1er mars 2020 - Appel décisif des Catéchumènes — Diocèse de Tulle

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1er mars 2020 - Appel décisif des Catéchumènes

1er dimanche de Carême – Année A - Cathédrale de Tulle

Frères et sœurs,

C’est dans le désert que Jésus commence sa longue montée vers Jérusalem où il sera mis à mort et où il ressuscitera. Et nous aussi, nous commençons dans le désert du temps de Carême notre montée vers la célébration de Pâques.

L’évangéliste a pris soin de noter que c’est l’Esprit-Saint qui a conduit Jésus au désert. C’est le lieu de la solitude, du silence et de la prière. Jésus vit le printemps de sa mission dans l’intimité avec Dieu son Père. Et il découvre, dans le cœur-à-cœur avec son Père, que sa mission sera un combat contre les forces du mal. Après avoir jeûné quarante jours, il éprouve la faim. Et c’est à ce moment-là que survient l’épreuve de la tentation. Par trois fois, Satan essaye de le détourner de sa mission, de lui faire prendre un autre chemin que celui voulu par son Père. Il lui propose le chemin d’un messianisme terrestre : messianisme de la prospérité matérielle, messianisme des signes éclatants dans le ciel, messianisme du pouvoir politique sur le monde. Ce sont, plus ou moins, ces mêmes tentations qui reviendront tout au long de son ministère public, et en dernier lieu durant l’agonie et sur la croix. Mais Jésus ne se laisse pas vaincre par Satan. Il reste fidèle à la mission que le Père lui confie. Il reste le Fils plein de confiance au Père. Alors le démon vaincu le quitte.

Chers catéchumènes, en ce premier dimanche de Carême, vous êtes venus pour entendre l’appel décisif de l’évêque et entreprendre, avec la Communauté des fidèles du Christ, l’ultime étape – celle des 40 jours du Carême – pour vous préparer, dans la conversion du cœur, à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne dans la nuit de Pâques. Avant que vous ne professiez la foi de l’Eglise, avant que l’eau du baptême ne coule sur vos fronts, une question vous sera posée, durant cette nuit : « pour suivre Jésus, le Christ, rejetez-vous Satan, qui est l’auteur du péché ? ». L’Eglise ne croit pas en Satan ; elle croit en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit ; mais elle sait que le diable existe, qu’il est le Tentateur et le père du mensonge. Elle sait que les disciples de Jésus, qui ne sont pas plus grands que leur Maître, seront aussi soumis à l’épreuve de la tentation et qu’ils devront combattre pour vaincre avec le Christ, dans la force de l’Esprit. Lorsqu’on regarde l’histoire humaine, depuis son commencement, depuis le péché de nos premiers parents, qui ont été séduits par le serpent, image du démon, on voit bien qu’elle est marquée par toutes sortes de monstruosités – et notre temps n’y échappe pas – et c’est à juste titre que nous les qualifions parfois de « diaboliques ». En affirmant l’action de Satan, la Parole de Dieu nous révèle que l’homme est la victime autant que la cause du péché et des monstruosités engendrées par le péché.

L’évangile des tentations, proclamé chaque année le 1er dimanche de Carême, nous montre que le démon n’est pas une création d’esprits fragiles ou un personnage de roman noir. Aucune description n’est donnée de lui. Il n’est pas dit que Jésus le voit. Ce qu’on apprend à son sujet, c’est qu’il ne dit pas son nom, qu’il mime le bien, en promettant la liberté, le bonheur, la réussite, la puissance, en prenant le voile de l’humilité et même de la courtoisie, de telle sorte qu’en le suivant on croit suivre Dieu. Son action prend rarement des formes extraordinaires. Elle consiste surtout à susciter l’orgueil, la suffisance, le mépris, à nourrir le goût de l’argent, à semer le doute et la division dans les cœurs, à attiser les compromissions, les mensonges, les calomnies, les haines, à faire croire que le bien est mal et que le mal est bien. Ce n’est pas dans le bruit et les manifestations qui font courir les foules en mal de sensations fortes qu’il faut chercher Satan, mais dans ce qui contredit Jésus et son Evangile, dans ce qui sème la méfiance en Dieu, dans ce ce qui amène à remplacer Dieu par les idoles de toutes sortes.

