29 novembre 2020 - 1er dimanche de l’Avent – B — Diocèse de Tulle

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29 novembre 2020 - 1er dimanche de l’Avent – B

Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs,

Avec ce premier dimanche de l’Avent, nous entrons dans cette période de quatre semaines par laquelle commence une nouvelle année liturgique et qui nous prépare immédiatement à la fête de la Nativité du Sauveur. Cependant, le message spirituel de l’Avent est plus large, puisqu’il nous projette déjà vers le retour glorieux du Seigneur, à la fin de l’histoire.

Les chrétiens ont emprunté le mot « Avent » au langage du monde romain, qui parlait de l’Adventus, pour indiquer la visite d’un roi ou d’un empereur dans les provinces. Pour les premiers chrétiens, le Christ était le vrai Roi qui, étant entré dans cette Province dénommée « monde », nous a fait le don extraordinaire de sa visite et qui, après sa résurrection et son ascension, n’a pas voulu nous abandonner, mais rester avec nous, dans une nouvelle forme de présence. Et cette présence mystérieuse mais bien réelle, nous la percevons sous plusieurs modes, mais d’une manière absolument unique dans l’Assemblée liturgique, dans l’Assemblée eucharistique. Et voilà pourquoi le culte privé, la prière personnelle ou en famille, tout-à-fait recommandés, ne pourront jamais se substituer au culte public, à l’assemblée eucharistique dominicale. Et le fait que ceux qui nous gouvernent ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre ces choses-là, à cause de leur ignorance de notre foi ou à cause de leur idéologie, ne signifie pas que nous devrions y renoncer ou nous accommoder facilement de mesures restrictives à cette liberté fondamentale de nous rassembler pour célébrer l’eucharistie, source et sommet de notre vie chrétienne.

En célébrant l’eucharistie, nous proclamons en effet que le Christ ne s’est pas retiré du monde et qu’il ne nous a pas laissés seuls et orphelins. Et même si nous ne pouvons pas le voir ou le toucher, comme c’est le cas avec les réalités matérielles et sensibles, il est pourtant réellement avec nous et parmi nous, il est en nous, car il peut communiquer sa vie à tout croyant qui lui ouvre la porte de son cœur.

Frères et sœurs, l’Avent signifie donc trois réalités à la fois :

- faire mémoire de la première venue du Seigneur dans la chair, et donc nous préparer spirituellement à la célébration de cet Avènement du Sauveur – ce que nous appelons Noël.

- Deuxième réalité de l’Avent : penser déjà au retour du Christ à la fin de l’histoire et aiguiser, en quelque sorte, notre désir de ce retour du Christ pour hâter sa venue. Nous manifestons ce désir à chaque messe, dans la proclamation d’anamnèse : « Gloire à toi qui était mort, gloire à toi qui est vivant, notre Sauveur et notre Dieu, viens Seigneur Jésus ! ».

- Enfin, 3ème réalité de l’Avent : nous reconnaissons que le Christ présent parmi nous devient notre compagnon de voyage dans la vie de l’Eglise, aujourd’hui – l’Eglise qui en célèbre le mystère à chaque eucharistie.

On pourrait résumer ces trois réalités inséparables que l’Avent nous donne de méditer, par une formule très simple : il est venu, il vient et il viendra.

Frères et sœurs, la conscience de tout cela, nourrie dans l’écoute et la méditation de la Parole de Dieu, doit nous aider aussi à voir le monde avec un regard différent, pour ainsi dire, renouvelé. Il s’agit d’interpréter les différents évènements de notre vie, de la vie du monde, de l’histoire, comme des paroles que Dieu nous adresse, comme des signes de son amour qui nous assure de sa proximité dans chaque situation de nos existences, non seulement les situations heureuses, mais aussi les difficultés, les épreuves, les souffrances. Et l’attention à ces signes devrait en même temps nous préparer à l’accueillir lui-même lorsqu’il « reviendra dans sa gloire, pour juger les vivants et les morts, par un règne qui n’aura pas de fin », comme nous le proclamons dans le Credo. Voilà pourquoi, dans cette perspective, le temps de l’Avent devient pour les chrétiens, quelle que soit leur situation à un moment de l’histoire, un temps d’attente, de joyeuse espérance, un temps privilégié d’écoute et de méditation, à condition bien sûr de se laisser guider par la liturgie qui nous invite à aller à la rencontre du Seigneur, lui qui est venu, qui vient et qui viendra.

« Viens, Seigneur Jésus ! » : cette invocation ardente de la première communauté chrétienne – ce sont les derniers mots du dernier livre de la Bible, le livre de l’Apocalypse – doit devenir notre aspiration constante, l’aspiration de l’Eglise de tous les temps, qui désire la rencontre avec son Seigneur et qui s’y prépare. « Viens, Seigneur ! » : telle est la prière que nous laissons monter de nos cœurs en ces quatre semaines de l’Avent. Nous l’avons chanté dans le Psaume responsorial, il y a quelques instants : « Seigneur, fait resplendir ton visage, et nous serons sauvés ».

Dans la première lecture, le prophète Isaïe proclamait que le visage de notre Sauveur est celui d’un père tendre et miséricordieux, qui prend soin de nous, car nous sommes l’œuvre de ses mains. Notre Dieu est un Père disposé à pardonner les pécheurs qui reviennent vers lui de cœur et d’âme. Les hommes s’étaient éloignés de Lui, à cause du péché, mais lui a décidé de venir à leur rencontre, à notre rencontre, en envoyant son Fils unique comme notre Rédempteur.

L’appel pressant de Jésus, dans l’Evangile de ce jour, appel à la vigilance, résume bien l’attitude qui doit être celle de chaque baptisé et de toute l’Eglise, en ce temps de l’Avent. Il s’agit de rester éveillés et de veiller, pour ne pas risquer de passer à côté de son Adventus, de sa visite – celle de la mémoire de sa première venue, celle de sa présence toujours actuelle et celle de son second avènement à la fin de l’histoire.

Veiller n’est pas synonyme d’attente passive et encore moins de résignation, mais, au contraire, cela consiste à nous rendre davantage attentifs aux besoins de ceux qui nous entourent et d’intensifier notre charité envers eux. Le modèle de cette attitude d’éveil et de veille, c’est la Vierge de Nazareth, Marie de l’Annonciation et de la Visitation. Qu’elle nous accompagne pour vivre la joyeuse espérance de l’Avent et pour avancer avec courage sur les chemins de la justice et de la paix, à la rencontre du Seigneur. Amen.

 

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