit de dire : "Je ne vaux rien". Et surtout, nous ne devons pas le dire des autres et, à plus forte raison, nous ne devons pas le dire à qui que ce soit. Porter de tels jugements, c'est se détruire et détruire les autres. Chaque être humain a du prix aux yeux de Dieu, depuis le moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle. Notre créateur nous considère, les uns et les autres, comme son bien le plus précieux. C'est pour le salut de tous que le Christ a donné sa vie sur la croix. Si nous prenons vraiment conscience de la grandeur infinie de cet amour, nous ne pourrons plus supporter ce qui l'offense.

Et voilà pourquoi l’Eglise interroge la société et ses dirigeants sur les graves dérives des lois sur la bio-éthique en cours de discussion dans les Assemblées parlementaires. « Tout est lié », comme le répète souvent le pape François. Avec le dérèglement climatique, beaucoup de gens maintenant prennent conscience qu’il est impossible de rester dans le monde ancien où les techniques imposent leur pouvoir dévastateur. Il faut que se dessine un autre progrès, édifié grâce à la sobriété heureuse et au partage solidaire. Mais à quoi bon essayer de sauver la planète si les mêmes pouvoirs techniques qui l’ont gravement abîmée sont en train aussi d’abîmer l’homme lui-même : conception de plus en plus « gestionnaire » des soins où le « patient » n’est plus qu’un « client », technicisation de la médecine, marchandisation du corps humain, expérimentations sur l’embryon, modification génétique de l’embryon humain, sélection des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation et installation progressive d’un eugénisme libéral. Elle est longue la liste des dérives qui menacent gravement l’homme.

La Parole de Dieu, ce dimanche, voudrait aussi nous inviter à rejoindre tous ceux et celles que la vie malmène durement, ceux et celles qui sont frappés par l'injustice, par la pauvreté, par l’exil, ceux qui sont persécutés, ceux et celles qui ont perdu ou oublié leur dignité humaine. Ils sont nombreux ceux qui ont du mal à croire qu'ils intéressent quelqu'un. Comme Isaïe, comme saint Paul et saint Jean Baptiste, nous sommes envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ et être témoins de l'espérance qui nous anime. Cela commence par la qualité de notre attention aux personnes. Si nous montrons à quelqu'un que sa parole est importante pour nous, nous pourrons lui dire qu'elle est aussi importante pour Dieu. Et nous l'aiderons à retrouver sa dignité.

Tout cela rejoint aussi l’initiative du forum Wahou qui se déroule hier et aujourd’hui, ici à Brive, qui consiste, à partir de l’enseignement de saint Jean-Paul II, à réfléchir sur l’amour humain, la sexualité, l’affectivité, selon le plan de Dieu sur l’humanité. L’homme et la femme ont été créés à l’image de Dieu, comme à sa ressemblance ; et par conséquent, quelle que soit notre état de vie – marié, célibataire, consacré – nous portons au plus profond de nous-mêmes le désir d’aimer et d’être aimé, nous aspirons à vivre, avec tout notre être – corps, âme et esprit –, la beauté du don de soi, comme cadeau commun à toutes les vocations. Parce que chaque personne a du prix aux yeux de Dieu, elle est un don de Dieu pour les autres – même si elle n’est pas toujours un cadeau ! – et c’est un appel bien sûr pour chacun et chacune à chercher toujours plus à correspondre le mieux possible, avec nos limites, nos joies mais aussi nos souffrances et nos épreuves, à mieux correspondre au dessein d’amour de Dieu pour l’humanité.

 

​ En ce dimanche, nous nous tournons vers le Seigneur et nous lui demandons de nous envoyer son Esprit Saint pour nous guider sur ce chemin de la conversion. Afin que, comme Jean Baptiste, nous osions rendre ce témoignage autour de nous : « Oui, nous avons vu, et nous rendons ce témoignage : c'est Jésus, le Fils de Dieu, pour qui j’ai du prix et qui est mon Sauveur !

 

+ Francis BESTION

 

 

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