8 mars 2020 - Messe avec la Communauté corrézienne de Paris — Diocèse de Tulle

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8 mars 2020 - Messe avec la Communauté corrézienne de Paris

2ème dimanche de Carême – Année A - Chapelle des Oblates de l’Assomption

« Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Evangile ».

Frères et sœurs, cette exhortation que l’Apôtre Paul adresse à son disciple Timothée, nous la prenons aussi pour nous, dans notre marche de Carême, et plus largement pour notre pèlerinage de la foi ici-bas. Timothée, pour avoir accompagné Paul dans ses voyages missionnaires, comprenait très bien ce que voulait dire l’Apôtre, car il n’ignorait pas les épreuves que celui-ci avait subies, les tribulations et les nombreux dangers qu’il avait affrontés, les persécutions dont il avait souffert. Comme Paul, il pouvait s’identifier au Christ souffrant sur la Croix, parce qu’il savait que le Fils de Dieu, en souffrant la Passion, en mourant sur la croix, avait porté toutes les souffrances des hommes, tous leurs péchés et que ce sacrifice n’avait pas été vain puisque Dieu son Père l’avait ressuscité, faisant ainsi resplendir la vie et l’immortalité.

Il n’en allait pas de même pour les Douze apôtres qui suivaient Jésus dans sa montée vers Jérusalem et qui ne comprenaient pas les paroles du Maître lorsqu’il leur disait qu’il devait beaucoup souffrir, être rejeté par les chefs du peuple, être tué et ensuite ressusciter. Ces paroles restaient déconcertantes pour eux, comme restait mystérieuse cette autre injonction : « celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Et c’est dans ce climat d’incompréhension, de protestation même (pensons à la réaction de Pierre !) que se produit un événement absolument unique : la transfiguration de Jésus sur la montagne, en présence de Pierre, Jacques et Jean : le visage de Jésus devient resplendissant comme le soleil et ses vêtements deviennent blancs comme la lumière. Il est entouré des deux grands hommes de l’histoire sainte à qui Dieu avait manifesté sa gloire sur la montagne du Sinaï. Une nuée lumineuse les couvre de son ombre et une voix se fait entendre : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! ». L’Evangéliste nous dit que les trois apôtres « tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur ». Mais Jésus s’approche, les touche et leur dit ; « Relevez-vous, n’ayez pas peur ! ». C’est aussi ce qu’il leur redira d’une voix nouvelle après sa résurrection.

Frères et sœurs, nous entendons cet Evangile dans notre marche de carême vers la célébration du mystère pascal. A ceux qui allaient être les témoins de l’agonie de Jésus, l’événement de la Transfiguration voulait indiquer le vrai terme de la mission de Jésus. La passion et la mort ne seraient pas les derniers mots de sa vie. Le terme en serait la résurrection, la gloire divine. Eh bien, au cours de notre marche vers Pâques, cet Evangile nous annonce que nous sommes nous aussi destinés à être transfigurés, à ressusciter avec le Christ pour la vie éternelle. Cet Evangile nous dit aussi que nous sommes appelés à nous laisser transfigurer dès maintenant. Jésus désire associer à sa transfiguration notre vie la plus simple et la plus quotidienne. Jésus veut mettre la lumière de sa gloire dans les choses les plus ordinaires, et même et surtout dans les épreuves et les souffrances que nous connaissons.

Le carême est ce temps privilégié où nous pouvons nous laisser davantage transfigurer avec Jésus. Nous le faisons par la prière, ce contact intime avec Dieu qui met peu à peu en nos cœurs sa lumière. Ce n’est pas étonnant que les grands priants portent jusque sur leur visage l’éclat d’une transfiguration.

La Parole du Christ est aussi le chemin de la transfiguration de notre vie. Il en fut ainsi pour Abraham qui eut foi en la Parole divine lui promettant une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel, alors que sa femme Sara était stérile et que tous deux étaient âgés. La voix du Père sur la montagne de la transfiguration nous demande la même foi en la Parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Jésus nous dit tout ce que nous avons à savoir sur Dieu, sur nous-mêmes, sur notre vie, sur notre destinée. En méditant la parole de Dieu, en la répétant, en nous laissant transformer par elle, nous recevons en nous peu à peu la beauté et la gloire du Christ.

Les pénitences du Carême, c’est-à-dire les actes concrets de la conversion, n’ont d’autre but, elles aussi, que celui de nous transfigurer. Il y a des gens qui jeûnent en vue d’un bien être physique et psychique ; d’autres simplement pour perdre du poids. Le jeûne chrétien du carême, lui, en faisant éprouver physiquement la faim, nous conduit à élever notre esprit et notre âme – « l’homme ne vit pas seulement de pain » -, et ainsi à nous libérer de nos égoïsmes, pour partager avec les plus pauvres, mais aussi, pour nous attacher aux choses qui ne passent pas, en vue de notre transfiguration définitive.

Enfin, Jésus met en nous sa propre transfiguration par les sacrements qu’il a donné à son Eglise, tout particulièrement par l’Eucharistie. Le pain et le vin de l’eucharistie sont comme transfigurés par l’Esprit-Saint, afin qu’en les recevant nous recevions en nous le Christ ressuscité, afin qu’ils transfigurent notre vie humaine la plus opaque et la plus lourde. La célébration de l’eucharistie est cette montagne sur laquelle Jésus glorifié met en nous, jusque dans notre corps, le germe de la résurrection. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a en lui la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour ». L’eucharistie est au milieu de nous la présence du Seigneur transfiguré.

 

Frères et sœurs, avançons avec Jésus, montons avec lui vers Pâques ! Qu’en communiant aux mystères de sa gloire, il nous donne déjà, en cette vie, d’avoir part aux biens de son Royaume ! Amen.

 

+ Francis BESTION

 

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