10 janvier 2020 - Fête du Baptême du Seigneur — Diocèse de Tulle

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10 janvier 2020 - Fête du Baptême du Seigneur

Célébration de la Confirmation à Objat et Donzenac

Aujourd'hui, avec la fête du baptême du Seigneur, la liturgie prolonge et développe le cycle des manifestations de Jésus, commencé par la célébration de la Nativité et poursuivi par celle de l'Epiphanie que nous avons fêté dimanche dernier. D'une certaine façon, c'est la même réalité qui est développée, à savoir l'irruption de Dieu lui-même dans notre monde, dans l'humanité. A la crèche de Bethléem, un enfant nouveau-né couché dans une mangeoire est donné comme signe aux bergers qui doivent reconnaître en lui le Messie de Dieu ; à l'Epiphanie, une étoile guide des mages venus du lointain Orient, pour que soit ouverte aux païens les portes de la foi. Aujourd'hui, pour le baptême du Christ, les cieux s'ouvrent et la voix du Père se fait entendre : "Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie".

Frères et sœurs, à travers ces différents évènements, nous sommes appelés à méditer sur un des aspects les plus extraordinaires de notre foi : le Dieu en qui nous croyons, le Dieu unique, le Dieu invisible, inconnaissable pour une part, le Dieu qui est le Tout-Autre, le Dieu que la tradition juive interdit de représenter pour qu'on ne le réduise pas à une idole, voilà que ce Dieu vient vivre l'existence humaine, vient prendre chair de notre chair. Par le passé, comme nous le rapporte l'Ancien Testament, il a envoyé des messagers, des prophètes pour parler aux hommes. Mais, à l'accomplissement des temps, voilà qu'il vient lui-même en nous envoyant son Fils unique. Avoir la foi, poser l'acte de foi chrétienne, c'est reconnaître dans cet enfant de la crèche ou dans cet homme qui descend dans les eaux du Jourdain pour recevoir le baptême de Jean, c'est reconnaître Dieu lui-même qui vient au plus près de nous. On ne peut pas imaginer qu'il se fasse plus proche qu'en partageant le chemin des pécheurs, sans entrer pour autant dans leur péché. Cet homme, qui est vraiment comme nous, cet homme est Dieu. Il est Dieu lui-même venu sur la terre et c'est pourquoi, alors même qu'il est mêlé à la foule des pécheurs qui viennent recevoir un baptême de conversion, les cieux s'ouvrent et la voix du Père se fait entendre : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé".

Notre acte de foi, c'est de reconnaître l'invisible de Dieu dans la personne visible de Jésus de Nazareth. Et cela nous entraîne aussi à avoir un regard différent sur notre manière de vivre. Nous sommes aussi invités à un regard de foi sur les hommes et les femmes que nous rencontrons chaque jour, pour ne pas nous en tenir seulement à ce qui est visible, aux qualités ou aux défauts, aux attraits ou aux répulsions, aux péchés… Le regard de foi apprend à déceler dans le visible la présence d'un invisible.

Aujourd'hui, je vais donner le sacrement de la confirmation à plusieurs jeunes. Ce sacrement va parachever en eux ce que le baptême avait déjà commencé ; ils vont recevoir en plénitude l'Esprit-saint, ce même Esprit descendu sur Jésus au Jourdain pour qu’il soit consacré afin de porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Chers confirmands, au jour de votre baptême, le prêtre avait appelé sur vous la Parole du Père : "Celui-ci est mon fils bien-aimé". En étant baptisés, vous n'étiez plus seulement des créatures de ce monde, mais vous receviez par l'effet du sacrement qui marquait votre corps, votre esprit et votre âme, vous receviez en vous la marque de Dieu présent, vivant et agissant. Ce n'était pas simplement une sorte de ticket d'entrée dans l'Eglise, mais un changement profond qui touchait toute votre personne, votre liberté, votre volonté, vos capacités d'aimer, de réaliser quelque chose en ce monde. Aujourd'hui, la confirmation va aussi marquer votre être en profondeur grâce à l'Esprit Saint qui va descendre sur vous comme il descendit sur Jésus dans le Jourdain. Avec Jésus, le jour de votre baptême, vous êtes sortis de l'eau pour une vie nouvelle qui est une vie habitée par la présence de Dieu. Aujourd'hui, par le sacrement de la confirmation, c'est la force de l'Esprit qui vous est donnée pour une vie de témoin de la présence de Dieu, d'acteur de la présence de Dieu en ce monde.

Les évangiles nous montrent que le baptême de Jésus est le point de départ de sa mission publique de Christ, de Messie, d’Envoyé. De la même manière, notre baptême et notre confirmation sont le point de départ de notre mission en ce monde ; et cette mission consiste à manifester que Dieu vient avec puissance, qu'il conduit son troupeau comme un berger, que son bras rassemble ses agneaux, qu'il les porte sur son cœur. Par le baptême, Dieu nous a fait renaître et ainsi nous possédons l'Espérance de la vie éternelle. Et c'est de cette Espérance que nous devons être témoins au milieu du monde ; l'Esprit reçu à la confirmation nous en donne la capacité, le courage, la force. Comme le dit la première lettre de Saint Jean, « celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la Vérité ». Sans lui, nous ne pourrions rien faire. C’est lui, l’Esprit du Père et du Fils, qui vous confirme aujourd’hui et qui fait de vous des témoins du Christ. Ne disons jamais que nous ne sommes pas capables de témoigner de Jésus et de son Evangile, car ce n’est pas nous qui témoignons, c’est l’Esprit qui témoigne en nous et à travers nous. Cela ne signifie pas que nous devrions rester passifs, mais tout simplement que nous ne sommes pas les auteurs du témoignage. A travers nos pauvres personnes, c’est l’Esprit qui témoigne. C’est la force des chrétiens, c’est la force de ceux et celles qui confessent le Nom de Jésus, de ceux et celles qui donnent leur vie pour le Christ, parfois jusqu’au don du sang, jusqu’au martyre. Le mot « martyre » signifie « témoignage ».

