15 août 2020 - Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie — Diocèse de Tulle

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15 août 2020 - Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

Collégiale Saint-Martin de Brive - Clôture de l’Année de l’Appel

Frères et sœurs,

Au cœur du mois d’août, nous sommes heureux, comme chaque année, de célébrer la solennité de la Bienheureuse Vierge Marie, sans doute la plus ancienne fête mariale, même si le dogme de l’Assomption n’est venu qu’au vingtième siècle. L’occasion nous est donnée aujourd’hui de nous élever vers des hauteurs spirituelles où l’âme respire « l’air pur de la vie surnaturelle » et où elle peut « contempler la beauté la plus authentique, celle de la sainteté » (Benoît XVI). Aujourd’hui, nous nous réjouissons avec Marie, car elle règne avec le Christ, dans la gloire du Christ, pour toujours. L’événement extraordinaire de l’Assomption de la Vierge Marie est destiné à combler d’Espérance et de bonheur le cœur de tout être humain. La Vierge Marie, en son Assomption, est, en effet, le grand signe dont parle le livre de l’Apocalypse ; elle représente les prémisses de l’humanité nouvelle parce qu’elle est la créature en qui le mystère pascal du Christ a déjà eu ses pleins effets : rachetée de la mort, elle a été élevée, corps et âme, dans le royaume de la vie immortelle. Marie est ainsi devenue pour nous un grand signe d’Espérance et une source de consolation.

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous levons les yeux vers le Ciel, qui n’est pas le ciel des idées, ni même le ciel imaginé par les artistes ou les poètes, mais le ciel de la vraie réalité, qui est Dieu lui-même. Oui, Dieu est le Ciel, car c’est lui notre véritable destination et notre demeure éternelle. Nous venons de Dieu et nous retournons vers Dieu. Nous sommes en chemin vers ce bonheur éternel, que nous appelons le Ciel, et qui, en réalité, n’est rien d’autre que Dieu lui-même. C’est, au fond, le dynamisme pascal de l’homme, qui aspire, même s’il ne le sait pas toujours, à la joie céleste. Ce dynamisme pascal concerne aussi tout être et le cosmos tout entier : en Christ, tout sera récapitulé à la fin des temps.

Chers amis, cet itinéraire pascal de la vie chrétienne, dont le but est la vie en Dieu pour l’éternité, nous n’ignorons pas, cependant – comment le pourrions-nous en nous regardant nous-même et en regardant le monde –, nous n’ignorions pas qu’il passe par la Croix. J’évoquais à l’instant le signe de la Femme, dans le livre de l’Apocalypse, « ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles » ; mais il y a aussi l’ « autre signe », celui du « grand Dragon rouge », très puissant, du pouvoir de l’égoïsme absolu, de la terreur, de la violence. Au moment où saint Jean écrivait l’Apocalypse, ce pouvoir terrible était pour lui la représentation du pouvoir des empereurs romains anti-chrétiens, de Néron à Domitien, un pouvoir qui apparaissait comme illimité, pouvoir politique et militaire, face auquel la petite Eglise primitive apparaissait comme une femme sans défense, sans chance de survie, et encore moins de victoire. Et pourtant, nous savons que la femme sans défense, méprisée, humiliée, persécutée a fini par vaincre ; et ce n’est pas la haine qui l’a emporté, mais l’amour de Dieu ; l’empire romain a fini par s’ouvrir à la foi chrétienne.

Les paroles de la Sainte Ecriture transcendent toujours les moments particuliers de l’histoire. C’est ainsi que ce dragon est le signe de tous les pouvoirs dictatoriaux matérialistes et anti-chrétiens de tous les temps. Et, puisque nous commémorons aujourd’hui l’anniversaire de la libération de Brive, le 15 août 1944, comment ne pas évoquer la barbarie de la dictature nazi qui fit sombrer le monde dans la pire des guerres qu’ait connue l’humanité et qui entraîna des millions de victimes. Aujourd’hui, avec reconnaissance, nous nous souvenons de ceux qui ont résisté à cette barbarie - le Serviteur de Dieu Edmond Michelet fut l’un des premiers – et de ceux qui ont œuvré pour la libération de Brive. Mais il n’y eut pas que la barbarie nazie ; il y eut aussi la barbarie du stalinisme qui causa des millions de victimes en Union soviétique. Il semblait impossible, là encore, que la foi puisse survivre à ces dragons si forts, tellement ils avaient en haine l’Eglise. Et pourtant, ils furent vaincus.