Pour vaincre Satan, Jésus s’en est remis totalement à Dieu son Père et à sa Parole. Il nous a ainsi montré le chemin pour rester fidèles à la foi de notre baptême, pour combattre le mal et le péché, pour avancer dans la vie en enfants de lumière. L’Evangile de ce premier dimanche de Carême est une Bonne Nouvelle pour vivre ce temps de pénitence et nous préparer à Pâques ; il est une lumière pour tous les jours de notre vie. Il nous révèle que Jésus désire habiter tous nos déserts, qu’il y est déjà présent, même si nous n’y prêtons pas toujours attention. Nous ne sommes pas seuls dans le désert où nous marchons sans boussole. Jésus nous y rejoint, pour nous libérer des puissances du mal, pour nous réconcilier avec les autres et avec notre environnement, pour nous réconcilier aussi avec nous-mêmes. Jésus est présent dans nos déserts pour dire que le temps du salut est là, que le Règne de Dieu est là, sous le visage humain du Christ. L’appel à la conversion entendu mercredi dernier  - « convertissez-vous et croyez à l’évangile » - nous tourne d’emblée vers Celui qui veut faire de nos déserts une demeure habitée par lui – lui qui nous a dit : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Je me tourne à nouveau vers vous, amis catéchumènes. Dans les lettres que vous m’avez écrites, J'ai noté que, quasiment tous, vous aviez une certaine connaissance de Dieu, de la foi, depuis longtemps ; ou plutôt il y a en vous depuis plus ou moins longtemps un certain capital moral, religieux, spirituel. Et pourtant cela n'a pas suffi à vous faire trouver un apaisement du cœur. Pourquoi ? Parce que la foi, ce n'est pas simplement d'adhérer à des pensées généreuses, des valeurs, à des sentiments très honorables, à une sorte d'idéologie de la générosité. Non, ce n'est pas cela. La foi, c'est la rencontre d'une personne et la remise de sa vie à cette personne. Cela veut dire que pour que vous puissiez être apaisés dans votre quête, il fallait qu'elle aboutisse à un acte sacramentel de l’Eglise. On n'est pas chrétien par intention, par de bons sentiments… ; on est chrétien parce qu'on adhère personnellement à la personne de Jésus Christ et à son Evangile. Et cette adhésion, elle s'exprimera dans l'acte sacramentel du baptême, dans celui de la confirmation, et dans celui de la communion eucharistique, pendant la sainte nuit de Pâque.

Depuis votre entrée en catéchuménat vous avancez volontairement vers le Christ. Dans quelques instants, vous avancerez pour que je vous appelle. Je vous appellerai, un par un, par votre nom, pour que vous suiviez le chemin du Christ. En me répondant "me voici", vous faites un choix, le choix de ne plus être des spectateurs, même bienveillants, mais des acteurs. Vous allez entrer dans l’Eglise, dans notre famille, dans notre maison, et vous allez connaître ce qui fait le cœur de cette famille. Vous allez devenir chrétiens. Vous entrez dans un peuple, un peuple nombreux ; pas une petite association, pas un club d'amis, et encore moins une secte. Et moi qui ai la charge de la portion de ce peuple de Dieu qui est en Corrèze, je vous appelle pour que vous puissiez y entrer. Je vais vous faire entrer dans l'Eglise en vous appelant. C'est une grande responsabilité pour moi et pour vous. Je le fais en me fiant au témoignage de ceux et celles qui vous ont accompagnés. Je le fais parce que c'est le Christ qui me dit de le faire. A travers moi c'est lui qui vous appelle aujourd'hui, pour que vous puissiez voir ce qu'Il montre et entendre ce qu'Il dit, et le suivre sur son chemin, non pas de manière individualiste, mais avec la Communauté de l’Eglise et très concrètement dans la Communauté locale du lieu où vous résidez.

Voilà pourquoi, avec vous, je suis plein de reconnaissance pour ce que Dieu a commencé en vous et ce qu’il conduira à son accomplissement. Amen.

 

+ Francis BESTION

 

 

 

 

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