Il est bien évident que pour que l’Esprit-Saint témoigne en nous et à travers nous, cela suppose que nous puisions sans cesse aux sources du Salut. C’est ce que dit le prophète Isaïe, dans la première lecture : « Cherchez le Seigneur, invoquez-le tant qu’il est proche ». Il prend l’image de la pluie et de la neige qui descendent des cieux et qui n’y retournent pas sans avoir abreuvé et fécondé la terre, sans avoir fait germer la semence jetée en terre par le semeur. C’est une image pour signifier que la Parole de Dieu, si nous l’accueillons en nos cœurs, a la capacité de changer nos cœurs et de rendre notre vie féconde, porteuse d’Evangile pour le monde. Et c’est là, de plus, la source profonde de notre joie : « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du Salut ! ». Ce n’est pas le monde qui peut nous procurer la joie. La source de la joie est en Dieu et elle nous est communiquée par l’Esprit-Saint. C’est une source intarissable ! Les petites joies de la vie sont éphémères, la joie de l’Esprit-Saint, elle, peut combler les cœurs, car elle ne dépend pas des circonstances extérieures, des aléas de l’existence, ni de notre tempérament, optimiste ou pessimiste.

 

Frères et sœurs, aujourd’hui, c’est l’installation officielle de l’abbé Révérien qui va rejoindre la fraternité des prêtres d’Objat, comme curé in solidum. Il nous arrive du diocèse de Bururi, au Burundi.

Je profite de cette occasion pour reprendre avec vous les Orientations pastorales diocésaines, en ce qui concerne les fraternités presbytérales et les Communautés Locales.

Lorsqu’avec le Conseil presbytéral, qui est un conseil de gouvernement pour l’évêque, nous avons travaillé en vue des Orientations pastorales, il est apparu très clairement que nous ne pouvions plus, avec le nombre de prêtres disponibles maintenant et dans les années qui viennent, tenir le modèle jusque-là en vigueur où on répartissait les prêtres, tant bien que mal, sur l’ensemble du territoire diocésain. On n’y arrivait plus. A cela s’ajoutait le fait que laisser un prêtre seul – et parfois un prêtre venant de l’étranger – n’était plus possible dans la situation actuelle, n’était pas souhaitable pour des raisons d’équilibre humain et spirituel. Et c’est ainsi que nous avons mis en place les fraternités de prêtres, à Ussel, Tulle, Objat et Brive. Sans habiter nécessairement sous le même toit, 3 ou 4 prêtres se rassemblent pour un repas journalier, pour un temps de prière, pour une réunion hebdomadaire et, selon la charte qu’ils élaborent eux-mêmes, pour d’autres activités ou temps fraternels. C’est moins qu’une vie communautaire (religieux), mais c’est plus qu’une vie d’équipe ! C’est une vie fraternelle où les uns et les autres se soutiennent humainement, spirituellement et pastoralement.

Ces fraternités sont constituées de prêtres en activité qui sont nommés curés in solidum, c’est-à-dire qui portent collégialement, solidairement, la charge pastorale des paroisses des diverses Communautés locales. L’un d’entre eux est modérateur de cette charge pastorale. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’il coordonne l’activité pastorale des curés in solidum, qu’il veille à l’unité, à la communion de la fraternité presbytérale. Il est curé au même titre que les autres, mais il assure le service de la communion, de la coordination. Ici, c’est le Père Louis Brossollet qui assure cette charge et je le remercie car c’est quelque chose qui s’ajoute à tout le reste et qui demande beaucoup de sagesse, de prudence et de patience.

La charge de curé consiste à conduire les Communautés locales ; chacun des curés in solidum a en charge le suivi d’une ou deux Communautés locales. Il n’est pas seul pour conduire ces communautés ; il y a dans chaque communauté une Equipe d’Animation pastorale. C’est ainsi que j’ai confié à l’abbé Révérien la charge d’accompagner plus particulièrement la communauté locale de Vigeois/uzerche. Il n’en est pas le curé exclusif puisque tous les curés portent solidairement la charge curiale, mais il est celui qui veillera davantage sur cette Communauté et qui réunira régulièrement l’Equipe d’Animation pastorale pour penser l’animation et la mission dans cette Communauté.

Je remercie l’abbé Révérien d’être venu jusqu’à nous depuis le lointain Burundi ; je remercie son évêque, Mgr Salvator NICITERETSE de l’avoir orienté vers cette nouvelle mission, pour 3 ans, renouvelable une fois. Comme je vous le disais, au début de la messe, il entreprendra dès l’an prochain des études de droit canonique à l’Institut catholique de Toulouse, et y consacrera la moitié de son temps.

 

Frères et sœurs, la fête du baptême du Seigneur nous rappelle qu'en Jésus nous sommes les fils et les filles bien-aimés du Père. Pour nous aussi le ciel s'est ouvert. Puisse notre vie de disciples-missionnaires, dans notre monde tourmenté, plutôt morose en ce moment, être toujours un témoignage de la fraternité de Jésus pour tous les hommes, de son amour indéfectible, de la paix du Christ avec tous et pour tous. Amen.

 

+ Francis Bestion

Evêque de Tulle

 

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