Aujourd’hui encore le dragon existe, car d’autres idéologies terroristes, faussement religieuses, ensanglantent la terre, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique, mais aussi chez nous, même si ce n’est pas dans la même proportion. La persécution des chrétiens continue. En Occident, c’est l’idéologie matérialiste et hédoniste qui ne cesse d’étendre ses tentacules, finissant par faire renoncer au Bien commun des sociétés pour satisfaire les désirs personnels érigés en loi universelle. Chez nous, ce qu’on appelait « les lois bio-éthiques » qui faisaient encore l’honneur de notre pays, n’auront bientôt plus rien de « bio » et plus rien d’ « éthique ». On veut bien « sauver la planète », mais qui sauvera l’homme de lui-même et de ses errements lorsque l’oubli de Dieu devient la doxa commune ? Elle est toujours d’actualité la grande vision de saint Augustin dans son ouvrage La Cité de Dieu, dans lequel il dit que l’histoire du monde est une lutte entre deux amours : l’amour de Dieu jusqu’au don de soi et l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, jusqu’à la haine des autres.

Et cependant, aujourd’hui encore, nous voulons croire que Dieu est plus fort que le dragon et que l’amour peut toujours l’emporter et non pas l’égoïsme. La Vierge Marie dans la gloire de Dieu nous dit : courage, à la fin l’amour est vainqueur ! Ayez confiance, ayez le courage de continuer à répandre l’amour divin, l’amour fraternel, contre toutes les menaces du dragon ! Le signe de la Femme dans le Ciel qui représente aussi l’Eglise nous dit qu’elle est la présence et la garantie de l’amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l’égoïsme.

Aujourd’hui, nous clôturons officiellement l’Année de l’Appel inaugurée le 16 juin 2019, avec l’ordination sacerdotale de l’Abbé David Wosynski. Nous aurions dû faire cette clôture le 10 mai, avec un rassemblement diocésain, au terme d’une semaine missionnaire, mais l’épidémie nous a empêché de le faire. A la suite des Orientations pastorales diocésaines de 2016, cette Année de l’Appel visait à permettre que nos Communautés paroissiales deviennent davantage missionnaires et, pour ce faire, deviennent aussi plus appelantes. Il y a la vocation fondamentale qui est la vocation baptismale qui fait de chacun d’entre nous un témoin de la foi, un témoin du Christ. Et il y a les vocations particulières, spécifiques, celle des prêtres, des diacres et des consacrés, sans lesquelles l’Eglise ne peut exister. Cette année de l’Appel a vu monter vers le ciel la prière personnelle, en famille, en Communauté, en diocèse, pour que « le Maître de la moisson envoie des ouvriers à sa moisson », selon le commandement de Jésus à ses disciples. J’ai lu de très beaux témoignages sur la prière des familles avec les « valises » ou « sacs à dos » qui ont circulé dans les communautés paroissiales. Après la communion, nous rendrons grâce ensemble pour ces belles expressions de la foi en la divine Providence, qui, croyons-le profondément, porteront du fruit, d’une manière ou d’une autre, selon ce qu’il plaira au Seigneur.

L’Année de l’Appel s’achève, mais le Seigneur continue d’appeler et nous-mêmes nous continuerons de prier pour que se lèvent des Apôtres de l’Evangile pour notre Eglise diocésaine, pour l’Eglise en France et l’Eglise universelle. A la sortie de la messe, on vous distribuera une image de notre grand saint martyr Corrézien, Pierre Dumoulin-Borie, avec une prière pour nous aider à persévérer dans la prière au Maître de la moisson.

 

Frères et sœurs, en tournons encore nos regards vers Marie, élevée à la gloire du Ciel, laissons-nous conduire vers la joie céleste : Dieu est le grand vainqueur. La foi, apparemment faible, est la véritable force du monde ; et l’amour est plus fort que la haine et l’égoïsme. Sainte Marie, prie pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

 

+ Francis BESTION

 

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